R�gions : EL-TARF/BARRAGE DE BOUGOUS
Une gabegie et des complicit�s


C�est un vrai g�chis et une gabegie incommensurable que celle qui est en cours actuellement au niveau du projet de construction du barrage de Bougous dans la wilaya d�El-Tarf.
Un ouvrage qui devrait normalement �tre livr� fin 2009 mais qui, aujourd�hui, accuse un retard tel que la date pr�vue n�est plus � prendre en compte outre les surco�ts engendr�s, le montant initial allou� � cette op�ration � 1 milliard 900 millions de dinars et 31 millions de dollars � ne suffisant plus. Sur le site que nous avons visit�, une dizaine de kilom�tres du chef-lieu de wilaya d�El-Tarf, le chantier tourne � peine � 30%, pr�s d�une centaine d�ouvriers chinois s�affairent pour r�aliser le ferraillage et le coffrage de la tour de prise et d�une galerie qui commencent � prendre forme. Sur les pistes trac�es autour du futur barrage, bulldozers, pelles m�caniques et autres engins sont � l�arr�t, des dizaines de camions de gros tonnage sont stationn�s � la station de concassage situ�e en aval et qui, elle aussi, est � l�arr�t. Tout ce mat�riel et toute cette main-d��uvre qui p�riclitent et qui ch�ment depuis des mois sans qu�aucune autorit� s�inqui�te de cette situation ni des cons�quences qui peuvent en d�couler et des retomb�es tr�s n�gatives sur le d�veloppement de cette r�gion de l�arri�re-pays, qui, il faut le dire, en a bien besoin au vu des nombreux probl�mes dans lesquels elle se d�bat. Tr�s embarrass� par ce qui arrive, d�un ton empreint d�amertume et de d�solation M. Zou Xiaping, ing�nieur en chef de la Sino Hydro Corporation, l�entreprise charg�e de la r�alisation du barrage nous confie par l�entremise de son interpr�te M. Wang Qi Lelio : �Vous voyez tout ce mat�riel, tous ces ouvriers et cadres ? Eh bien plus de la moiti� ne travaille pas, toute cette �nergie est au repos ; on accuse l�entreprise d��tre la cause du retard accumul�, nous n�en sommes pas responsables parce que nous avons effectu� tous les travaux n�cessaires au d�marrage et depuis des mois, nous attendons les plans d�ex�cution que le bureau d��tudes fran�ais ne nous a pas encore remis. A ce jour nous ne les avons pas encore re�us. Le bureau d��tudes Coyne et Bellier (COB) fait tout pour retarder les travaux et nous ne savons pas dans quel but, peut-�tre qu�il n�en a pas les comp�tences en la mati�re ou alors il y a autre chose. Nous exhibant les correspondances adress�es � l�Agence nationale des barrages et transferts (ANBT) et au COB, il nous dit que leurs r�ponses ne sont pas convaincantes et sont sans aucune valeur dans la mesure o� les plans en question n�ont pas encore �t� �tablis. En effet, � la lecture de ces r�ponses, on est �difi�, il n�y a pas � proprement parler de r�ponse, ce sont surtout des remarques et des constats sur la conduite des travaux par Sino Hydro Corporation. Dans une correspondance r�pondant � une lettre adress�e par l�entreprise en vue de la remise des plans d�ex�cution de l��vacuateur des crues, d��paulement du barrage (rive droite) et de l��vacuation de la d�rivation provisoire, le responsable de l�ANBT soutient que l�absence de ces plans ne g�ne absolument pas l�entreprise puisque celle-ci n�avait pas encore � l��poque de mat�riel de production sur le site, argument qualifi� de sp�cieux par l�ing�nieur en chef qui soutient le contraire tout en affirmant que le responsable en question n�avait pas � faire de commentaires sur l��tat des mat�riels existants, il n�avait qu�� remettre les plans et le probl�me aurait �t� r�gl� une fois pour toutes. La r�ponse � une deuxi�me lettre traitant du m�me sujet a en quelque sorte envenim� les relations entre les deux parties et depuis, les accusations se sont multipli�es. En effet, dans cette deuxi�me lettre, il est clairement dit que �les demandes de fourniture de plans ont toujours �t� faites avec une tr�s grande fantaisie et avec une approximation effarante d�montrant ainsi le peu de ma�trise que vous l�entreprise (Sino