
Actualités : CEREMONIE DE REMISE HIER DU PRIX BENCHICOU Un combat et deux itinéraires honorés
Le Comité Benchicou pour les libertés a décerné, hier, au cours d’une cérémonie organisée à la Maison de la Presse Tahar-Djaout à Alger, son désormais prix annuel, à titre posthume, au journaliste algérien Abdelkader Beliardouh et au journaliste écrivain syrien, Michel Kilo, qui purge actuellement une peine de trois années de prison à laquelle il a été condamné. En même temps que cette reconnaissance exprimée aux combats des deux confrères pour la liberté de la presse et d’expression, la journée d’hier, qui commémore en fait la très symbolique date du 14 juin, s’est voulue une escale pour le rappel de ce qu’il ne faut pas se laisser aller au désespoir, tant que restera encore un échantillon d’Algérien qui se bat. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - L’ancien directeur du quotidien Le Matin, le journaliste écrivain Mohamed Benchicou, avait l’émotion visible de se retrouver parmi ses compagnons de combat, dans l’enceinte de la Maison de la Presse Tahar-Djaout. Emu, certes, mais aussi fier, a-t-il tenu à dire, d’appartenir à cet échantillon qui lutte. “Une année après ma libération de prison, je n’ai pas eu, je dois dire, le temps de voir tous mes amis et mes compagnons de combat. A tous, je dis que je suis fier d’appartenir à votre famille”, a déclamé Benchicou, en guise de propos liminaire à un laïus qu’il a, en la circonstance, voulu raisonnablement court. Pour lui, les retrouvailles d’hier sont riches en enseignements, d’autant qu’elles interviennent pour la commémoration d’une date triplement symbolique : le 14 juin qui est en même temps la date anniversaire de l’historique marche des archs de Kabylie, en 2001, le jour anniversaire de la mort dans l’accomplissement de leur métier de deux confrères Adel et Fadhila et, enfin, le date d’entrée et de sortie de prison de Mohamed Benchicou. “Nous sommes unis aujourd’hui, cela prouve qu’au-delà des malentendus, l’Algérie qui se bat sait se réunir et s’unir autour de mots d’ordre généreux telle la défense de la liberté de la presse”, a déclaré Benchicou, poursuivant que “cette Algérie qui se bat a besoin d’une presse libre et forte”. L’honneur de remettre les trophées symboliques aux deux confrères est revenu, comme en 2005, au président d’honneur de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, Me Ali Yahia Abdennour. L’infatigable militant des droits de l’homme a, avant de remettre les prix à leurs récipiendaires, prononcé un discours ou a fait le rappel des conditions dans lesquelles Benchicou a été incarcéré, avant de chuter sur une présentation des deux lauréats, Beliardouh et Kilo. “Tout dans le procès Mohamed Benchicou était étrange et incompréhensible : la date d’inculpation, les charges retenues, le contenu de l’acte d’accusation (…)”, a-t-il rappelé. Fidèle à son engagement pour la défense des libertés de la presse et d’expression, Me Ali Yahia a fait part de la nécessité impérieuse de se mobiliser pour la dépénalisation du délit de presse. “Il faut se battre même si c’est un combat inégal. Il vaut mieux perdre en ayant combattu que de perdre sans l’avoir fait.” De Beliardouh, lauréat à titre posthume du prix Mohamed Benchicou, Ali Yahia dira que “ lorsque l’Algérien est humilié, il oublie qu’il est habité par la vie. Ne pouvant pas supporter l’humiliation subie devant sa famille, puis traîné dans la ville de Tébessa jusqu’à la place du 1er-Novembre, il a préféré se donner la mort en avalant de l’acide. Homme de conviction, pondéré, serein, réfléchi, il a tracé son itinéraire de journaliste d’investigation, en suivant sa route quels que soient les obstacles et les dangers. Seule la mort pouvait mettre fin à son combat”. Et du second lauréat, le journaliste écrivain syrien, Michel Kilo, il soulignera des qualités qui font de lui une référence professionnelle. “Michel Kilo a été arrêté le 14 mai 2006, après avoir signé une déclaration appelant à une réforme des relations syro-libyennes. Il est accusé de “provoquer des dissensions confessionnelles et raciales” de “publier des informations mensongères et exagérées qui ont pour but de porter atteinte au prestige de l’Etat”. Le 13 mai 2007, il a été condamné à 3 ans de prison pour “affaiblissement du sentiment national”. Journaliste, politologue et défenseur des droits de l’homme, Michel Kilo est directeur de “Hourriyat” un centre de défense de la presse et des libertés d’expression”. Ce prix qui lui a été décerné, Michel Kilo devra le recevoir via la FIJ qui, depuis Bruxelles, se chargera de le lui acheminer. Quant au prix décerné à titre posthume à Beliardouh, il a été remis à son épouse. A l’occasion de cette cérémonie, la parole a été donnée aux lauréats du prix les deux années précédentes. Hakim Laâlam, qui l’a obtenu en 2005, a avoué qu’il restait frustré de ne l’avoir pas reçu des mains de Benchicou. Benchicou le lui a re-remis, hier, symboliquement. Notons que plusieurs personnalités ont pris part au rassemblement, entre autres l’ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi, l’ancienne ministre de la Jeunesse et des Sports, Leïla Aslaoui, le président de la LADDH, Me Zehounane, le secrétaire général de l’UDR, Amara Benyounès, Ahmed Djedaï du FFS et des représentants du CCDR, du MDS et des syndicats autonomes. Une gerbe de fleurs a été déposée à l’endroit où ont été tués le 14 juin 2001 les deux journalistes Adel et Fadhila. S. A. I.
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