Actualités : Mme MERIEM BELMIHOUB ZERDANI, A PROPOS DE LA PRESENCE DES FEMMES AU PARLEMENT
Le président doit donner l'exemple en désignant des femmes au Sénat


C’est une fervente militante des droits des femmes. Elle est partisane des causes justes et ce, depuis son jeune âge. En 1955, elle était déjà membre du Front de libération nationale (FLN). En 1957, elle a été condamnée à la réclusion par le tribunal permanent des forces armées d’Alger et détenue pendant quatre ans et demi dans les geôles en Algérie et en France.
Après l’indépendance, elle se consacre à la défense des droits des femmes. Sa carrière d’avocate militante lui vaut aujourd’hui sa place au sein du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), aux Nations unies, dans lequel elle brigue un deuxième mandat. Mme Meriem Belmihoub Zerdani, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, fait aujourd’hui la promotion de la convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies en 1979 et en vigueur depuis 1981, ratifiée d’ailleurs par l’Algérie. Invitée hier de l’émission «En toute franchise» de la Radio chaîne III, Mme Zerdani, qui représente une bonne partie des pays africains à ce comité, se veut également ambassadrice de ce comité dans son pays. Son intervention à la radio est une aubaine pour elle. En préparation de l’examen des rapports nationaux sur les éliminations de la discrimination à l’égard des femmes, qui vont être prochainement présentés au comité, Mme Zerdani espère voir l’Algérie lever les réserves sur certains articles de la convention, notamment l’article 16 qui oblige les Etats signataires de la convention «à prendre toutes les mesures nécessaires pour éliminer la discrimination à l’égard des femmes dans toutes les questions découlant du mariage et dans les rapports familiaux et, en particulier, assurer, sur la base de l’égalité de l’homme et de la femme». Ayant été dans les rangs des femmes qui ont exigé l’abrogation du code de la famille de 1984, Mme Meriem Belmihoub n’est pas satisfaite aujourd’hui des maigres résultats issus de l’amendement du code de la famille. «Tout ce que nous pouvons arracher est un plus, mais, malheureusement, la femme n’a toujours pas sa place que la Constitution algérienne lui a pourtant consacrée», dit-elle sur les ondes de la radio. Si la situation de la femme s’est nettement améliorée, notamment sur le plan de l’accès à l’éducation, à la santé, elle reste marginalisée de la vie politique et économique du pays, selon l’experte, qui profite des prochaines élections législatives pour appeler les partis politiques à jouer cette carte de l’égalité des chances entre les hommes et les femmes. «Il devait y avoir une subvention spéciale pour les partis qui consacrent l’égalité des sexes, dans sa représentativité», a-t-elle suggéré, en interpellant même le chef de l’Etat de donner l’exemple au peuple en installant des femmes au Sénat, qui, rappelons-le, n’est pas à sa composante complète. Le président de la République n’a pas, en effet, désigné les noms des 15 sièges encore vides. La militante s’indigne également sur la mauvaise interprétation de la religion, quand il s’agit des droits de la femme. Souvent, dit-elle, le législateur algérien choisit ce qui lui convient et rejette ce qui ne l’arrange pas. Elle s’interroge toutefois pourquoi quand il a été question de mettre le père en deuxième position pour le tutorat de l’enfant, «des versets coraniques ont été violés sans que cela soulève la moindre indignation. Or quand il s’agissait de lever le tutorat pour la femme qui se marie cela a soulevé des tollés». «La religion est interprétée selon plusieurs rites, alors chaque pays doit suivre le rite qui le rapproche de sa Constitution», a indiqué l’invitée de la radio. Mme Zerdani a ainsi invité les avocats, les législateurs et les instances juridiques à approfondir la réflexion sur le lien entre la religion, la Constitution et les conventions internationales. Elle ne va pas sans préciser que les conventions internationales annulent les lois nationales. Une opportunité, dit-elle, pour les tribunaux de se référer à ces conventions, lorsqu’ils sont dans l’incapacité de répondre par les lois existantes à des conflits sérieux. Ainsi, la moudjahida offre ses services pour accompagner les avocates et avocats algériens par des cursus de formation sur les conventions internationales. Portant son combat au plus loin des frontières africaines, la militante des droits de l’homme s’intéresse aux questions du Moyen-Orient, à la Palestine et l’Irak en particulier. L'intervenante a salué le courage et l'abnégation des femmes palestiniennes et irakiennes face à l'occupation israélienne et américaine. Elle a également rendu hommage aux femmes sahraouies, dont le règlement de leur question «ne peut se faire en dehors de la légitimité internationale conformément aux résolutions des Nations unies», soutient-elle. Pour terminer, Mme Zerdani a insisté pour que les Etats-Unis, qui parlent au nom de l’égalité des chances et de démocratie, n’ont, à ce jour, pas ratifié la convention pour l’élimination de la discrimination contre les femmes.
Rosa Mansouri



Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2007/03/12/article.php?sid=50721&cid=2