Corruptions : L'ALGERIE EST DEVENUE UNE DES PLACES FORTES DE LA CRIMINALIT� TRANSNATIONALE ORGANIS�E
Les r�seaux mafieux ont acquis une assise financi�re, un pouvoir politique et une influence consid�rable sur les d�cisions financi�res, �conomiques et commer


Le boom du crime mondialis� est sans pr�c�dent. L'�conomie parall�le conna�t un essor plan�taire. La convention dite de Palerme, de 2000, des Nations unies contre la criminalit� transnationale organis�e n'a pas chang� grand-chose : les mafias mondiales � avec les complicit�s de nombre d'Etats gangr�n�s par ces fl�aux � agissent plus vite et mobilisent des moyens consid�rables pour faire prosp�rer leurs affaires.

L'Alg�rie est prise dans la temp�te de la criminalit� transnationale organis�e : le ph�nom�ne a pris de l'ampleur ces derni�res ann�es. L'Etat, impuissant, d�tourn�, contourn� et affaibli, a laiss� faire. M�me si les pouvoirs publics en place, par on ne sait quel miracle, d�cidaient de s'attaquer enfin au crime organis�, l'ampleur de la t�che serait �norme, exigerait une strat�gie et des moyens consid�rables et devrait prendre appui sur une volont� politique ferme sur le terrain, volont� faisant participer l'ensemble des forces et �nergies pr�sentes surtout dans la soci�t�. Mais malheureusement, nous sommes encore tr�s loin de ce sc�nario id�al.
Djilali Hadjadj

Le poids du commerce ill�gal dans l'�conomie mondiale est impressionnant. On estime que l'�conomie parall�le repr�sente 10% du PIB mondial, contre 1% il y a dix ans. Mais il y a tout lieu de croire que cette proportion est en fait beaucoup plus importante. Le trafic d'�tres humains rapporte � lui seul de 7 � 10 milliards de dollars par an. Et la quantit� de drogue saisie a doubl� entre 1990 et 2002, ce qui laisse � penser que le trafic de drogue a d�cupl� durant cette p�riode. On a vu appara�tre de nouvelles drogues, de nouveaux fournisseurs, de nouveaux march�s. Le commerce mondial de contrefa�on et autres produits pirat�s � des faux sacs Chanel aux traitements anticanc�reux en passant par les logiciels � est estim� � plus de 1 000 milliards de dollars par an. Mais l'�conomie clandestine recouvre bien d'autres march�s : le trafic d'organes humains, d'esp�ces menac�es, de d�chets industriels, de fausse monnaie, d'armes de poing ou de centrifugeuses nucl�aires. De m�me, selon le FMI, la quantit� d'argent blanchi a �t� multipli�e par 10, voire davantage, depuis 1990. Ces chiffres ne repr�sentent bien s�r que des estimations, forc�ment discutables et approximatives. En revanche, il est indiscutable que, malgr� les efforts des gouvernements pour en limiter l'expansion, l'�conomie parall�le a connu une croissance consid�rable au cours des dix derni�res ann�es et que de nombreux march�s clandestins se d�veloppent beaucoup plus vite que le commerce mondial officiel. Dans les ann�es 1990, nous avons assist� dans le monde entier � plusieurs r�volutions simultan�es, affectant aussi bien les technologies de communication et de transport que les politiques gouvernementales. Ces bouleversements ont r�duit � la fois les distances g�ographiques et la capacit� des Etats � contr�ler leurs fronti�res. Internet a rendu les communications et la coordination internationale plus simples et moins ch�res, de m�me que les t�l�phones portables ou les cartes t�l�phoniques pr�pay�es, tandis que les distributeurs automatiques facilitaient la circulation des devises. Au m�me moment, de l'Albanie � l'Argentine, les Etats lib�ralisaient et d�r�glementaient leur �conomie, provoquant un boom du commerce officiel qui, in�vitablement, a permis l'essor du commerce ill�gal.
La lev�e des obstacles aux investissements �trangers et aux transactions mon�taires, une aubaine pour le blanchiment d'argent

La lev�e des obstacles aux investissements �trangers et aux transactions mon�taires a �t� une aubaine pour le blanchiment d'argent. Des pays, des r�gions enti�res vivant jusque-l� en quasi autarcie � l'Europe centrale, l'ex- URSS, la Chine et d'autres pays d'Asie � ont �t� int�gr�s � l'�conomie mondiale. Si bien qu'aujourd'hui le trafic s'est mondialis�, alors qu'auparavant il �tait r�gional ou au pire binational. On a vu se d�velopper un r�seau qui relie l'Ukraine � la Colombie, le Maroc � la Russie via l'Espagne et l�Alg�rie. On voit des narcotrafiquants nig�rians op�rer dans le nord de la Tha�lande, des S�n�galais vendre des contrefa�ons chinoises dans les rues de Paris ou de plus en plus de Chinois le faire dans les principales villes d'Alg�rie. Les trafiquants ont acquis une assise financi�re, un pouvoir politique et une influence internationale sans pr�c�dent dans toute l'histoire de l'humanit�. La contrebande a toujours exist�, mais jamais elle n'avait connu une forme aussi mondialis�e, un tel impact �conomique, un tel poids politique. Aujourd'hui, le commerce illicite affecte directement plus d'individus, d'entreprises, de communaut�s, de villes et d'Etats que le terrorisme. Le terrorisme international constitue une menace non n�gligeable, mais il ne poss�de pas la m�me facult� d'adaptation que les trafics en tous genres. Le commerce clandestin est une affaire de march�, et tout march� repose sur l'offre et la demande. C'est l'ampleur de la demande qui rend l'offre si lucrative. On met toujours l'accent sur les vendeurs, qui sont souvent pauvres, �trangers, vuln�rables. Mais on ne se pr�occupe gu�re des acheteurs, qui sont souvent nos voisins, notre famille, nous-m�mes. Il faut cesser de pr�tendre que l'�conomie parall�le, c'est le probl�me des autres ou l'apanage des �trangers et des criminels. Pour chaque criminel qui vend, il y a un citoyen respectable qui ach�te.

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