Chronique du jour : ICI MIEUX QUE LA-BAS
Sans voix...
Par Arezki Metref
arezkimetref@free.fr


Nous avons, en Alg�rie, les lecteurs parmi les plus r�actifs au monde. Quand un journal, un article, une phrase ou m�me un mot les titille, les d�soriente ou leur convient, ils n�h�sitent pas. Ils prennent leur plume ou leur souris, ils la trempent dans le nectar de l��loge ou dans le vitriol, dans le miel ou le fiel et, presque instantan�ment, ils vous font savoir leur adh�sion ou leur r�serve.
La lecture de la presse peut aussi les inspirer et elle r�v�le alors en eux des chroniqueurs aux aguets dans leur inconscient. Il nous arrive de recevoir des r�actions de lecteurs qui m�ritent d��tre publi�es telles quelles, sans bouger une virgule de peur de perturber la coh�rence emplie de punch qui leur est imprim�e. Cette coh�rence dans la col�re est en soi r�v�latrice de deux choses. La premi�re est que, de fa�on g�n�rale, et c�est � peine un euph�misme, la situation �conomique et sociale est loin d��tre satisfaisante pour des pans entiers de la population. C�est bien entendu peu dire. Ce qui n�emp�che pas qu�on continue � prendre les victimes des injustices sociales pour des victimes concomitantes de la finesse : on leur impose des diversions grosses comme des canulars. Va savoir d�ailleurs si c�en n�est pas. Comme cette histoire invraisemblable de troisi�me mandat. La deuxi�me r�v�lation est un rappel : m�me s�ils ne sont pas audibles parce qu�on les a rendus inaudibles, nos lecteurs savent rendre coup pour coup d�mentant, ce faisant, le fallacieux unanimisme autour du pouvoir que l�on veut nous faire passer pour l�opinion publique. Non, ils s�int�ressent au destin de leur pays, � toutes les questions qui s�y rapportent dans les secteurs les plus diff�rents et ils ont cette capacit� de d�composer les ph�nom�nes sociaux et politiques. C�est avec int�r�t que nous d�couvrons ces messages qui nous sont envoy�s avec l�espoir que nous les relayions pour qu�ils arrivent � d�autres lecteurs. Pour en saisir la couleur et la col�re, et la lucidit�, nous avons choisi d�en publier int�gralement deux. Ils portent sur des sujets tr�s �loign�s l�un de l�autre. Encore que... Le lien est quelque part� Comment fabrique-t-on des harragas ? R�ponse de ce m�decin : �Je voulais m'adresser � vous juste pour vous exposer un parmi tant d'autres probl�mes que nous vivons, nous la soci�t� alg�rienne. Entre autres, celui de ma corporation, des m�decins exer�ant ici en Alg�rie, dans nos h�pitaux. Il s'agit en fait d'un probl�me de r�glement en ce qui concerne l'exercice de cette fonction au niveau de la fonction publique et des applications des lois telles quelles ont �t� �tablies. Pour �tre plus pr�cis, je voulais parler du r�glement concernant la d�mission d'un m�decin de la fonction publique. Le r�glement stipule (Journal officiel du 16 juillet 2006) que le d�lai du pr�avis est de deux mois. Ce d�lai peut �tre prolong� par l'employeur pour une raison ou pour une autre justifi�e sans exc�der deux autres mois. Autrement dit, le d�lai maximum est de tout au plus 4 mois. Or au minist�re de la Sant�, on ne vous d�livre le document en question qu'apr�s avoir pass� un d�lai de 9 mois et on vous crie que c'est le r�glement et que le Journal officiel, ils n'en ont rien � battre. Je me retrouve, pour ma part, coinc� pour avoir d�missionn�, et ayant trouv� un poste ailleurs, ne pouvant prendre ma nouvelle fonction faute de ma d�mission non d�livr�e par le minist�re de la Sant�. Mon nouveau poste va �tre tout simplement suspendu et je me retrouverai au ch�mage. Pourquoi je vous �cris ? Parce que je suis un parmi des milliers qui en ont marre de ce pays et qui a besoin de faire entendre sa voix. On parle des harragas tr�s souvent dans nos quotidiens, on en parle tellement et avec les circonstances et contexte de chacun on est pouss� � embarquer dans ces bateaux de fortune. J'y pense s�rieusement car je n'ai aucun parent de l'autre c�t� et je n'ai aucune chance d'avoir un visa pour l'immigration. Vous serez tr�s aimable de bien vouloir glisser quelques mots � ce sujet dans votre chronique, je vous en remercie.� Comment choque-t-on � partir d�un minbar ? Un lecteur de Hassi Messaoud explique : �J�ai quelque chose � te raconter : un fait habituel chez nous, il n'est pas sans cons�quence lors de la pri�re d'avant le Nouvel An, ici, � Hassi Messaoud. Un vendredi l'imam, il n'avait rien d�autre � dire que d'interdire aux fid�les pr�sents de souhaiter bonne ann�e 2008 � leurs familles ou autre� Pourquoi ?� Parce que c'est une f�te chr�tienne Il r�cidive avec quelque chose de plus grave encore en criant haut et fort que la da�ra des Ouadhias de Tizi-Ouzou est en danger ; les chr�tiens ont pris la place des musulmans ; on dirait que c'est nouveau chez nous. Alors que les �glises, y en a partout en Alg�rie, dans toutes les r�gions d'Alg�rie avec leurs adeptes. Pourquoi il prend l'exemple de la Kabylie ? N'est-ce pas pour monter une partie de la population contre une autre ? D�j�, le pouvoir divise les Alg�riens politiquement. Lui, il essaie de les diviser sur la chose qui les unit vraiment (l�islam) en tant qu�Alg�riens musulmans. Au lieu de d�noncer les attentats contre ses fr�res alg�riens et les d�passements, la hogra, la corruption du pouvoir, il a les yeux riv�s sur la Kabylie ; il a peur pour le biled el muslimin alors qu'ici, devant sa porte, il y a des chr�tiens � Ouargla, Touggourt, Biskra, et j'en passe. Cela me choque beaucoup.�
A. M.

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