Le Soir d'Alg�rie

Le pr�sident de la R�publique, Abdelaziz Bouteflika, et le ministre de l�Energie, Chakib Khelil, viennent d�afficher officiellement leurs divergences sur l�opportunit� d�une Opep du gaz. Une OPEG inopportune selon Chakib Khelil mais cependant opportune selon le chef de l�Etat. Y aurait-il du gaz entre les deux hommes ?
Ch�rif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Intervenue au moment de la visite d�Etat du roi d�Espagne, Juan Carlos, en Alg�rie, une d�claration m�diatique du pr�sident de la R�publique semble justifier cette question. En effet, Abdelaziz Bouteflika a estim�, dans une interview faite au quotidien espagnol El Pais, parue dans l��dition d�hier, qu�il ne fallait pas �rejeter a priori� l�id�e d�une Opep du gaz. Le chef de l�Etat se d�marquant ainsi de la position exprim�e r�cemment par le ministre de l�Energie selon lequel une Opep du gaz �n'�tait pas possible car toutes les ventes se font dans le cadre de contrats � long terme�. Pour le pr�sident de la R�publique, �il ne faut pas rejeter l'id�e a priori. Elle m�rite d'�tre examin�e et discut�e entre tous les int�ress�s �. Un avis qui rejoint ceux des promoteurs de cette id�e dont le pr�sident de la F�d�ration de Russie, un pays qui constitue ainsi que l�Alg�rie le principal fournisseur de gaz � l�Europe. En effet, Abdelaziz Bouteflika a consid�r� que la proposition iranienne de lancer un cartel des pays producteurs de gaz sur le mod�le de l'Organisation des pays exportateurs de p�trole (Opep) �s�inscrit dans les tendances introduites par la mondialisation qui poussent les producteurs � se solidariser pour d�fendre leurs int�r�ts�. Or, le ministre de l�Energie, consid�r� pourtant comme un des proches du chef de l�Etat, n�a eu de cesse, r�cemment, d�exprimer son hostilit� envers cette id�e. Chakib Khelil avait en effet relev� avant-hier que �les prix du gaz sont index�s sur le prix du p�trole, qui r�pondent d�j� � la politique et � la strat�gie de l'Opep. A quoi servirait une Opep du gaz, puisque nous avons d�j� une Opep du p�trole qui d�finit indirectement le prix du gaz�. De fait, le pr�sident russe Vladimir Poutine avait qualifi�, le 1er f�vrier, d��int�ressante � l'id�e d'une Opep du gaz, alors que les experts pensent que sa mise en �uvre est impossible en raison des sp�cificit�s du march� du gaz. En rappelant qu�un accord, conclu en ao�t entre Sonatrach et le gazier russe Gazprom, avait provoqu� de vives r�actions des clients europ�ens, dont la France et l'Italie, qui craignaient la cr�ation d'une Opep du gaz qui pourrait peser sur les prix et les approvisionnements. Cela �tant, cette question devra �tre d�battue lors d'un forum des pays producteurs de gaz, pr�vu le 9 avril � Doha. L'Alg�rie a par ailleurs annonc� lundi avoir entam� une n�gociation avec l'Espagne pour augmenter le prix de vente de son gaz, ce qui aurait des incidences sur les prix du gaz livr� au reste de l'Europe d�j� confront�e � une pression � la hausse du g�ant russe Gazprom. Un gazoduc entre l'Alg�rie et l'Espagne est en service depuis 1996 et un second, Medgaz, est en cours de construction avec une entr�e en service pr�vue en 2009. Interrog� par El Pais sur le point de savoir si l'Espagne ne court pas le risque d'�tre "exclusivement d�pendante" des importations alg�riennes, le pr�sident de la R�publique avait r�pondu que l�Espagne �ne s'est pas engag�e � la l�g�re dans cette coop�ration �nerg�tique. Elle lui permettra de fournir � son tour du gaz au reste de l'Europe. Je n'ai pas besoin de souligner les avantages que repr�sente cette situation pour l'Espagne�. C. B. / Agences