Sports : FOOTBALL
RACHID BELHOUT (ENTRAINEUR DE L'ES SETIF) AU "SOIR"
�Il faut garder les pieds sur terre�


La venue des Aigles noirs de S�tif �tait tr�s attendue � Oran, d�une part, pour voir �voluer le leader et surtout �jauger� les capacit�s des As�mistes. Aussi, nous avons eu l�occasion de rencontrer des membres de la d�l�gation la veille du match et nous entretenir avec le coach Rachid Belhout qui a redonn� un nouveau visage � l�Entente.
Le Soir : Comment avez-vous atterri � l�ES S�tif ? 
Rachid Belhout (rires) :
Vous oubliez que je suis natif de la r�gion que j�ai quitt�e depuis voil� plus de cinquante ans en allant m�installer en famille en France. D�s mon jeune �ge, j�ai trim� pour aider ma famille, car dans les ann�es 1940, c��tait la mis�re pour les autochtones. En plus, je devais aller � l��cole apr�s avoir mang� de la galette que pr�parait ma maman. J�avais onze ans lorsque j�ai quitt� le bled et je suis revenu voil� deux ann�es pour retrouver une autre et belle Alg�rie. Je suis un fils de r�volutionnaire. Mon d�funt p�re a �t� tabass� lors de la triste journ�e du 8 Mai 1945. Musulman convaincu, mon grand-p�re �tait un marabout d�une zaouia. J�ai v�cu dans les pays de luxure et de boissons interdites (France et Belgique), mais je ne me suis jamais �acoquin� avec ces interdits de l�Islam. Mon retour fut b�n�fique puisque je fus contact� par le pr�sident du club, M. Serrar, qui m�a sollicit� la saison derni�re et je faisais des allers-retours entre l�Alg�rie et la Belgique pour r�gler des probl�mes avec le club qui m�employait depuis plusieurs ann�es d�j�. Je fus �galement footballeur dans mon jeune �ge, mais les �tudes dans un lyc�e professionnel me tenaient � c�ur puisque ayant eu des distinctions (tableau d�honneur) � chaque fin d�ann�e. Et le plus surprenant, c�est qu�� ma majorit� je fus recrut� en tant que professeur. Tout cela pour dire que le racisme ou l�exclusion n��taient pas de mise en Belgique. Aussi, je n�ai pas de regrets d��tre revenu dans mon pays alors que le club qui m�employait avait pour pr�sident d�honneur le vice-pr�sident de l�Union europ�enne de m�me que le vice-pr�sident de l�Assembl�e royale belge, ainsi que d�autres personnalit�s. J��tais bien re�u et respect� sans aucune allusion d�origine. J��tais fier de ma nationalit�. 
L.S : On dit que vous �tes s�v�re ? 
R.B :
Certes, je suis exigeant en mati�re de discipline et je n�aime pas les tricheurs. Un jour lors d�un match d�application, un joueur a quitt� le terrain pour se placer pr�s d�un poteau de coin pour accomplir� sa pri�re. En fin de rencontre, je lui ai fait la remarque suivante : �Tout musulman veut faire sa pri�re � l�appel du muezzin, mais pas en abandonnant le travail. As-tu oubli� que tu es pay� pour jouer et t�entra�ner ? Cette remarque me fut rappel�e par une anecdote v�cue en France lors d�un match amical o� une �star� a cru bon se porter malade. Le pr�sident du club �tait venu nous rendre visite et nous a remis les ch�ques (salaire et prime de matches) Au retour le �pseudomalade�, ayant eu vent de la remise des primes, sollicita le pr�sident qui lui remettra un ch�que repr�sentant ses primes. Quant � son salaire, il lui fut refus� car n�ayant pas pr�sent� de justificatif (certificat m�dical) et �tait donc consid�r� en� abandon de poste. 
L.S : Que pensez-vous du recrutement de coachs �trangers ? 
R.B :
Je n�y vois pas d�inconv�nient � condition qu�ils apportent un plus. Il est vrai que la mentalit� des joueurs alg�riens doit �tre comprise pour pouvoir passer le message. Ainsi, le professionnalisme doit �tre de mise et des r�gles bien �tablies entre les deux parties.
L.S : Et quels sont vos rapports avec la presse ? 
R.B :
Je suis un d�mocrate et j�accorde des interviews programm�es ou � chaud. Mais je n�aime pas lire mes d�clarations d�tourn�es et que mon travail soit mis � l�index. Je m�explique : en allant jouer contre le club soudanais d�El Merrikh, deux joueurs �taient rest�s � S�tif (bless�s donc non convoqu�s). Et je lis �pourquoi ne pas les avoir pris et ne pas les faire jouer�. Un autre discute, voire critique, mon syst�me de jeu alors qu�il n�est pas technicien et n�a jamais pratiqu� le football. Pourquoi donc �crire ces inepties qui font mal. Le mieux est de me contacter pour avoir plus d�explications. 
L.S : L�Entente est leader� 
R.B :
Nous r�alisons, certes, de bons r�sultats. Cela ne veut pas dire que nos adversaires �taient faibles (allusion faite � la JSK et l�ASMO), qui ne m�ritaient pas de perdre. C�est simple, nous avons eu des opportunit�s que nous avons transform�es, eux non. Nous disposons en notre buteur Bourahli une arme tranchante. L�exp�rience et l�intelligence de cet �l�ment font la diff�rence. Nous avons partag� les points avec la JSMB chez nous et il nous reste un match de retard face au CAB. Nous essayerons de garder le rythme et ne pas pavoiser car nous ne sommes qu�� la 7e journ�e. En football, tout peut arriver et les autres clubs peuvent se rebiffer. Toujours est-il que nous gardons les pieds sur terre. 
L.S : Et le retour face � El Merrikh ? 
R.B :
Tout d�abord, j�ouvre une parenth�se concernant les infrastructures. Ce jeudi, nous nous sommes entra�n�s sur la moiti� d�un terrain recouvert d�un tartan (ancien mod�le) situ� au complexe des Castors d�Oran. Puis, nous avons jou� sur la pelouse en gazon naturel de Zabana qui est en mauvais �tat et peut causer des blessures, notamment des entorses. Or, le stade o� nous avons disput� le match contre le club soudanais dispose de son club house. Elle nous a fait p�lir d�envie de par son bon entretien. On se croyait en Europe. Et pourtant la ville est d�pourvue de� trottoirs. La diff�rence est flagrante. Enfin qu�attendent nos responsables pour offrir un tant soit peu d�int�r�t pour ces sportifs dits de �haut niveau� pour que l�on puisse revenir aux ann�es 1980 o� le football �Made in Algeria� �tait tr�s pris�. Pour ce qui est de la seconde manche contre El Merrikh, nous allons bien nous pr�parer en gardant un bon moral avec ces r�sultats positifs enregistr�s en championnat. Nous ferons tout pour nous qualifier car nous avons les moyens pour l�assurer. 
Propos recueillis par C. Khalil

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable