Actualit�s : PATRICE MANGIN AU SOIR D'ALGERIE
Quand Armstrong est rattrap� par la science


Rencontr� dans les couloirs de l�universit� des sciences islamiques Emir-Abdelkader, lors des 17�mes journ�es m�diterran�ennes de la m�decine l�gale, le professeur suisse d�origine fran�aise, vice-pr�sident de l�Institut de m�decine de Lausanne, rendu c�l�bre par l�affaire dite �d�Armstrong�, a affirm�, dans un entretien, accord� exclusivement � notre journal, que les contr�les antidopage qui ont �t� faits, suite aux pr�l�vements du sang de cette l�gende du cyclisme, n�ont jamais mis en �vidence l�existence de substances interdites dans ces �chantillons et que cette affaire a �t� plut�t forg�e par les m�dias. Il nous a parl� �galement de bien d�autres questions. Ecoutons-le�

Le Soir d�Alg�rie : Pouvez-vous expliquer aux lecteurs alg�riens l�affaire du coureur Lance Armstrong ?

Patrice Mangin : Disons qu�Armstrong avait des performances qui �taient quand m�me assez impressionnantes parce qu�il a gagn� 7 fois de suite le tour de France, bien qu�il a souffert auparavant d�une infection canc�reuse de laquelle il s�est remis. Il �tait capable donc de surpasser tous les autres. Il faut dire que lors de tous les contr�les antidopage qui ont �t� faits, on n�a jamais mis en �vidence des substances interdites, ni de manipulations au niveau du sang. Donc m�me si on pouvait s�interroger sur la nature de ces performances, personne n��tait en droit de dire qu�il avait trich� puisque tout �tait n�gatif. Il se trouve qu�un journaliste qui avait enqu�t� sur l�un des laboratoires antidopage de Paris et � la suite d�indiscr�tions sur un m�canisme un peu compliqu�, ce dernier s�est aper�u que ce laboratoire avait analys� des pr�l�vements qui ont �t� recueillis bien avant et utilis� la nouvelle m�thode de d�pistage de l�OPO qui n�existait pas quand on avait fait les pr�l�vements de sang. Et puis, il semblerait, puisque bien entendu, �a n�a pas �t� rendu public, que ce journaliste a pu v�rifier que parmi les �chantillons qui �taient positifs, existaient ceux de M. Armstrong. Et voil�. Lui a toujours ni� et d�clar� que ce n��tait pas vrai. Donc, en fait, on a fond� cette histoire parce que le r�sultat n�a pas �t� rendu public.

L. S. : Le hic dans cette affaire c�est qu�elle ternit la r�putation d�un athl�te vedette, d�une l�gende du cyclisme. Comment vous situer l�influence d�une telle notori�t� sur le cours d�un contr�le antidopage ? Autrement dit, � la lumi�re de l�affaire d�Armstrong, qu�est-ce que vous pensez des pratiques �thiques de la m�decine l�gale ? La proclamation d�un tel r�sultat exige-t-il du courage ?

P. M. : Je pense que c�est relativement simple. Pour les athl�tes, je crois qu�au d�part il y a la recherche du prestige et de la gloire. C�est fr�quent chez les adolescents qui commencent � faire du sport. Quand les r�sultats sont l�, les parents sont tellement contents qu�ils deviennent dispos�s � faciliter le dopage. Et puis, il y a ensuite l�aspect financier, l�argent. Je veux dire, il y a de telles possibilit�s de gagner de l�argent si on a fait des r�sultats importants, et elles ne sont pas donn�es � tous, mais, je tiens � dire que ce n�est pas tout � fait �thique ! Pour les m�decins l�gistes, �a fait partie de la m�decine l�gale comme mission : que les choses passent sans tricherie�correctement. Moi, personnellement, sur le plan �thique, �a ne me g�ne pas, � partir du moment o� on a mis en cause un athl�te sur des bases qui sont vraies, justes et d�montr�es et pas sur la base de rumeur, � partir des r�sultats qui sont justes et ne doivent pas �tre contest�s. Bref, au moment o� quelqu�un triche, c�est honte � lui ! En tout cas, je n�ai pas de probl�mes sur le plan �thique.

L.S. : Sur un autre plan, un conf�rencier a soulev� la question de la vari�t� des profils physiologiques des athl�tes, selon les diff�rences existant entre les diff�rentes ethnies. Pensez-vous qu�il faudra en tenir compte pour �tablir des normes biologiques justes et indiscutables juridiquement ?

P. M. : Oui, tout � fait, il faut faire un profil longitudinal et suivre les athl�tes pendant plusieurs mois. Alors, c�est vrai qu�il y a des variations suivant les ethnies et par exemple, les personnes de race jaune n�ont pas les m�mes enzymes o� les enzymes ne fonctionnent pas de la m�me mani�re que ceux de la race noire ou la race blanche, mais �a on le sait. Le profil longitudinal, si on compare l��volution o� la variation d�un athl�te par rapport � luim�me, ce n�est pas trop g�nant qu�on le fasse sur quelqu�un d�une ethnie ou d�une autre puisque c�est lui-m�me qui sert de r�f�rence.

L. S. : Pour conclure, peut-on imaginer que l�affaire Armstrong a forg� le nom Mangin ?

P. M. : Non, je ne crois pas. Rire. Mais, comme le dopage a pris beaucoup d�importance dans les m�dias, quand on s�occupe d�une affaire, on parle de vous et votre nom sera cit� et voil� c�est tout. Merci. Entretien r�alis� par Lyas Hallas

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