Chronique du jour : DECODAGES
EFFICACIT� �CONOMIQUE ET SOLIDARIT� SOCIALE
Par Abdelmadjid Bouzidi
abdelmadjidbouzidi@yahoo.fr


Le mod�le social europ�en combinant efficacit� �conomique et solidarit� sociale est en crise. Partout, en Europe, peut-�tre � l�exception de la Su�de et du Danemark, � un degr� moindre, les d�bats vont bon train sur les difficult�s du syst�me de protection sociale : r�formes du syst�me de retraites, nouvelles approches de la gestion du ch�mage sont l�objet de d�bats intenses non seulement entre les hommes politiques de diff�rentes ob�diences mais aussi entre universitaires et autres acteurs de la soci�t� civile.
Pourtant, le probl�me du financement de la protection sociale est � l�ordre du jour. Le pacte de stabilit� qui fixe le d�ficit public autoris� � 3% du PIB est d�ailleurs de moins en moins respect� d�abord par les pays fondateurs eux-m�mes : la France et l�Allemagne. La mondialisation lib�rale de l��conomie a fait red�couvrir aux diff�rents gouvernements europ�ens que l�efficacit� �conomique bas�e sur la rigueur des d�penses publiques avait un co�t social et de nouveaux concepts sont apparus comme pour montrer que l��conomique et le social peuvent �tre compatibles m�me dans ce contexte mondial marqu� par �l��vangile de la comp�titivit�. Ainsi, en est-il des concepts d���conomie sociale de march�, de �socialisme lib�ral� ou encore de �lib�ralisme social�. L�Etat providence est en crise et ce qui est de plus en plus mis en avant par les �conomistes lib�raux pour expliquer cette crise c�est l�incompatibilit� qui est pr�sent�e comme irr�conciliable entre l�objectif de croissance �conomique et celui de solidarit� sociale, c�est-�-dire la n�cessit� de faire avancer l��conomie sans laisser personne au bord de la route et donc en continuant � se soucier du social et de son financement. Les lib�raux rappellent en effet que ce n�est qu�en diminuant les d�penses publiques de solidarit� et autres transferts sociaux qu�on pourrait consacrer plus d�argent � l�all�gement des charges qui p�sent sur l�entreprise, � stimuler sa production et sa croissance et donc � cr�er de l�emploi. Et quel est le premier droit social sinon le droit � l�emploi ? Du m�me coup, on aurait moins de ch�meurs, plus de consommateurs, plus de demande, plus de production et la croissance �conomique est en bout de parcours tir�e vers le haut. De la sorte, on aurait �des lendemains qui chantent � et moins de ch�meurs et d�exclus. A l�origine de la richesse se trouve la rigueur financi�re. Les sociaux d�mocrates plus sensibles � la croissance �conomique dans la solidarit� sociale, r�torquent que ce n�est pas au moment o� les individus ont le pus besoin des autres, c�est-�-dire de la solidarit�, de la d�pense publique et de la redistribution, qu�on les livre � eux-m�mes. Les promesses des lendemains qui chantent ne peuvent apaiser les inqui�tudes des exclus, ni m�me de ceux qui ont un emploi car pour ces deux cat�gories sociales c�est le temps pr�sent, fait de besoins vitaux non satisfait et d�incertitudes sur l�avenir imm�diat, qu�il faut traverser sans gros d�g�ts. On ne peut donc faire de la r�duction de d�penses publiques et des transferts sociaux une politique �conomique de sortie de crise. On laisserait de la sorte enti�re la menace de crise politique qui ruinerait les espoirs de retour � la croissance �conomique. R�soudre la crise de la protection sociale et donc sauver l�Etat providence, c�est mettre en p�ril l�entreprise. Si l��conomie mondiale est aujourd�hui mue par la comp�tition et la concurrence, plus on all�ge l�entreprise des charges obligatoires qui p�sent sur elle (imp�ts, charges sociales...), et plus on diminue ses co�ts et on am�liore sa comp�titivit�. Et l�entreprise est bien �videmment au c�ur du processus de fabrication de la croissance. L�efficacit� �conomique, productive et financi�re se heurte aux revendications sociales, non seulement salariales, mais aussi et surtout de financement par l�entreprise du budget social de la nation. Ce d�bat � l�ordre du jour en Europe, dont le mod�le repose sur la compatibilit� entre l�efficacit� �conomique et la solidarit� sociale, est bien �videmment pr�sent aussi dans notre pays. Mais chez nous, les facteurs de non-croissance auxquels fait face l�entreprise touchent � d�autres domaines m�me si les charges qui p�sent sur l�entreprise m�ritent d�bat. Dans notre pays, c�est plut�t le mauvais fonctionnement du syst�me �conomique, la lourdeur de l�administration �conomique et un mode de fonctionnement de l��conomie nationale archa�que et inefficient qui expliquent la croissance molle et son tr�s faible impact sur la r�sorption du ch�mage qui est g�r�e par le budget de l�Etat. Le climat des affaires n�est pas bon. Trop de dysfonctionnements dans l�appareil �conomique, des d�lais tr�s longs de traitement des dossiers, des difficult�s �normes d�acc�s au foncier et au financement, l�inefficacit� des r�seaux de communication... toutes ces difficult�s brident compl�tement l�entreprise et expliquent ses insuffisantes performances et l�absence de progr�s dans ce domaine. L�entreprise est alors tr�s faiblement cr�atrice de valeurs et son apport au financement du syst�me de protection sociale est largement insuffisant soit par fait d�insuffisance de r�sultats, de non-respect de la l�gislation sociale ou tout simplement de fraude fiscale. D�s lors, en Alg�rie, au commencement de l�action, il y a les r�formes �conomiques entam�es � la fin des ann�es 1980 mais toujours sur le m�tier. Seules celles-ci pourront am�liorer le fonctionnement du syst�me �conomique et donc sa performance et son rendement. Alors les programmes de soutien � la croissance produiront leurs effets et le retour � la croissance entra�nera le retour � l�emploi et les deux contribuent � pr�server notre mod�le de protection sociale.
A. B.

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