Monde : MUNICIPALES DEMAIN EN FRANCE
Un v�ritable test national


Les Fran�ais et �trangers europ�ens r�sidant en France sont appel�s � voter aux municipales, demain (dimanche 9) et dimanche 16 mars (deuxi�me tour) au besoin.

De notre bureau du Soir � Paris, Khad�dja Baba-Ahmed,

Ils choisiront l��quipe qui dirigera leur municipalit� pendant six ans. Dix mois apr�s l��lection pr�sidentielle qui a amen� la droite et Sarkozy au pouvoir, les enjeux de cette consultation, quoi qu�on en dise, seront beaucoup plus nationaux que locaux. C�est justement ce que craint pardessus tout la droite dont le repr�sentant Pr�sident a connu depuis plus de six mois une descente vertigineuse dans les sondages, m�me si sa cote se rel�ve ces derniers jours tr�s timidement. Le parti au pouvoir craint par-dessus tout que ce vote local soit un vote-sanction, une revanche sur celui qui a tant promis aux Fran�ais qui ne voient rien venir, notamment en termes de pouvoir d�achat qui se r�tr�cit comme une peau de chagrin. Si dans une premi�re phase de la campagne �lectorale, la grogne et la d�ception grandissantes de ceux qui ont vot� Sarkozy apparaissaient comme du pain b�ni pour les partis de l�opposition, notamment le Parti socialiste, au fur et � mesure de la proximit� de la consultation, la gauche s�est mise � craindre une forte abstention et a martel� � l�adresse de ses militants et sympathisants que rien n�est acquis, qu�il fallait aller voter et qu�il fallait, en plus, r�cup�rer au moins 30 villes parmi les 40 de plus de 20 000 habitants perdues aux derni�res municipales de 2001 et faire en sorte que la gauche dirige un peu plus de villes de cette taille-l� que la droite. Pour la gauche globalement et le Parti socialiste en particulier, le succ�s aux municipales et cantonales pourrait effacer les �checs essuy�s en 2007, faire rebondir et revigorer les troupes. Dans le cas d�un succ�s � cette consultation, la gauche parviendrait- elle � r�gler les probl�mes internes de fond, notamment � profiter de ce rebond pour constituer un front de gauche, accoucher d�un v�ritable programme alternatif et d�un projet de soci�t� diff�rent de celui men� par Sarkozy ?
Etat des lieux
Les �lecteurs iront voter pour 36 000 communes fran�aises. Ils �liront les conseillers municipaux. Le conseil municipal, compos� de 9 � 163 �lus selon la taille de la commune, �lira, � son tour, dans une seconde phase, son maire. En m�me temps que les municipales, les �lecteurs renouvelleront pour moiti� (soit dans 3 000 cantons) les conseillers g�n�raux, un par canton. Depuis les derni�res cantonales, la gauche d�tient 51 des 101 cantons et compte �largir sa domination d�autant que les conseillers g�n�raux font partie des grands �lecteurs qui participent aux s�natoriales et que les �lections pour le S�nat se d�rouleront � l�automne prochain. Les �lections municipales se d�roulent au scrutin majoritaire dans les villes de moins de 3 500 habitants. Dans les villes de plus de 3 500 habitants, la liste qui recueille la majorit� absolue des suffrages obtient la moiti� des si�ges et l�autre moiti� est r�partie � la proportionnelle entre toutes les t�tes de liste ayant obtenu plus de 5% des suffrages. Il faut savoir que pour se maintenir au deuxi�me tour, une liste doit avoir plus de 10% des suffrages et obtenir 5% pour fusionner avec une autre. A la veille de ces municipales, selon une enqu�te CSADexia ( Le Monde du 7 mars), les listes soutenues par la gauche obtiendraient 44% des voix au premier tour contre 41% pour la droite, 7% pour les listes MoDem, 2% pour l�extr�me gauche, 2% pour le Front national et 4% pour diverses listes.
Quels enjeux pour les partis ?
L�euphorie de la droite qui avait imm�diatement succ�d� � la pr�sidentielle n�est plus de mise. Pour l�UMP, il s�agit aujourd�hui de limiter les d�g�ts provoqu�s au sein de l�opinion publique par les neuf mois de pr�sidence Sarkozy. En difficult� dans plusieurs grandes villes, l�UMP � la veille des �lections est tr�s prudente et cherche � obtenir �un r�sultat convenable et gagner plus de villes que d�en perdre�, selon son secr�taire g�n�ral. Pour l�extr�me droite, avec un FN en d�confiture (organiquement et financi�rement mais pas sur le plan des id�es reprises sournoisement par d�autres partis !), les chances de gagner des villes sont minces, m�me si deux cents listes sont pr�sent�es � ces �lections. Le seul r�sultat � observer est celui de la commune de H�nin-Beaumont o� Marine le Pen est deuxi�me sur la liste. En cas de victoire de la fille du pr�sident du FN, ce parti pourrait se donner du tonus et rena�tre de ses cendres. A gauche, l�objectif pour ces municipales est tr�s ambitieux : gagner plus de villes encore en tablant sur un vote-sanction et revenir, � la faveur de ce scrutin, au devant de la sc�ne pour constituer une alternative. Pour le PS en particulier, avec une vague rose, le prochain congr�s du parti avec un changement de staff en sera facilit�. Le Parti communiste, qui d�tient 807 mairies aujourd�hui, cherche avant tout � garder ses communes ou que les listes de gauche maintiennent ou conqui�rent le maximum de communes. Des listes communistes ou avec des candidats communistes permettront au PC de compter encore dans le paysage politique fran�ais. Pour les Verts qui sont sur les listes de gauche, l�enjeu semble plus consister en l�empreinte qu�ils donneront � l��cologie au plan local qu�en nombre d��lus. L�extr�me gauche, qui ne figure pas dans les listes de gauche (le PS ayant pr�f�r� une alliance avec le MoDem) en se pr�sentant seul, risque d�y laisser sa peau. Le MoDem, parti centriste de Fran�ois Bayrou, pr�sente 420 listes. M�me pr�sent dans les listes de 70% des villes de plus de 30 000 habitants, le parti jouera essentiellement l�arbitre, � droite et � gauche, c�est selon. N�anmoins, le MoDem s�investit essentiellement dans deux villes, celle de Pau o� se pr�sente Fran�ois Bayrou et celle de Paris, o� Marielle de Sarnez p�sera dans le deuxi�me tour entre l�UMP et le PS o�, en principe, elle ralliera le PS. Fran�ois Bayrou, qui a vu de tr�s nombreuses d�sertions de ses rangs, pourra, � la faveur de ce scrutin, savoir si r�ellement le MoDem peut constituer une troisi�me voie, comme il continue � le revendiquer.
Les grandes villes test
Le rapport des forces est nettement favorable pour la gauche dans nombre de grandes villes. Paris, cela va de soi, constitue la ville la plus observ�e dans ce scrutin. Actuellement dirig�e par la gauche, son maire, Bertrand Delano� (PS), se repr�sente avec un bilan consid�r� comme positif, que ses opposants ont des difficult�s � cacher � l�opinion. Les listes Delano� sont cr�dit�es de 41% des intentions de vote. Celles de Fran�oise de Panafieu (UMP) de 33%, largement devant les Verts (5%) et le MoDem : 11%. Avec ce dernier, le maire sortant, s�il confirmait les pronostics, devra certainement composer pour le deuxi�me tour, un renversement d�alliances, ce qui n�est pas du go�t des Verts, tr�s largement pr�sents jusqu�ici � Paris, des communistes, des radicaux de gauche et chev�nementistes. Lyon, Lille, Rennes devraient �tre conserv�es par la gauche. Cette derni�re a aussi toutes les chances de faire basculer dans son camp Toulon et reprendre la ville de Strasbourg. A Bordeaux, l�ancien Premier ministre Alain Jupp� (UMP) est quasiment donn� vainqueur. A Marseille, la deuxi�me ville de France, les deux duellistes, Jean-Claude Gaudin, le maire sortant (UMP), et Jean-No�l Gu�rini (PS) sont au coude � coude dans les sondages. Une d�faite de Gaudin serait une v�ritable catastrophe pour le parti de droite qui dirige la ville depuis la victoire du maire sortant en 1995. Pour le Parti socialiste, une victoire � gauche dans cette ville, qui a vot� � la pr�sidentielle � 55%, pour Sarkozy, constituerait une r�volution.
Aucune loi n�oblige la diversit� dans les listes
La repr�sentation de la diversit� de la population ou des minorit�s visibles parmi les candidats ne fait l�objet d�aucun text et ce, malgr� les demandes pressantes des associations qui demandent que les institutions soient aux couleurs de la soci�t� fran�aise. Aux l�gislatives derni�res, les partis, de droite comme de gauche, ont investi des candidats de la diversit� mais dans des circonscriptions quasi imprenables. C�est ce qui explique qu�aucun candidat de la diversit� n�ait �t� �lu d�put�. Pour ces �lections municipales et selon le Comit� national de la diversit� cr�� pour faire pression pour plus de diversit� et surveiller la composition des listes, il y aurait, dans les villes de plus de 30 000 habitants, 7% de candidats de la diversit� dont la moiti� est en position d��tre �lus. Le pourcentage est de 6% pour les villes de 20 000 habitants et 50% de ces candidats sont l� aussi en position d��tre �lus. Les t�tes de liste issues de la diversit� sont au nombre de 40 dans les listes sans �tiquette, de 30 pour le MoDem, 20 pour le PS, 16 pour l�UMP, 15 pour les divers gauche et 8 pour les Verts.
La faible pr�sentation des femmes : seules 6% de communes ont une femme maire
 La parit� hommes-femmes inscrite dans la loi constitutionnelle du 8 juillet 1999 et dans �la loi sur la parit� de juin 2000 (de Lionel Jospin) oblige les partis � pr�senter dans tous les scrutins de liste, une moiti� de candidats de chaque sexe � une unit� pr�s. Sont concern�es par ces dispositions, les �lections europ�ennes, s�natoriales dans les d�partements ayant trois si�ges ou plus, les r�gionales et municipales dans les communes de 3 500 habitants et plus. Ces dispositions ont �t� appliqu�es pour la premi�re fois aux municipales de 2001. Depuis la loi sur la parit� (selon les chiffres tir�s du blog de Mehdi Ouraoui), les conseils municipaux sont constitu�s � 47% par des femmes et � peu pr�s dans la m�me proportion dans les conseils r�gionaux. Cependant, la parit� n�est que de fa�ade : 6,6% des communes sont dirig�es par des femmes et 10,9% de femmes forment les conseils g�n�raux. L�Assembl�e nationale �lue en 2007 n�est constitu�e que de 107 femmes sur un total de 577 d�put�s. A ces �lections municipales, l�UMP a investi moins de 15% de femmes t�tes de liste qui plus est dans des contr�es imprenables. Le Parti socialiste qui s�est un peu plus engag� dans cette parit� pr�sente 25% de femmes t�tes de liste, ce qui reste, l� aussi, tr�s insuffisant.
K.-B.-A.

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