Corruptions : L�ARABIE SAOUDITE MENA�AIT DE RENONCER A UN ENORME CONTRAT PORTANT SUR L'ACHAT D�ARMEMENT POUR 10 MILLIARDS DE LIVRES
Tony Blair poignarde la convention de l'OCDE contre la corruption


Le Premier ministre britannique, Tony Blair, vient d'enterrer, au nom de �l'int�r�t national�, une enqu�te sur le versement d'�normes pots-de-vin par British Aerospace (BAE) � l'Arabie Saoudite. La convention de l�OCDE de 1997 contre la corruption de fonctionnaires �trangers dans les transactions commerciales internationales est s�rieusement menac�e par cette d�cision. Pourquoi les entreprises fran�aises ou am�ricaines devraient-elles s'y plier si les entreprises britanniques b�n�ficient de l'impunit� ?
C'est un v�ritable coup de poignard que Tony Blair vient d'ass�ner � la convention OCDE contre la corruption qui interdit, notamment le versement de pots-de-vin � des fonctionnaires �trangers pour l'obtention de march�. La justice britannique a abandonn� jeudi 14 d�cembre 2006 une enqu�te pour corruption visant des contrats militaires � l'Arabie Saoudite, au nom de �l'int�r�t g�n�ral� du pays. L'attorney general, Lord Goldsmith, a annonc� le jeudi 14 d�cembre 2006, au Parlement la fin d'une enqu�te du Serious Fraud Office (SFO), service de lutte contre la grande d�linquance financi�re, ouverte en 2004. �Il a �t� n�cessaire de trouver un �quilibre entre la n�cessit� de faire respecter la loi et l'int�r�t public g�n�ral�, a expliqu� le SFO, invoquant aussi �la n�cessit� de pr�server la s�curit� nationale et internationale�. Le SFO pr�tend que �les int�r�ts commerciaux ou l'int�r�t �conomique national n'ont pas pes� dans cette d�cision. L'attorney g�n�ral a ajout� que Tony Blair, ainsi que ses ministres de la D�fense et des Affaires �trang�res, lui avaient �clairement indiqu� que la poursuite de l'enqu�te nuirait s�rieusement � la s�curit� du Royaume- Uni et de l'Arabie Saoudite, � leur coop�ration diplomatique et dans les renseignements�. L'annonce a suscit� un v�ritable toll�. A la Chambre des Lords, Simon Hughes, du parti lib�ral-d�mocrate, a d�nonc� �les fortes pressions� de Tony Blair sur le directeur du SFO. �Cela n'�quivaut-il pas � un chantage de l'Arabie Saoudite ? Cela ne revient-il pas � encourager � c�der aux exigences de l'Arabie Saoudite quand elle r�clamera des pots-de-vin ?�, a d�plor� son coll�gue William Goodhart. L'ancienne ministre pour le D�veloppement international, Clare Short, qui avait quitt� le gouvernement Blair en raison de son hostilit� � la guerre en Irak, estime dans le quotidien The Guardian que �ce gouvernement est encore plus sale qu'on ne l'imaginait. Cela signifie que BAE est au dessus des lois. Le message envoy� aux hommes d'affaires corrompus est qu'ils peuvent continuer car le gouvernement les soutient�.
"Gouverner plus blanc que blanc", la promesse non tenue du gouvernement britannique 
C'est �galement une gifle pour le fran�ais Dassault et l'am�ricain Lockheed Martin, tous deux sur les rangs pour d�crocher cet �norme march�. L'avionneur fran�ais, interrog� par le quotidien �conomique fran�ais La Tribune, n'a �pas de commentaire sur cette affaire concernant le gouvernement britannique et l'Arabie Saoudite�. Ce type de contrat n'est pas directement n�goci� par l'avionneur, mais entre l'Etat fran�ais et la monarchie saoudienne. Le minist�re de la D�fense fran�ais n'avait toujours r�agi en d�but d'apr�s-midi. Pour le pr�sident de Transparency International France, �cette d�cision d�cr�dibilise compl�tement la convention OCDE contre la corruption internationale. Comment, s'interroge Daniel Leb�gue, d'autres pays peuvent-ils faire respecter cette convention par leurs entreprises, si l'un des pays signataires, grand exportateur qui plus est, ne l'applique pas. C'est extr�mement grave. Le risque est grand que cette convention, ratifi�e par l'ensemble des pays membres de l'OCDE et principal instrument de lutte contre la corruption internationale, soit mortellement atteinte. On revient quinze ans en arri�re�. �Gouverner plus blanc que blanc� : cette promesse de faire de l'�thique une r�gle de gouvernement avait assur� � Tony Blair son triomphe de 1997 face aux conservateurs, � la r�putation ternie par des scandales financiers, en particulier en mati�re de ventes d'armes. Des ann�es plus tard, c'est lui qui pr�te le flanc aux critiques en sacrifiant sa lutte contre la corruption sur l'autel des consid�rations commerciales
Reddition face aux menaces s�oudiennes
�En s'inclinant devant le r�gime saoudien, le Royaume-Uni lance une invitation au chantage et perd toute cr�dibilit� dans sa campagne pour la transparence, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption� : m�me le Financial Times, quotidien proche des milieux d'affaires, d�nonce cette reddition face aux menaces saoudiennes de retirer le contrat � BAE Systems. Riyad avait donn� dix jours � Londres pour mettre fin � l'investigation du SFO. Le bureau des fraudes enqu�tait depuis plus de deux ans sur le versement de pots-de-vin � des membres de la famille r�gnante afin d'assurer les contrats Tornado, sign�s � partir de 1985, et Eurofighter. Qu'est-ce qui a pu pousser ainsi Tony Blair � invoquer �l'int�r�t g�n�ral� pour faire fi de l'Acte de s�curit� contre le financement du terrorisme et le crime organis�, promulgu� apr�s les attentats du 11 septembre 2001, interdisant le versement, par des compagnies britanniques, de commissions occultes � l'�tranger ? �Notre relation avec l'Arabie saoudite est vitale en mati�re d'antiterrorisme, pour notre politique dans tout le Proche- Orient et pour trouver une solution au conflit isra�lo-palestinien. Cet int�r�t strat�gique vient en premier�, a expliqu� le Premier ministre en marge du sommet europ�en de Bruxelles. L'Attorney g�n�ral, �quivalent du ministre de la justice, lord Goldsmith, a estim� que l'enqu�te du SFO n'avait aucune chance d'aboutir. Tel n'est pas l'avis des ONG oppos�es aux ventes d'armes � une monarchie jug�e absolutiste. A leurs yeux, l'alliance du lobby des industriels de l'armement et des syndicats pour sauver un contrat d'au moins 10 milliards de livres (14,8 milliards d'euros) pr�servant 50 000 emplois a eu raison du principe de la r�gle de droit.

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