P�riscoop : BAZOOKA
"La pens�e ti�de" (2 et fin)
PAR MOHAMED BOUHAMIDI
mbouhamidi2001@yahoo.fr


Vous pensez bien que tout au long de ces chroniques consacr�es � l��norme publicit� autour du dernier roman de Sensal, je me suis interrog� sur l�unanimit� m�diatique parisienne. Excusez du peu : voil� un homme qui dit avoir fait �uvre de fiction tout en se donnant un point de d�part r�el, une hypoth�tique bourgade s�tifienne puis qui brandit, et la presse parisienne avec lui, cette invention pour en faire la pi�ce � conviction, la preuve mat�rielle d�une accusation en nazisme.
Il faut le faire ! Je me suis demand�, �videmment, comment la supercherie d�un proc�s construit sur une �uvre romanesque pouvait �chapper � la sagacit� de ces grands journaux, par ailleurs grands pourvoyeurs de le�ons � l�endroit de notre presse ? Bien s�r, quelque chose cloche dans cette affaire. Il �tait pr�vu de longue date que cette ann�e l�Egypte serait l�invit�e du Salon de Paris puis ce fut Isra�l au pr�texte certainement que cela co�nciderait avec le soixanti�me anniversaire de sa cr�ation. Alors j�ai repris la lecture d�un livre, La pens�e ti�de de l�Anglais Perry Anderson paru aux �ditions du Seuil, car j�avais souvenance qu�il y expliquait quelques dessous de la vie m�diatique et intellectuelle fran�aise en g�n�ral et parisienne en particulier. En r�alit�, il s�agit d�un essai � l��criture fluide, digeste, au style limpide, � l�humour souterrain mais d�capant. Il part d�un constat fait d�une sorte de d�clin de la France et de sa culture et avant d�en chercher les racines. On d�couvre avec lui que ce d�clin s�amorce dans les ann�es 1970 � partir de trois revues cr��es pour combattre l�aura de la gauche et du marxisme et conjurer les p�rils anticapitalistes de l��poque. Le livre est ahurissant. On d�couvre les accointances et les connivences entre les th�mes choisis, les intellectuels et �penseurs� � lancer comme des savonnettes, les hommes politiques et l�argent � partir d�un centre f�d�rateur et planificateur la sixi�me section de l�EHESS (Ecole des hautes �tudes en sciences sociales) et d�un grand coordonnateur en cheville avec les milieux de la finance et de la politique. Tout ce qui est donn� � penser, � voir, � lire est peu organis�, planifi�, dans une grille implacable avec des ramifications et des r�seaux quand dans les apparences ce maillage de la pens�e et cet embrigadement des conscience ne semblent r�pondre qu�� des consid�rations d�sint�ress�es. A tous les coups, cette planification de la �bataille id�ologue� poursuivait des buts politiques imm�diats et consolidait des perspectives � moyen terme. Pas de doute apr�s avoir relu le livre. Il est quasiment impossible que ces histoires, apparemment s�par�es, de d�valorisation de notre guerre de lib�ration soient spontan�es ou en tout cas que leur utilisation soit fortuite. Reste � savoir pourquoi et dans quels buts car il me semble bien, sur la base de ma simple intuition, qu�il ne s�agit pas de solder des comptes coloniaux � notre d�triment mais de pr�parer une sorte de pacte n�ocolonial en y enr�lant de nouvelles forces que la d�ception n�e des r�sultats de l�ind�pendance rendrait plus sensibles aux sir�nes du n�ocolonialisme.
M. B.

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