
Actualités : BOUTEFLIKA SORT DE SA RÉSERVE La fiabilité du complexe Beni Haroun remise en cause De notre envoyé spécial Kamel Ghimouze
Ce qui devait être l’une des plus importantes réalisations de l’Algérie indépendante, à savoir le complexe hydraulique de Beni Haroun, a été hier au centre d’une polémique. Le chef de l’Etat, qui s’est contenté jusque-là d’acquiescer aux comptes-rendus des responsables du secteur dont son ministre des Ressources en eau, a rompu sur le site même de l’infrastructure, son mutisme par une avalanche de critiques et réserves remettant en cause la fiabilité technologique et architecturale de l’œuvre. Au deuxième jour de son périple thématique, faut-il le souligner, dans la mesure où le président de la République a choisi l’itinéraire transcendant cinq wilayas du complexe de Beni Haroun, Bouteflika crée l’évènement en déclarant qu’il est «prêt d’abandonner tout le projet au lieu de prendre le risque d’une catastrophe écologique car c’est une mer qui va se déchaîner sur la région» a-t-il affirmé après avoir évoqué et demandé des explications sur les infiltrations et fuites signalées à même les gros œuvres, de l’infrastructure. Sellal, qui tentait de rassurer le président, avançant qu’une étude est en cours, est stoppé net par Bouteflika qui a ouvertement remis en cause les compétences locales. «Je ne fais pas confiance aux compétence locales dans tous les domaines», a-t-il rétorqué. Poursuivant son réquisitoire, le chef de l’Etat demandera le coût global du projet pour avancer : «Si on ne dépense pas 3 milliards de dollars on ne va pas faire des économies en bout de chandelle.» Plus loin, il reviendra à la charge en reprochant à son ministre des Ressources en eau que l’on n’a pas le droit de jouer avec 3 milliards de dollars. Il ne s’arrêtera pas là non plus et voyait presque rouge devant la station de pompage que l’on dit «la plus puissante dans le monde» ; un prototype conçu par le constructeur français Alstom, exclusivement pour le barrage de Beni Haroun. «Et en cas de panne ?» s’est-il interrogé avant d’enchaîner : «Il est important de donner de l’eau à une population de 6 ou 7 millions d’âmes mais il est difficile de la lui retirer.» Bouteflika ne manquera d’ailleurs pas d’engager personnellement la proposition de plusieurs pompes à étages comme palliatif au risque que peut engendrer une éventuelle panne de la station géante d’Alstom. Une proposition que ni Sellal ni les responsables du secteur présents n’oseront contredire mais bien au contraire, afficheront leur entière approbation. Par ailleurs, le président Bouteflika s’est adonné pour la deuxième journée consécutive à l’exercice qu’il affectionne tant, les bains de foule par deux dans la wilaya de Mila et à Aïn Smara puis à Khroub dans la wilaya de Constantine qu’il n’a rejoint qu’en fin de journée. Pour sa part, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur a annoncé dans un point de presse tenu au cabinet de la wilaya de Constantine, l’octroi de rallonges budgétaires au profit des wilayas de Mila et de Constantine respectivement de 10,312 et 15 milliards de dinars. K. G.
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