Actualit�s : AFFAIRE DE LA CAISSE PRINCIPALE D'EL KHALIFA BANK
Un proc�s, beaucoup de non-dits


Apr�s deux mois de proc�s, des centaines d�auditions, le voile n�a pas �t� enti�rement lev� sur ce qui aurait pu n��tre qu�une �simple� affaire de banqueroute. La nature des acteurs, la gravit� des faits en ont fait une affaire d�Etat, un scandale qui a �clabouss� tout un syst�me qui r�siste � tout et qui n�est pas pr�t � faire son propre proc�s. C�est certainement ce qui explique qu�au terme de 60 jours des questions ne trouvent pas de r�ponses dans un proc�s o� ni les accus�s, ni les t�moins, encore moins la d�fense n�ont r�ussi � d�passer le stade des non-dits.
Nawal Im�s - Alger (Le Soir) - Ceux qui avaient d�embl�e d�nonc� un simulacre de proc�s n�ont pas eu totalement tort m�me s�ils n�ont pas enti�rement raison. Dans la forme, il est irr�prochable. En v�ritable proc�duri�re, la pr�sidente du tribunal a men� d�un bras de fer les d�bats dont les contours �taient d�avance balis�s. En r�p�tant que les seules lignes rouges qu�elle reconnaissait �tait l�arr�t de renvoi, Mme Brahimi ne tentait pas de se justifier mais rappelait que la loi ne lui permettait pas d�aller au-del� des limites trac�es par l�instruction et la chambre d�accusation. Et c�est justement � ce niveau que le dossier a �t� �nettoy�, que des noms ont �t� supprim�s, que des personnalit�s impliqu�es ont �t� blanchies. Le juge d�instruction, qui a eu � entendre des centaines de personnes, a retenu des charges contre certaines d�entre elles et en a acquitt� d�autres pour les m�mes faits. Une politique de deux poids de mesures moult fois d�nonc�e par la d�fense. Une d�fense qui n�a cependant pas �t� plus loin, s�imposant, � l�instar des accus�s et de certains t�moins, le silence. Sinon comment expliquer que des avocats � et pas des moindres � se contentent de dire qu�ils sont en possession de listes de personnalit�s impliqu�es sans jamais donner de nom. Qu�est-ce qui les a emp�ch�s d�aller au-del� de ces d�clarations et de se contenter d�une demi-v�rit� ? En d�non�ant l�omerta, n�ont-ils pas, eux aussi, ob�i � ses r�gles ? Si l�opinion publique ne s�attendait pas � ce que le parquet ou les membres du tribunal aillent plus loin que l�arr�t de renvoi, elle �tait en droit d�exiger plus du collectif de la d�fense qui avait pour lourde t�che d�innocenter ses clients mais �galement d�apporter ce plus qui a tant manqu� au proc�s.
Des promesses pour rattraper les ratages

Les nombreux avocats qui se sont succ�d� avaient ouvert le feu sur les conditions dans lesquelles s��tait d�roul�e l�instruction, critiqu� la Cour supr�me et la chambre d�accusation mais comme l�a si bien dit Me Chorfi, la d�fense n�a pas fait bloc et pour des consid�rations inconnues, elle a jou� le jeu en �ne bloquant pas le proc�s�. Accul�, le parquet a fini, par la voix du procureur g�n�ral, de promettre que l�affaire Khalifa ne conna�tra pas son �pilogue avec la fin du proc�s de la caisse principale. Il promet que des t�tes tomberont � l�ouverture d�autres informations judiciaires. Il ira plus loin, en affirmant que si les faits relat�s par certains t�moins s�av�raient vrais, ils seraient poursuivis. Pourtant, si une telle volont� existait, rien n�emp�cherait le parquet d�ordonner imm�diatement l�ouverture d�une enqu�te. Les avocats sont formels : il y a d�j� eu un pr�c�dent � l�occasion du proc�s de l�OCO. Des t�moins s��taient imm�diatement retrouv�s au box des accus�es. Mais veut-on r�ellement demander des comptes � Sidi Sa�d pour avoir falsifi� un document ? Veut-on exiger de Medelci qu�il explique par quel miracle un important rapport s��tait-il volatilis� ? A-t-on r�ellement l�intention de demander au ministre du Commerce de l��poque pourquoi son d�placement � Philadelphie avait �t� enti�rement pris en charge par Khalifa ? Veut-on demander � Khalida Toumi de s�expliquer au sujet de la nomination d�une fonctionnaire � Khalifa TV ? Ce n�est l� qu�un �chantillon de ce qui pourrait donner mati�re aux juges mais faudrait-il que la volont� politique existe.
Une volont� de �gonfler� le dossier
En attendant, l�opinion publique a d� se contenter de ce qui a failli se transformer en proc�s des �cartes de thalassoth�rapie�. De hauts cadres se sont retrouv�s, � leur corps d�fendant, m�l�s � cette affaire pour avoir re�u �comme mesure d�accompagnement� une carte de thalassoth�rapie. Que vaut-elle devant les milliards d�pos�s ? Une broutille. Peut-on faire croire qu�un P-dg se �vende� ainsi pour si peu ? Reste alors une autre hypoth�se, celle des pots-de-vin, mais l� encore le parquet a �t� incapable d�apporter la moindre preuve. Aucun virement, aucun bien acquis. Une accusation peut-elle �tre b�tie sur l�hypoth�se que des commissions aient �t� donn�es en esp�ces ? Le parquet n�a-t-il pas l�obligation d�apporter la preuve formelle ? Dans cette affaire, il ne l�a pas fait. Face � des dossiers quasiment vides, devant l�absence du principal accus�, les avocats soup�onnent la chambre d�accusation d�avoir maintenu les charges contre beaucoup d�accus�s pour une seule raison : donner du volume � un dossier quasiment vide. En panne d�arguments, le parquet a souvent vers� dans le populisme en affirmant que l�argent des d�posants �tait celui des pauvres et des malheureux. Ce qui fera dire � Me Chorfi : �Des pauvres et des malheureux qui d�posent un minimum de 10 milliards, j�en avais jamais rencontr�s.� Ce n�est pas le seul reproche fait par la d�fense. La qualification des faits a fait l�objet d�un long d�bat. L�association de malfaiteurs et le vol qualifi� retenus contre plusieurs accus�s ont �t� qualifi�s de v�ritable ineptie. Les avocats ont �t� unanimes � dire que jamais la constitution d�une banque n�avait �t� ainsi qualifi�e. Idem pour le vol qualifi� dont les �l�ments sont clairement �dict�s par le code p�nal et qui ne s�appliquent nullement aux faits imput�s aux diff�rents accus�s � qui il est reproch� d�avoir accord� des cr�dits sans garantie. �Qui ont-ils vol� ?� Si la d�fense r�pond �personne�, le PG insiste quant � lui et r�pond : �Le peuple !� Apr�s 60 jours de proc�s, beaucoup de zones d�ombre persistent. Le myst�re qui entoure certaines actions du liquidateur est entier. Pourquoi s�est-il rendu � Londres ? Pourquoi son avocat s�est-il senti oblig� de s�expliquer au sujet de ce d�placement ? Beaucoup d�avocats avaient remis en cause sa version des faits, r�pondant qu�ils n��taient pas si na�fs que �a pour croire qu�un liquidateur puisse n�gocier directement avec Khalifa Abdelmoumen. Me Chorfi a dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : les dossiers qui sont en possession de Badsi sont une v�ritable banque de donn�es. Tous les documents sur les transferts d�argent sont � son niveau, except� ceux qui ont �t� d�lib�r�ment d�truits pour des raisons �videntes. N. I.

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