Actualit�s : Hommage � un homme et militant passionn�

Parmi les justes int�gres et militants passionn�s qui disparaissent dans la discr�tion la plus totale, comparable � leur humilit�, � leurs profondes convictions, � leur d�votion pour la libert�, la justice et la d�mocratie, figure sans conteste Boudjema� Sadou, professeur de fran�ais du CEM Amar-A�t-Cheikh de A�n-El- Hammam, wilaya de Tizi-Ouzou durant 15 ans avant de rejoindre Regha�a, en 1998, pour poursuivre sa carri�re dans un �tablissement similaire jusqu�� son d�c�s, victime d�un AVC � l��ge de 51 ans, le 7 mai dernier, au terme d�un coma d�une semaine, laissant une veuve et 2 enfants.
Passionn� dans sa vie professionnelle, conjuguant la p�dagogie et la psychologie au service d�une communication interactive tr�s pris�e par ses �l�ves, Boudjema� l��tait �galement dans son engagement militant politique, il �tait membre actif du Parti de l�avant-garde socialiste (PAGS) et syndicaliste de longue date, il fut parmi les membres fondateurs tr�s influents du Syndicat autonome des travailleurs de l��ducation et de la formation, Satef, cr�� au lendemain des r�formes introduites par la Constitution de f�vrier 1989 sous le gouvernement Hamrouche. D�une conviction � toute �preuve et d�une abn�gation sans faille, toujours pr�t � se sacrifier pour son id�al et porter secours aux victimes de l�arbitraire et de l�injustice, tr�s exigent et critique, jusqu�� la d�rision envers lui-m�me, son ex-parti et son syndicat, il �tait en revanche, tr�s magnanime avec les autres sachant comprendre les faiblesses et les insuffisances, saisir au vol le fond de ce qui cache derri�re geste et attitude. Partisan convaincu du dialogue sans exclusive et du compromis positif tendant � sauvegarder la coh�sion des rangs du Satef et � renforcer les acquis du combat syndical au profit des travailleurs de l��ducation, il savait aussi se dresser sans complaisance ni �quivoque contre toute tentative de compromission. Dans sa vie de militant et dans ses relations ordinaires avec l�environnement, Boudjema� �tait tr�s appr�ci�, pas seulement par les militants du Satef et du PAGS mais aussi par tous les travailleurs de l��ducation auxquels il savait communiquer sa profonde vision des luttes sociales, sa perspicacit�, son optimisme r�aliste ouvrant toujours des perspectives et des voies nouvelles � explorer. L��chec de l�id�al, trahi par la bureaucratie et la g�rontocratie, du �socialisme� dit r�el, la d�couverte ahurissante des tares cach�es de ce syst�me qui a berc� et bern� des millions de travailleurs militants � travers le monde ont �t� tr�s douloureux pour Boudjema� Sadou, comme pour beaucoup d�autres militants qui croyaient sinc�rement que le socialisme �tait l�avenir de l�humanit�. On ne d�couvre pas, au bout de toute une vie de lutte acharn�e, soutenue par une conviction chevill�e que le socialisme constitue l�unique alternative au capitalisme et � l�imp�rialisme, une telle �normit� sans graves dommages psychologiques, sans tiraillements de conscience. Pourtant, du moins en apparence, Boudjema� comme beaucoup de ses camarades, ne voulait pas baisser les bras sachant extraire de la coquille d�un id�al trahi et des ruines du socialisme r�el, le vrai sens de son combat et de ses sacrifices, � savoir la lutte incessante pour la libert�, la d�mocratie, la justice et le progr�s. C�est ainsi que Boudjema� Sadou s�est investi corps et �me dans le Satef afin de faire avancer l�essence m�me de son id�al, bravant avec ses camarades syndicalistes les interdits de l�administration et les obstacles dress�s par la succursale syndicale du pouvoir. L� aussi, une d�sillusion mortelle attendait le militant passionn�, le Satef a succomb� aux multiples assauts des ennemis du pluralisme syndical, aux manipulations politiques de tous bords et aux tentations de certains de ses ex-responsables. Ce fut un coup dur sur une plaie toujours b�ante, un coup de gr�ce qui mit fin, chez Boudjema�, pourtant jusque-l� toujours pr�t � rebondir, � l�espoir de changement progressiste m�me limit� au secteur de l��ducation. Il mourut de chagrin faute de pouvoir supporter l�ali�nation politique et sociale, le triomphe de l�individualisme, de l��go�sme, de l�immobilisme politique et syndical et de la marginalisation de tous les principes pour lesquels il a combattu sa vie durant. Le syndicalisme, la famille de l��ducation, la mouvance d�mocratique perdent en lui un militant de grande valeur, un rassembleur infatigable, un anti-obscurantiste convaincu et convaincant. Que sa femme et ses enfants, son fr�re et sa s�ur, Zazi veuillent bien trouver ici les condol�ances les plus attrist�es et la profonde sympathie de l�auteur de cet hommage qui ne les a pas revus depuis une quinzaine d�ann�es.
B. T.



Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2007/06/03/article.php?sid=54392&cid=2