Actualit�s : CE MONDE QUI BOUGE
Pays du Golfe, des �conomies bien fragiles
Par Hassane Zerrouky


Au pays d�El Jazeera, le Qatar, sur une population de 850 000 habitants, seuls 20 % sont des Qataris. Le reste, ce sont des immigr�s venant des pays arabes pauvres, d�Inde, du Pakistan� Il en est de m�me des Emirats arabes unis, 4,9 millions d�habitants dont 80% d�immigr�s originaires du sous-continent indien, de l�Asie du Sud-Est et des pays arabes. En d�autres termes, cette main-d��uvre �trang�re est un acteur essentiel de l��conomie de ces riches monarchies du Golfe.
D�un pays � l�autre, la situation des immigr�s est, � quelques nuances pr�s, diff�rente. Aux Emirats arabes unis, hormis dans les secteurs � forte valeur ajout�e � p�trole, gaz, activit�s portuaires, banques et institutions financi�res � o� des immigr�s ayant une comp�tence reconnue disposent de salaires relativement �lev�s, le reste, � savoir la majorit� des immigr�s dispose d�un salaire se situant entre 150 et 300 dollars par mois, selon la nationalit� du salari�. Ils ne b�n�ficient ni d�avantages sociaux, ni de couverture sociale, ni de retraite. Dans cet Eldorado ultralib�ral, o� on construit des palaces, des grands complexes modernes pour r�pondre aux attentes des milliardaires locaux mais aussi �trangers, des parcs de loisirs, des projets immobiliers gigantesques, des habitations grand standing, le plus grand centre commercial du monde, pr�s de 200 000 soci�t�s install�es dans les Emirats emploient cette main-d��uvre bon march�. Et si par malheur, ces immigr�s osent protester contre leurs dures conditions de travail � 12 heures de travail par jour � ils sont expuls�s manu militari. Au Qatar, bien qu�ils soient un peu mieux trait�s, et o� existe un code du travail dont toutefois certaines dispositions ne sont pas applicables aux �trangers, les enfants d�immigr�s ont droit � l��ducation. Mais en mati�re de salaire et de conditions de travail, ils ne sont gu�re mieux lotis. Ici �galement, gare � ceux qui s�avisent de protester ou de faire un arr�t de travail. Reste que la richesse de ces p�tromonarchies demeure fragile. Si le PIB par habitant est l�un des plus �lev�s du monde (60 000 dollars par habitant au Qatar et 30 000 dollars par habitant aux Emirats), il faut savoir que la dette ext�rieure du Qatar et des Emirats arabes unis est tr�s, tr�s lourde. Aux Emirats arabes unis, elle est de 39 milliards de dollars, soit quatre fois plus que l�Alg�rie et repr�sente 30% du PIB. Elle risque de d�passer les 60 milliards de dollars � fin 2008. Certains experts citent m�me le chiffre de 100 milliards de dollars. Autrement dit, les Emirats, 20 fois moins peupl� que l�Alg�rie, va bient�t consacrer ses revenus colossaux tir�s du p�trole � rembourser sa dette. Il en est de m�me au Qatar o� la dette ext�rieure s��l�ve � 42 milliards de dollars. Ce pays doit �galement s�attendre � un retour de b�ton quand il s�agira de rembourser les cr�dits colossaux lui ayant permis sa modernisation. Certes, ces deux pays disposent de fonds dit souverains, g�rant des avoirs estim�s � plusieurs centaines de milliards de dollars. Mais pour l�essentiel, ces sommes colossales sont investies en bons du Tr�sor am�ricain, o� dans des prises de participation boursi�re occidentales (Bourse de New York et de Londres, notamment). Autrement dit, il s�agit d�investissements qui profitent surtout aux �conomies anglo-saxonnes. Et quand on sait que ces pays sont dans une �troite d�pendance politico-militaire vis-�-vis des Etats-Unis, donc dans une posture g�opolitique bien fragile, ils ne peuvent pas, par exemple, retirer du jour au lendemain l�argent investi sur le march� am�ricain ou britannique pour le r�investir dans leurs �conomies respectives. L�argent investi dans ces pays concourt de fait � la croissance du PIB am�ricain et britannique. Une fois investi dans les march�s financiers, il ne leur appartient plus. En conclusion, ceux qui en Alg�rie citent les Emirats ou le Qatar, succombant au charme de ces immeubles de verre donnant de ces pays l�image d�Etats prosp�res, comme mod�les � suivre, seraient mieux avis�s � r�fl�chir � deux fois.
H. Z.

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