Notre attention a été attirée, il y a quelques semaines,
par un attroupement de jeunes qui, du sommet de la petite falaise surplombant la
baie à l’entrée ouest de la ville de Cap- Djenet, regardaient vers la mer.
Renseignement pris, ces spectateurs insolites suivaient le mouvement des engins
qui commençaient à déverser des tonnes de pierre lançant ainsi la
construction des premiers mètres des quais du nouveau port mixte (pêche et
plaisance) de la localité.
Ce rassemblement dénote tout l’intérêt que
porte la population locale à cette nouvelle infrastructure qui impulsera sans
aucun doute, si elle est suivie par d’autres réalisations en amont, le
développement durable d’une commune possédant un riche potentiel de
progression particulièrement dans les secteurs de la pêche, du tourisme et de
l’agriculture qui, cependant, pour moult raisons, sont laissés en jachère.
Contacté en cours de semaine, M. Khenak, le directeur des travaux publics (DTP)
de la wilaya de Boumerdès, maître de l’ouvrage de ce projet, nous a assuré
que les travaux avancent à un bon rythme. Ce port qui coûtera à l’Etat 1
milliard 600 millions de dinars sera réalisé par Méditram, selon la fiche
technique, dans moins de 35 mois. L’étude a été réalisée en 1990 par le
LEM (Laboratoire des études maritimes) et actualisée en 2005 par rapport aux
variations des fonds marins survenues après le séisme de 2003.
Infrastructures et activités annexes
Sur un bassin de 420 hectares seront érigées la jetée
principale d’une longueur de 425 m, la jetée secondaire de 170 m et des
quais, totalisant 258 m, tandis que 360 m seront réservés à l'appontement,
des ateliers de construction et de réparations navales, une station d’avitaillement,
une cale de halage, une halle à marée et des chambres froides. Il est conçu
pour accueillir 10 chalutiers ou sardiniers, 50 unités pour les petits métiers
(petits palangriers entre autres) et 50 bateaux de plaisance. La production
escomptée est évaluée à 2 500 t/an. Cette infrastructure soulagera quelque
peu les deux autres ports que compte la wilaya (Dellys et Zemmouri) puisque 18
embarcations immatriculées à Cap-Djenet y stationnent.
Connexion économique avec le tourisme
Il sera extrêmement intéressant, par ailleurs, de se
pencher sur le projet complémentaire dont une première esquisse a été mise
à jour par M. Adouane, l’ancien directeur de pêche, avant son départ de
cette wilaya. Dans cette réflexion, il est question d’un projet intégré qui
englobe complémentairement la pêche et le tourisme. Ce projet ne manque par en
effet d’atouts pour rentabiliser, rapidement, d’éventuels investissements,
particulièrement dans le secteur du tourisme d’autant plus qu’un marché
porteur existe, la clientèle venant de la Haute- Kabylie, du sud-est de l’Algérois
et de la capitale est demandeuse de services. Il est question de la construction
d’un village de pêcheurs lié également à l’artisanat. Dans un
périmètre de 27 ha, il est prévu la construction d’une auberge, d’un
hôtel 2 étoiles, d’un second de 3 étoiles et des résidences particulières
(villas ou bungalows). L’ensemble totalise 1 510 lits. Ceci pour le volet
hébergement. Quant aux autres services, le projet comporte des lieux d’animation
et de restauration, un musée, un centre aquatique et un complexe de
thalassothérapie ainsi que d’autres infrastructures d’appoints. 600 emplois
peuvent y être créés. Il est certain que la wilaya de Boumerdès est en
mesure de concevoir un pôle d’activités dont le noyau central serait ce
port. Autre atout non négligeable, par les temps qui courent, c’est
singulièrement la relative préservation écologique de la région qui produit
la sardine notamment, d’une grande qualité gustative, parce que précisément
à ce jour elle prolifère dans un plateau continental non pollué.
Incontestablement, le département de M. Khenak a lancé une dynamique sérieuse
de développement d’une partie de la wilaya de Boumerdès. Il est à souhaiter
que les autres structures, particulièrement les directions de la pêche et du
tourisme, se greffent à cette dynamique pour le bien de la wilaya. Mais c’est
à l’APW, jusque-là marginalisée, de sortir de sa longue hibernation pour
soutenir ce projet et travailler à sa réalisation. Le code de wilaya lui
permet de délibérer à ce propos.
Abachi L.