Actualités : Des prisons plus humaines ?

Une visite d’inspection a été organisée à la prison d’El- Harrach. Ceci entre dans le cadre de l’application de la politique de transparence dans le cadre de la gestion des établissements pénitentiaires, mais aussi une forme de mise en conformité des directives de la commission interministérielle pour la coordination des activités de réinsertion des pensionnaires. Avant le début de la visite guidée, le directeur de l’établissement pénitentiaire a commencé par faire la présentation des lieux. La prison construite en 1910 est d’une capacité d’accueil d’environ 2 500 à 3 000 personnes.
Actuellement, elle compte près de 4 000 pensionnaires, dont 822 sont des femmes et 57 des mineurs. La prison d’El-Harrach est scindée en trois compartiments séparés. Un pour les adultes de sexe masculin, un autre pour les femmes et un dernier réservé aux mineurs. L’établissement dispose aussi d’un service de couverture sanitaire. Ce service est composé de 25 médecins généralistes, une équipe de praticiens spécialisés, d’un centre de radiologie et d’analyse de sang ainsi que des unités pour les soins dentaires. Au cours de son exposé, le premier responsable de la prison a expliqué que l’établissement dispose d’une annexe au niveau de l’hôpital Mustapha de même qu’il est prévu d’ouvrir des structures similaires à l’hôpital de Beni-Messous et Maillot. La première halte de la visite a été observée dans une toute nouvelle structure. Il s’agit du service d’évaluation et d’orientation. Géré par des médecins, des psychologues et des sociologues qui ont suivi des formations au Canada pour la réception et le traitement des prisonniers dangereux, ce service se charge d’établir le degré de dangerosité du pensionnaire afin de pouvoir définir son profil psychologique et l’orienter vers les programmes de formation qui lui conviennent. D’après les personnes qui s’occupent de cette unité, une période comprise entre 2 et 3 mois est nécessaire pour l’achèvement total de l’analyse du profil. Le premier bloc visité est celui des femmes. Complètement isolé des autres structures, ce compartiment dispose d’un centre de soins propre à lui. Plusieurs ateliers de formation disposent des cours dans différentes disciplines pour ne citer que la broderie, l’informatique, le tissage, la coiffure... A notre arrivée, quelques, prisonnières sortaient de l’espace des douches alors que d’autres attendaient patiemment leur tour chez le dentiste. Les plus oisives et surtout les plus âgées d’entre elles sont restées sous le soleil qui remplissait la cour en cette matinée de printemps. Moment d’émotion générale au compartiment maternité. Un endroit d’une propreté impeccable où les vagissements des bébés étaient encore plus attendrissants que le regard des ces mères pensionnaires. Agée d’une vingtaine d’années, une jeune maman racontait qu’elle s’est retrouvée dans ces lieux suite une sombre affaire de meurtre. Le compartiment des mineurs est haut en couleur. Les gamins étaient en train de jouer au ballon alors que d’autres semblaient bien absorbés par une partie de baby-foot. Le brouhaha habituel est subitement déchiré par un «uuulyé», un adolescent venait de marquer un but d’anthologie. Des gardiens le rappellent à l’ordre par des «chuuuuttt», ce qui a fait réagir M. Fellouane, directeur de l’administration pénitentiaire «laissez-le jouer, il est heureux d’avoir marqué un but», a-t-il dit sur un ton de gaieté. Plus loin, c’est le compartiment des hommes. La salle de sport est archi-comble. La culture physique semble faire des émules. «Le sport me permet de garder une bonne condition physique, c’est bon pour le moral. Le jour où je reviendrai à la vie sociale je voudrais faire du sport une hygiène de vie. J’espère que les diplômes que j’ai pu obtenir en prison pourront m’aider à réussir mon insertion». Ce sont les propos lancés du Schwarzenegger d’El-Harrach. Un autre pensionnaire qui bénéficie d’un régime de demi-pension ne cache pas sa détermination à terminer sa peine avec en poche un diplôme d’ingénieur d’Etat en sciences de la nature. Le matin, il se rend à l’université de Bab-Ezzouaz et le soir il rejoint ses camarades de cellule. Les responsables de la prison qui reconnaissent que la structure en question n’est plus à même de répondre convenablement aux besoins des pensionnaires, assurent que les prisons qui sont en construction offriront de meilleures conditions d’accueil. La finalité est de prendre en charge les pensionnaires pour une réinsertion sociale réussie.
N. M.



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