Panorama : DECODAGES
L�argent du p�trole (II)
Par Abdelmadjid Bouzidi
abdelmadjidbouzidi@yahoo.fr


Le d�partement Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds mon�taire international a publi�, � la fin de l�ann�e 2005, un rapport fort int�ressant sur l�utilisation faite par les pays exportateurs de p�trole des exc�dents financiers procur�s par l�am�lioration des prix sur le march� p�trolier mondial.
Nous avions d�j� eu l�occasion de pr�senter dans une de nos chroniques intitul�e : �L�argent du p�trole� voir Le Soir d�Alg�rie du 7 juin 2006, quelles grandes affectations des recettes p�troli�res exc�dentaires faisaient les pays exportateurs ? Notre propos d�aujourd�hui compl�te l�analyse et confirme une des conclusions auxquelles nous sommes parvenus : l�Alg�rie ne pr�sente aucune originalit� dans ce domaine, h�las pour nos policy-makers , qui chaque jour, triomphalement, louaient leur grande imagination et leur perspicacit�. Et l�utilisation de l'argent du p�trole retenue par les pays exportateurs du Moyen-Orient et d�Asie Centrale ob�it � une seule logique : celle de l�orthodoxie financi�re � laquelle applaudit bien �videmment le FMI. Rappelons d�abord, � la suite de ce rapport du FMI, que le �choc p�trolier actuel� est d�une ampleur plus faible que ceux de 1973 et 1979. Il est vrai qu�en termes courants, les prix du baril actuels sont d�un niveau jamais �gal�, mais en termes r�els (c�est-�-dire en dollars constants 2003) ils se situent autour de 52 dollars le baril en 2005 contre 80 dollars le baril en 1980. De m�me, pr�cise le rapport, en termes de hausse des prix, en 1974 elle a �t� de 250%, en 1979-80 de 180% et en 2003-2005 de 113%. Enfin, en pourcentage du PIB et si on exclut l�effet augmentation des volumes export�s, �les recettes suppl�mentaires repr�sentent en moyenne 17,5% du PIB des pays exportateurs pour les ann�es 2003-2005 contre 30% en 1974 et 27% en 1980. Ainsi, il ne faut pas se fier aux cris alarmants des pays consommateurs : ils paient le baril aujourd�hui moins cher qu�il y a 30 et 20 ans ! En ce qui concerne l�affectation qui est faite par les pays exportateurs de p�trole de ces recettes exc�dentaires, la d�marche est la m�me partout.
1�/ D�abord, la plupart de ces pays ont am�lior� leur situation budg�taire, r�duisant consid�rablement les d�ficits et d�gageant m�me des exc�dents budg�taires.
2�/ Dans tous ces pays, les d�penses publiques ont augment� et singuli�rement les d�penses d�investissement (financ�es bien s�r par l�Etat) : infrastructures de base, logement, sant�. La plupart de ces pays ont aussi augment� les salaires.
3�/ Tous les pays exportateurs de p�trole (� l�exception de l�Arabie saoudite et des Emirats Arabes Unis) ont mis en place des �fonds de r�gulation des recettes�, r�serves financi�res destin�es � d��ventuelles op�rations de stabilisation en cas de retournement du march� p�trolier mondial.
Notez bien : tous ces pays ont �tabli leurs budgets sur la base de pr�visions de prix du p�trole prudentes (se situant bien en de�� des prix r�ellement per�us). Les gouvernements de ces pays ont ainsi �conomis� une grande partie des recettes tir�es des exportations p�troli�res. Le FMI r�v�le que 26% des recettes suppl�mentaires ont �t� utilis�s pour financer le d�ficit budg�taire hors p�trole, 45% pour constituer des avoirs financiers et 29% en vue de rembourser la dette publique. L�Alg�rie est bien dans ce sch�ma !
4�/ L�augmentation, � la fois des prix et des volumes de p�trole export�s, a permis le financement du plan de relance �conomique et la croissance �conomique des pays exportateurs de la zone Moyen- Orient-Asie centrale est pass�e d�une moyenne de 4,9% entre 1999 et 2002 � plus de 7% entre 2003 et 2005.
5�/ La position financi�re ext�rieure de ces pays s�est am�lior�e et leurs r�serves de change sont pass�es d�une moyenne de 8 mois de couverture des importations � 10 mois et demi entre 2003 et 2005.
6�/ La mise en �uvre de politiques budg�taires �prudentes� a permis une ma�trise de l�inflation. Ainsi, les pays exportateurs de p�trole de la zone Moyen-Orient - Asie centrale ont engrang� de substantiels exc�dents financiers gr�ce � un march� p�trolier mondial favorable. L�affectation de ces exc�dents financiers a suivi partout le m�me cheminement comme si elles avaient ob�i � des �conseils� similaires de la part des experts du FMI.
1�/ Elimination des d�ficits budg�taires.
2�/ R�duction de la dette publique interne et externe.
3�/ Constitution de r�serves financi�res (fonds de r�gulation des recettes et r�serves de change).
4�/ Financement de programmes de relance �conomique (infrastructures de base et logements). Le FMI applaudit bien �videmment � une telle d�marche, mais pr�cise-t-il, des pressions inflationnistes pourraient faire leur apparition. Les autorit�s de ces pays devraient donc contr�ler attentivement les effets d�une augmentation des d�penses et se tenir pr�tes � limiter leur politique de soutien de la demande si n�cessaire !� Voil� les rem�des du docteur FMI qui r�apparaissent : de la redistribution ! pourquoi pas mais � des doses hom�opathiques !! Le FMI ajoute : �Des revenus p�troliers �lev�s ne doivent pas emp�cher les gouvernements de r�former leurs �conomies. La mise en place de r�formes structurelles devrait accompagner l�augmentation des d�penses.� La suggestion est bonne en soi mais le FMI pr�cise la nature des r�formes qu�il recommande : �Lancer un mouvement de lib�ralisation, de privatisation et de d�r�gulation.� Et nous retrouvons le cat�chisme du FMI avec ses deux grands dogmes :
1 - Orthodoxie financi�re avec �limination du d�ficit budg�taire, r�duction de la dette publique, am�lioration de la solvabilit� financi�re.
2 - Lib�ralisation de l��conomie avec privatisation, d�r�gulation et ouverture. Inutile de pr�ciser que lorsque vous disposez d�exc�dents financiers il y a mieux � faire que d�appliquer la th�rapie FMI.
A. B.

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