Hydro Corporation NDLR) avez de ce chantier et des encha�nements d�op�rations � programmer�. Ceci pour conclure un argumentaire b�ti sur le fait que l�entreprise chinoise avait d�marr� en retard les travaux de b�tonnage de la galerie d�injection, de la d�rivation provisoire et de la tour de prise. Sur le terrain, nous avons pu constater que les travaux en question sont ex�cut�s mais que les plans ne sont toujours pas arriv�s. M. Xiaping nous dit que cela dure depuis 3 mois et qui sait peut-�tre que cela durera encore plus. Dans une autre correspondance, l�ANBT passe � la vitesse sup�rieure en qualifiant d�aberrantes les demandes de fourniture de plans d�ex�cution et d�amateurisme les m�thodes de travail adopt�es par les Chinois. Ce qui est vraiment aberrant c�est que le bureau d��tudes COB n�a pas respect� le contrat qui l�oblige � fournir � l�ANBT et � l�entreprise de r�alisation les premiers plans d�ex�cution au plus tard un mois apr�s la d�livrance de l�ordre de service (ODS). L�ODS date du 25 janvier 2005, les premiers plans ont �t� transmis le 19 juillet 2005 soit 5 mois plus tard. Les plans remis sont, selon la partie chinoise, ceux de l�excavation de l��vacuateur des crues et non ceux de la d�rivation provisoire et de la tour de prise qui ma�trisent principalement l�avancement des travaux. Sur le site, beaucoup de parties d�ouvrage n�ont pas de plan d�ex�cution alors qu�elles en remplissent les conditions. Les plans d�excavation des ouvragescl�s devaient normalement �tre fournis parmi les premiers plans d�ex�cution, en fait ils ne l�ont �t� que le 4 octobre 2005 soit 221 jours de retard ajout�s aux 221 autres au niveau de la d�rivation provisoire ainsi que les 276 concernant la tour de prise. Les plans de d�capage dans l�emprise du barrage et des routes sur le site n�ont pas �t� fournis par le COB et l�entreprise chinoise a d� les �tablir elle-m�me pour faire avancer les travaux. Lors de la derni�re visite de M. Sellal, ministre des Ressources en eau effectu�e le 6 du mois d�ao�t de l�ann�e en cours, on lui avait expliqu� que les retards sont dus au fait que la Sino Hydro Corporation est � l�origine du retard accumul�, le commis d l�Etat avait alors exig� un renforcement du chantier en mat�riels et en main-d��uvre. �Il ne s�agit pas d�un manque de mat�riel ou de moyens humains, affirme l�ing�nieur en chef, ce sont les plans qui manquent. On ne peut pas travailler sans plans qui manquent, on ne peut pas travailler sans plans dussions-nous ramener tous les moyens qui existent. Pour tirer cela au clair, nous demandons � ce qu�il y ait une enqu�te pour d�terminer les responsabilit�s des uns et des autres. Nous sommes pr�ts � fournir tous les documents n�cessaires qui prouvent que ces retards ne peuvent �tre imput�s � l�entreprise.� Dans cette affaire qui a �branl� l�ANBT et dont le responsable local, chef du projet � Bougous, a �t� d�mis de ses fonctions pour des raisons obscures, il reste bien des zones d�ombre qui doivent �tre �clair�es. La question qui se pose avec acuit� est que pourquoi le bureau d��tudes ne fournit pas les plans � temps ? Pourquoi transmet-il les �mauvais� plans ? Pourquoi l�ANBT ma�tre de l�ouvrage n�exige-t-elle pas ces plans de COB ? Pourquoi n�y a-t-il pas eu une proc�dure de rupture du contrat la liant � COB �tant donn� que celui-ci n�en pas respect� les termes ? L�enqu�te, s�il y en a une, d�m�lera peut-�tre cet embrouillamini digne d�un casse-t�te chinois. Entre-temps, les co�ts de r�alisation se multiplieront et le montant faramineux de 1 milliard 900 millions de dinars en plus des 31 millions de dollars ne suffiront plus, un surco�t que le contribuable alg�rien paiera comme d�habitude sans compter les cons�quences sur le d�veloppement de toute la r�gion qui normalement devrait profiter du barrage � l�horizon 2009. Quel g�chis ! M. Rahmani



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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/09/09/article.php?sid=42844&cid=4