Actualit�s : CONFERENCE DE PRESSE DE Mme YAKIN ERTURK, RAPPORTEUSE SPECIALE DU CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME
L'Alg�rie doit lever les r�serves sur la convention de lutte contre la discrimination


Apr�s dix jours consacr�s aux entretiens avec les membres du gouvernement, les repr�sentants d�associations et des collectivit�s locales, la rapporteuse sp�ciale du Conseil des droits de l�homme, aux Nations unies a pr�sent�, hier, � la presse les observations pr�liminaires sur la situation des violences � l��gard des femmes en Alg�rie. Un premier rapport qui reste sans surprise puisqu�il ne fait que relater certains constats d�j� connus par la soci�t� civile alg�rienne.
Mme Yakin Ert�rk s�est r�serv�e, en fait, de porter des critiques sur les violations constat�es sur le terrain, tout en assurant que ce travail pr�liminaire n�est qu�� ses d�buts. La rapporteuse promet de continuer � recevoir les dol�ances des femmes alg�riennes afin de compl�ter son rapport qui sera pr�sent� devant le Conseil des droits de l�homme dans six mois. Evoquant les textes de lois promulgu�s dans le cadre de la Charte pour la paix et la r�conciliation nationale, l�envoy�e sp�ciale du Conseil des droits de l�homme a exprim� ses pr�occupations par rapport � certaines dispositions, notamment l�article 46 qui pr�voit des poursuites p�nales contre toute personne qui �instrumentalise les blessures de la trag�die nationale pour porter atteinte � l�Etat, ses institutions, ses agents ou � son image sur le plan international�. Mme Yakin Ert�rk consid�re cette disposition, qu�elle qualifie d�ambigu�, comme une atteinte � la libert� d�expression et un obstacle s�rieux � la jouissance de cette libert�. Selon la conf�renci�re, �les personnes ayant une opinion diff�rente sur la fa�on de r�aliser la r�conciliation, que ce soit les d�fenseurs des droits de l�homme ou les familles des victimes de la violence terroriste doivent pouvoir s�exprimer librement sans faire objet de harc�lement ou de menaces�. Cette pr�occupation a �t� signal�e aux autorit�s judiciaires du pays qui n�ont pas trouv� meilleure r�ponse que de rassurer la rapporteuse sp�ciale qu��aucune condamnation n�a �t� enregistr� dans ce sens�. Ce point sera par ailleurs soulev� dans le rapport qui sera pr�sent� au Conseil des droits de l�Homme, qui lui adressera des recommandations pour le gouvernement alg�rien. Invit�e � donner ses appr�ciations sur le code de la famille, la conf�renci�re s�est d�abord f�licit�e des derniers amendements apport�s au code de la nationalit�. Cependant, elle reste convaincue de la n�cessit� pour l�Alg�rie de lever toutes les r�serves �mises dans la convention sur l��limination de toutes les formes de violences � l��gard des femmes, ratifi�e en 1996. La r�serve, qui pose encore un v�ritable probl�me, selon Mme Yakin Ert�rk, est celle qui concerne l�article 16 de la Convention, qui fait que �la femme alg�rienne, quel que soit son �ge, ne peut consentir seule au mariage et qu�elle ne peut divorcer que dans des conditions tr�s contraignantes alors que l�homme peut la r�pudier sans motif�. Les autorit�s alg�riennes n�ont pas affich� la volont� de lever cette r�serve, comme c�est le cas pour l�article 2 de la convention qui exige de �prendre toutes les mesures appropri�es, y compris les dispositions l�gislatives, pour modifier ou abroger toute loi, disposition r�glementaire, coutume ou pratique qui constitue une discrimination � l'�gard des femmes�. L�envoy�e sp�ciale du Conseil des droits de l�homme fait remarquer, cependant, que la discrimination contre les femmes en Alg�rie perdure. Elle cite entre autres l�in�galit� d�acc�s � l�h�ritage qui rend d�ailleurs ces femmes de plus en plus vuln�rables. Les nouvelles dispositions du code de la famille n�ont pas apport�, en effet, les solutions attendues, notamment pour ce qui est du logement conjugal dont sont d�chues les femmes sans enfants et aussi le droit de garde des enfants pour celles qui se remarient. Toutes ces discriminations vont en contradiction avec la Constitution alg�rienne, a soulign� la rapporteuse sp�ciale. Sans trop s�attarder sur la question, la conf�renci�re n�a pas cach� son �tonnement et, peut-�tre, sa d�ception de trouver, dans un pays, dit-elle, riche en ressources, �que la pauvret� est fortement visible en Alg�rie et m�me f�minis�e�. Elle se r�f�re � toutes ces femmes pauvres qu�elle a rencontr�es. Ce sont des m�res c�libataires, des femmes divorc�es, abandonn�es ou n�es hors mariage. Elles vivent dans la pr�carit� totale, sans revenus, sans protection, ni soutien de l�Etat. �Le fardeau est particuli�rement lourd�, dit-elle. Mais il n� y a pas que ces femmes. Il y a aussi la cat�gorie des femmes victimes du terrorisme. �Nous les avons rencontr�es, mais que faire?� s�interroge-t-elle. �Nous devons trouver des r�ponses � cette probl�matique et l�Etat alg�rien doit se pencher sur cette cat�gorie de femmes afin de leur garantir leurs droits.� Ces femmes attendent �galement l�appui des Nations unies pour y trouver justement ces droits !
Rosa Mansouri

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