Il l�avoue sans d�tour ! Il exterminerait sans piti� deux esp�ces : les mouches, les moustiques. Il ne les supporte plus. Le jour, les mouches l�agacent. La nuit, les moustiques le tourmentent. Leurs piq�res lui provoquent des cloques qui s�enflamment, le d�mangent, le r�veillent. Il lui arrive d�oublier la pastille antimoustiques ou qu�elle ne tienne pas jusqu�au matin. Parfois, il souffre des mouches et des moustiques au point d�envisager de partir, de quitter le pays. Pas de changer de quartier ou de ville mais carr�ment de changer de pays.
Comme tous les �tres humains, il croit spontan�ment que les autres vivent les m�mes situations que lui, ressentent ce qu�il ressent et pensent � sa fa�on. Dans sa t�te, l�Alg�rie est un pays de moustiques et de mouches et la seule fa�on de s�en d�barrasser reste de partir. Et le matin, apr�s s��tre gratt� jusqu�au sang une bonne partie de la nuit, il se rendra au travail. Il fera encore nuit. Sur le long trajet vers la station de bus, il passera pr�s de la d�charge. La mairie avait plac� un petit container pour le d�p�t des ordures. Bien s�r qu�il ne suffisait pas. Alors, les ordures d�bordent. Le camion ne vient pas les ramasser tous les jours et quand il arrive, il est d�j� charg�. Les �boueurs prennent ce qu�ils peuvent jusqu�� surcharger le camion, jettent un filet sur la benne et laissent le reste � terre. Le tas grossit tous les jours, il d�borde les limites pr�vues, s��tend au gr� des gestes maladroits des habitants qui ont fini par jeter leurs sachets n�importe comment. Avec l�habitude de voir les ordures d�border, les voisins ont commenc� � les jeter de plus en plus loin de la d�charge. Les enfants ne se fatiguent plus et jettent leurs sachets n�importe o�. Quand il passe devant ces tas d�immondices, il a d�j� oubli� les moustiques, les mouches. Il ne pense m�me pas que la prolif�ration de ces bestioles vient justement de ces ordures. Mais pourquoi voulezvous qu�il se batte contre les ordures ? Il faudrait mobiliser tous les voisins, changer la mairie, changer les mentalit�s. Bref, faire d�Alger une ville et de ses habitants des citadins. C�est plus facile de r�ver � l��migration.
M. B.

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