Corruptions : PUBLICATION
UN JOURNALISTE D�NONCE LES FACETTES LES MOINS RELUISANTES D'UNE RELATION SI PRIVILEGIEE
Paris-Brazzaville, une fid�lit� toxique


S'il n'en reste qu'un, Denis Sassou-Nguesso pourrait bien �tre celui-l�. Dans un pr� carr� francophone en voie de d�litement, le pr�sident du Congo- Brazzaville, au pouvoir depuis 1997, occupe la place du �monsieur Loyal� de la Fran�afrique, l'homme sur lequel Paris sait pouvoir compter en toutes circonstances. Seul Omar Bongo, l'inoxydable pr�sident du Gabon et par ailleurs gendre de Sassou, est en mesure de lui disputer ce titre.
On a les amis qu'on m�rite. M�me s'il s'int�resse aussi aux turpitudes britanniques ou am�ricaines sur le continent noir, Xavier Harel* consacre l'essentiel de son propos aux facettes les moins reluisantes de cette relation si particuli�re entre Paris et Brazzaville. Il r�sume : �Non seulement le pays est mis � sac par un clan familial sans scrupules, mais ce dernier le fait avec la b�n�diction de Paris.� Journaliste au quotidien fran�ais La Tribune, l'auteur d�crit avec minutie les m�canismes complexes mis en place par le r�gime de Sassou, avec l'aide de traders occidentaux, pour d�tourner l'argent du p�trole au profit de son clan. Il rapporte au passage cette anecdote : lors d'un s�jour � New York, en septembre 2005, le pr�sident congolais a d�pens� plus de 80 000 dollars en huit jours pour payer sa suite dans un palace. L'objet de son voyage ? �Un discours de dix minutes � la tribune des Nations unies, dans lequel Denis Sassou-Nguesso a appel� les pays riches � faire preuve de solidarit� et � tenir leurs promesses d'augmentation de l'aide au d�veloppement�. Au m�me moment, Paris insistait aupr�s de la Banque mondiale et du FMI pour octroyer � Brazzaville un all�gement de sa dette. Comme tant d'autres pays africains gorg�s d'or noir, le Congo v�g�te en queue du classement des Nations unies sur le d�veloppement. Il dispose d'une seule route en bon �tat : celle qui relie la capitale au village natal de Sassou, � 400 km plus au nord. Mais, comme se pla�t � le souligner le chef de l'Etat congolais luim�me, les corrupteurs sont aussi au Nord. C'est l� l'une des forces du livre : son auteur montre que la dilapidation des richesses congolaises et la captation des revenus p�troliers au profit de quelques-uns � �Brazza� se fait gr�ce � l'aide obligeante des Occidentaux. De Total � BNP-Paribas, en passant par Patrick Maugein, un ami proche du pr�sident Chirac, Xavier Harel montre que les Fran�ais occupent une place de choix sur le th��tre d'ombres congolais. Pourquoi diable Jacques Chirac est-il pr�t � tout pour �tre agr�able � son ami Sassou ? L'auteur a une hypoth�se : �La corne d'abondance de la Fran�afrique, qui irrigue les finances du parti gaulliste depuis des d�cennies, a un prix : la fid�lit�.� Il faut une bonne dose de courage pour oser �crire noir sur blanc que ce que beaucoup d'initi�s susurrent � Paris. S'il n'est pas s�r qu'en cette p�riode pr��lectorale dans l'Hexagone ce livre provoque les remous qu'il devrait logiquement susciter, nul doute qu'il sera lu attentivement en Afrique francophone. L�-bas, ils sont nombreux � consid�rer, comme Harel, que �Jacques Chirac n'est pas l'avocat des Africains, il est l'avocat des r�gimes africains, des meilleurs et surtout des pires�.
* Afrique, pillage � huis clos par Xavier Harel - Fayard, �ditions 2006

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