Corruptions : LE CNES, INSTITUTION D�APPUI A LA BONNE GOUVERNANCE EN ALG�RIE ?
Tentatives d'am�liorer une image totalement d�labr�e face � l'alibi du complot international


Le colloque organis� par le Conseil national �conomique et social (Cnes) et la Banque mondiale, samedi 3 f�vrier 2007, avait pour th�me �Gouvernance, libert�s �conomiques et pauvret�. Ces questions font partie des politiques et des priorit�s de la Banque mondiale dans ses relations avec les pays tiers, et est aussi inscrit dans l�agenda de la nouvelle �quipe du Cnes. Lors de cette rencontre, Daniel Kaufmann, directeur pour la gouvernance � l�Institut de la Banque mondiale, a abord� le sujet de la bonne gouvernance et de la transparence � travers notamment un inventaire exhaustif des instruments de mesure de ces deux th�matiques.
Lors du d�bat qui a suivi la conf�rence de Daniel Kaufmann, plusieurs intervenants ont fait part de leurs doutes sur la pertinence des r�sultats des diff�rentes �tudes et enqu�tes, men�es dans toutes les r�gions du monde, et portant sur la mesure de la gouvernance � � travers ses diff�rents segments � et de la corruption. Pour le Maghreb et le Moyen- Orient, ces r�sultats sont d�sastreux et le tableau est tr�s noir, ce qui �tait d�j� connu de tous. Parmi ces intervenants, un charg� d��tudes � la pr�sidence de la R�publique s�est carr�ment interrog� sur les limites de ces enqu�tes internationales, bas�es, selon lui, sur des notions de perception et donc subjectives (!), tout en exprimant son souhait que les indices ext�rieurs pr�sent�s par Daniel Kaufmann soient coupl�s � des indicateurs nationaux. Il n�a pas donn� de pr�cisions sur ces indicateurs nationaux. S�ils existent, pourquoi ne pas les rendre publics, et s�il n�y en a pas, qu�est-ce qui emp�che, depuis le temps, les pouvoirs publics en Alg�rie de lancer des �tudes et des enqu�tes nationales sur l��valuation de la gouvernance et de la corruption ? Les r�sultats obtenus seront les m�mes que ceux pr�sent�s par le repr�sentant de la Banque mondiale. Le m�me intervenant s�est aussi demand� si les �tudes et les classements r�gionaux, issus des travaux pr�sent�s par Daniel Kaufmann, �taient cr�dibles, car, selon lui, �chaque pays a ses caract�ristiques� ! Ce qui visiblement g�nait ce haut fonctionnaire de la pr�sidence de la R�publique, c�est que m�me dans la r�gion des pays arabes (Mena), l�Alg�rie est tr�s mal class�e. Et de plaider aupr�s de Daniel Kaufmann la cause �des pays qui font des efforts et ont un m�rite qu�il faut souligner� !
D�marche gouvernementale contreproductive
Il faisait certainement allusion � l�Alg�rie, qui vient d�adopter une tr�s mauvaise loi contre la corruption et de tr�s mauvais textes d�application. Un conseiller du Cnes ira m�me jusqu�� poser cette question � Daniel Kaufmann : pourquoi avoir ax� l�essentiel de votre intervention sur la corruption et la lutte contre la corruption ? Un haut fonctionnaire du minist�re des Affaires �trang�res a poursuivi sur la m�me lanc�e : limites des indicateurs pr�sent�s par Daniel Kaufmann ; les organisations internationales qui ont men� ces �tudes viennent toutes de l�OCDE (organisation des pays riches), donc, c�est suspect, sous-entend-il ; les mauvais scores pour le Maghreb et le Moyen-Orient sont �la r�sultante de la gestion de conflits politiques�, faisant certainement allusion � l�imp�rialisme am�ricain dans la r�gion ; n�cessit� d�avoir des appr�ciations diff�rentes en mati�re de mesure de la gouvernance et de la corruption, citant le M�canisme d��valuation par les pairs (MAEP) propre au Nepad. Il a m�me repris la notion de �degr� de capture de l�Etat par certaines �lites�, pr�sent�e par Daniel Kaufmann, pour la retourner sous forme de questionnement : est-ce que nous n�assistons pas plut�t, selon ce repr�sentant des Affaires �trang�res, � une �capture au plan mondial par une certaine �lite pour imposer certaines visions politiques et �conomiques� ! Cette r�probation � peine d�guis�e � l�encontre des r�sultats pr�sent�s par Daniel Kaufmann et exprim�e notamment par les deux repr�sentants du gouvernement est la m�me face aux �tudes publi�es par d�autres organisations internationales, comme celles de l�ONG Transparency International et o� l�Alg�rie est tr�s mal class�e. Du c�t� du l�Ex�cutif alg�rien, on continue de consid�rer que les efforts de la communaut� internationale � mettre en place, depuis une dizaine d�ann�es, des instruments internationaux contre la corruption � l�ONU et sa Convention anticorruption de 2003, par exemple � seraient une sorte de nouveau complot contre les pays du Sud de la plan�te, l��pineuse question des droits de l�homme ayant �t� le complot qui a pr�valu lors des ann�es 1990 ! Ce qui explique tr�s certainement que l�Alg�rie ait tout fait pour mettre en �chec la Premi�re Conf�rence des Etats-Parties de la Convention des Nations unies contre la corruption (UNCAC) qui s�est tenue en Jordanie du 10 au 14 d�cembre 2006, �fronde� men�e aux c�t�s de l�Egypte, du Nigeria, du Maroc, de l�Inde et du Pakistan. Ces pays ont dit non aux m�canismes internationaux de suivi dans l�application de l�Uncac par les pays qui l�ont ratifi�e, dont l�Alg�rie, comme ils ont clairement fait savoir aussi qu�ils �taient fermement oppos�s � l�implication des ONG et de la soci�t� civile dans la mise en application de l�Uncac tant au niveau des instances internationales onusiennes qu�au plan national ! La corruption continue de faire des ravages en Alg�rie, et ces attitudes r�p�t�es du gouvernement alg�rien � s�emp�trer dans l�inertie au plan national vis-�-vis de ce fl�au, et � tourner le dos aux initiatives internationales, en se cachant derri�re l�alibi du complot, sont contre-productives.
Djilali Hadjadj

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