Le Soir d'Algérie

Depuis samedi dernier, et jusqu’à aujourd’hui, la Commission des affaires culturelles (CAC) de l’APC de Constantine organise les journées du cinéma de Constantine. La manifestation est consacrée au thème rassembleur de la relation entre le petit et le grand écran, autrement dit, entre la télévision et le cinéma, thème jamais abordé en Algérie depuis l’Indépendance.
Les initiateurs de cette entreprise culturelle ont donné une portée maghrébine à ces journées par l’association d’un nombre de réalisateurs tunisiens à ce mini-festival afin de relancer la coproduction en la matière entre les deux pays. D’ailleurs, selon Mohamed Hazorli, président de la CAC, le cinéma algérien est né pendant la glorieuse Révolution de 1954, dans les frontières est de l’Algérie, avec les premiers films de Djamel-Eddine Chanderli. M. Hazorli a précisé que ces journées, qui s’inscrivent dans le cadre du printemps culturel de Constantine, visent à faire renaître les rencontres cinématographiques d’envergure ayant animé la scène culturelle de Constantine dans les années 1980 et 1990. En l’occurrence, les Panoramas du cinéma, les Journées maghrébines du cinéma et, plus récemment, les Journées cinématographiques dédiées à l’émigration. Le programme de cette manifestation inclut la projection de films récents et anciens, et de ceux coproduits par des Algériens et des Tunisiens. Dans le hall du centre culturel Abdelhamid-Ibn-Badis (ex-Université populaire), l’association Lumières d’Alger, partie prenante, d’après M. Hazorli, dans l’organisation de ces journées, organise une exposition de photos et de documents racontant 50 ans d’existence du cinéma algérien. Des communications abordant des thèmes variés allant de l’histoire de la Cinémathèque algérienne aux droits d’auteur dans le monde de l’audiovisuel seront animées en marge de ces journées par des professionnels du secteur. Les acteurs, réalisateurs et universitaires invités débattront, par ailleurs, des sujets des films projetés durant cette semaine du cinéma, dont les principales productions de Constantine. Ce mini-festival du cinéma a vu, durant la journée de mercredi, la projection, pour la première fois, du film tourné l’année dernière à Constantine par le réalisateur Costa-Gavras sous le titre Mon Colonel. Ce film évoquera un pan de l’histoire de l’Algérie colonisée. Le thème des massacres du 8 Mai 1945 a été également remémoré — le contexte s’y prête — par la projection du film La Douleur, réalisé par Mohamed Hazorli, suivi d’un large débat sur les évolutions de la société algérienne lors de la période entre la Seconde Guerre mondiale et la guerre d’Algérie. En hommage au grand réalisateur algérien, Mustapha Badie, la cérémonie d’ouverture de ces journées, tenue samedi 19 mai, a vu la projection d’un épisode du feuilleton El Harik( L’incendie), et ce, en présence de l’actrice principale de ce chef-d’œuvre du cinéma algérien, Mme Chafia Boudraâ. Le thème de l’enfance est aussi présent à cette manifestation à travers les œuvres de Amar El Askri et de Moussa Haddad, respectivement, L’enfer à dix ans et Les enfants de Novembre. Le cinéma tunisien a été représenté par Abderrezzak El Hammami ainsi que Monçef Douib et son film La télévision arrive qui relate l’enthousiasme des villageois préparant l’arrivée des caméras de la télévision pour filmer des séquences d’une production audiovisuelle. Il convient de noter que des grosses pointures du cinéma algérien ont pris part à ces journées à l’image d’Ahmed Rachedi et Lakhdar Hamina parmi les réalisateurs et Saïd Hilmi et Saïchi, côté acteurs. Aussi, une réflexion ayant trait à l’état des salles obscures de la ville de Constantine qui constitue, selon les termes de M. Hazorli, un véritable problème, marquera les travaux de cette manifestation qui se déroule aux centres culturels Abdelhamid-Ibn-Badis et Mohamed-Laïd-Al-Khalifa et l’université des sciences islamiques Emir-Abdelkader.
Lyas Hallas