Actualit�s : SARKOZY, L'ALGERIE ET LA MEDITERRANEE
Babord � tribord
De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari


Les remerciements de N. Sarkozy � Bouteflika faisant suite au message que ce dernier lui a adress� � l�occasion de son �lection � la pr�sidence fran�aise sont, � bien des �gards, atypiques, voire iconoclastes. Dans un style, certes, courtois, mais trop sec pour un langage diplomatique, informe le pr�sident alg�rien de deux d�c�s.
Le trait� d�amiti� entre la France et l�Alg�rie et le processus de Barcelone. On peut tout reprocher � Nicolas Sarkozy sauf d��tre clair et franc. Concernant le trait� d�amiti� que Bouteflika et l�ex-pr�sident fran�ais Jacques Chirac voulaient, co�te que co�te et contre vents et mar�es signer, alors que ni d�un c�t� ni de l�autre de la M�diterran�e les choses n��taient pr�tes ni les esprits apais�s ni les diff�rends aplanis, le constat de d�c�s apr�s sa mort clinique depuis belle lurette av�r�e, est une d�marche s�rieuse, politiquement justifi�e et tient la route. Il n�y a aucune raison de continuer de mentir sur un soi-disant �trait� d�amiti� alors que les conditions objectives et subjectives de son existence ne sont pas r�unies. En amiti�, c�est comme en amour, ce ne sont pas les d�clarations qui comptent, mais les gestes. L�approche des relations bilat�rales entre Paris et Alger que veut promouvoir N. Sarkozy est d�rangeante, mais juste. Elle rompt avec le paternalisme et la d�magogie de son successeur Jacques Chirac, que restera-til, au final, de la relation franco-alg�rienne qu�ont port�e Bouteflika et Chirac ? Pas grand-chose, si ce n�est des �boussboussade� � ne pas se terminer et des �salamalecs� de circonstance, sans grande utilit� pour l�essort et le d�veloppement des liens entre les deux pays.L�Alg�rie, selon Sarkozy, est un pays comme un autre. Il n�y a pas de raison de l�entretien d�illusion ni de lui cr�er des probl�mes suppl�mentaires. Le pr�sident de la R�publique fran�aise fait des offres, propose des contrats, dit ce qu�il pense �tre bon pour la France. A notre pays, comme un grand, de peser le pour et le contre, de faire des contre-propositions, de n�gocier et de tirer son �pingle du jeu. C�est beaucoup mieux et plus productif que les l�nifiantes et d�magogiques d�clarations sur la �place privil�gi�e� qu�occuperait l�Alg�rie dans les pr�occupations de la France. En d�clarant, d�embl�e, ce qu�il veut et ce qu�il ne veut pas concernant l�Alg�rie, Nicolas Sarkozy, oblige, en quelque sorte, les officiels alg�riens de sortir du cr�tinisme et de la d�bilit�. Est-ce possible ? Ce n�est pas, honn�tement, � Nicolas Sarkozy de r�pondre � cette question. Sur l�union m�diterran�enne, le concept invent� par le pr�sident fran�ais, et m�me si les contours n�en sont pas d�finis, il est �vident qu�au regard de N. Sarkozy, il y a urgence � vendre quelque chose, en urgence dans cet espace. Pour au moins deux raisons. La premi�re est que le processus de Barcelone n�est plus de mise. L�Union europ�enne ne l��voque que rarement et contrainte et lui a substitu� un nouvel instrument : la politique europ�enne de voisinage (PEV). La commission Barroso a, sciemment, coup� les ailes au processus de Barcelone pour se d�sengager de la M�diterran�e au profit des nouveaux voisins de l�Est et des Balkans. Le pr�sident fran�ais conscient que la France a besoin de l�espace m�diterran�en tant pour ses int�r�ts �conomiques et politiques que strat�giques, et voulant offrir � la Turquie une compensation en contre-partie de sa non-adh�sion � l�Union europ�enne, veut par cette �union m�diterran�enne� permettre � son pays de reprendre la main au sein de l�Europe. Cette vision, de type n�o-colonial, est une nouvelle donne. A ce niveau aussi, les choses sont annonc�es clairement, sans fioriture. L�Alg�rie dans la M�diterran�e est avertie. Les cartes seront, dans le proche avenir, redistribu�es. Les Etats-Unis, fortement pr�sents, les Etats m�diterran�ens (Espagne, Italie, Gr�ce) membres de l�UE ou puissants voisins (Turquie, Syrie) les pays du Maghreb, Isra�l et l�Egypte, chacun � son niveau et selon ses atouts p�sera ou ne p�sera pas dans ce qui risque de devenir un enjeu majeur dans un avenir proche. En �voquant l�Union m�diterran�enne, Nicolas Sarkozy ne fait, au demeurant, qu�anticiper les batailles � venir dans cette mer ch�re � Ulysse. Ulysse, pr�cis�ment, que la mythologie r�pertorie comme le fondateur d�Alger...
A. M.

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable