Chronique du jour : KIOSQUE ARABE
Piti� pour les pauvres riches !
Par Ahmed Halli
halliahmed@hotmail.com


Finalement, les fabuleuses richesses de l�Orient que d�tiendraient des princes arabes, poss�dant haras, fauconneries et �levages de� tourterelles, ne seraient que� fables. En r�alit�, le monde jauge beaucoup plus les Arabes sur leurs frasques et leurs d�penses somptuaires que pour leur fortune r�elle. L�imagerie occidentale les repr�sente jouant au casino ou s�adonnant � des jeux tr�s chers et tr�s ill�gitimes mais elle en oublie la r�alit� des comptes en banque.
Le dernier classement des milliardaires du monde, �tabli par le magazine Forbes est �difiant � ce sujet. Le premier milliardaire arabe (en dollars bien s�r) n�est que 19e au classement mondial de la cat�gorie. Il s�agit, vous l�aurez devin�, d�un Saoudien, le prince Walid Ibn Talal en l�occurrence, propri�taire de journaux et de t�l�visions, � ses heures perdues. La fortune du prince saoudien est �valu�e � 21 milliards de dollars. C�est beaucoup pour un Palestinien de Gaza et m�me pour un dirigeant du Hamas fortun�, comme tout leader islamiste se doit de l��tre. Mais ce pactole ne repr�sente qu�un tiers du matelas de dollars (62 milliards) sur lequel tr�ne l�Am�ricain Warren Buffet, premier milliardaire au palmar�s 2008. Ce dernier a supplant� le roi de la puce informatique, Bill Gates, rel�gu� pour la premi�re fois � la troisi�me place. Le Kowe�tien Nasser Al- Kharafi occupe la 46e place mondiale avec ses 14 milliards de dollars. Il est talonn� par l�Egyptien Naguib Sawiris, vous savez, celui de la puce Djezzy qui nous fait des prix � l�occasion, et qui p�se 12,7 milliards de dollars. Je me suis laiss� dire, en passant, que l�Alg�rie ne devrait pas �tre �trang�re au chiffre qui vient apr�s la virgule. L�Alg�rie a toujours pris en piti� les pauvres riches, ceux qui construisent pour �lawlidate � (terme pudique pour d�signer une prog�niture nombreuse et avide). C�est d�ailleurs surprenant : il n�y a aucun Alg�rien parmi les 1 125 milliardaires r�pertori�s par Forbes. Il y a comme une blessure d�amour-propre quelque part si tous ceux qui nous grugent et nous volent n�arrivent pas � acc�der au gotha mondial. C�est d�sesp�rant si tous les efforts que nous d�ployons depuis 1962 pour nous doter d�une classe riche et portant beau n�aboutissent pas. Est-ce pour cela que nous avons n�glig� l��ducation, le logement et d�autres besoins accessoires pour aboutir � ce triste r�sultat ? N�est-il pas navrant d�avoir � assumer nos pi�tres performances �conomiques, culturelles et sportives et de subir cette honte en plus : �chouer dans la seule discipline o� nous sommes particuli�rement dou�s. Atteindre de si hauts niveaux de r�ussite en mati�re d�accumulation de richesses, au d�triment de la collectivit�, et ne pas �tre, pour une ann�e au moins, le dernier milliardaire. Je veux bien �chouer en coupe du monde, en coupe d�Afrique et m�me en interquartiers mais pas dans notre sport d��lite. Je refuse, par orgueil national et par patriotisme, que nos milliardaires fassent grise mine devant la cr�me des richesses, acquises � la sueur de tous les fronts. Et qu�on ne vienne pas me raconter que le club des 1 125 n�est pas un club de voleurs ! Je suis s�r qu�en cherchant bien, on en d�busquera au moins quelques centaines qui peuvent correspondre aux normes nationales en la mati�re. Que diable ! Il n�y a pas que des Sawiris et des Ibn Talal dans cette armada hupp�e, on doit bien y d�busquer une bande de coupe-jarrets ou un groupe de chenapans. Ce qu�il nous faut, c�est un sursaut national. Nous devons aborder d�sormais cette comp�tition avec s�rieux, faire preuve d�abn�gation et consentir les sacrifices n�cessaires. Il est peut�tre n�cessaire d�envisager la cr�ation d�un fonds de solidarit� pour nos milliardaires qui ont trop de pudeur pour r�clamer de l�aide. Gr�ce � cette contribution, vers�e par des voies occultes, dans les banques internationales idoines, nos repr�sentants seront en mesure de concourir. Comme le note, toutefois, Digital-Elaph (la version papier du journal �lectronique Elaph), les milliardaires arabes seraient plut�t � plaindre puisque la plupart d�entre eux ont perdu des points en 2008. Les grands richards arabes ont recul� de plusieurs places au classement en raison des pertes subies dans la crise des subprimes. Les Arabes investissent surtout dans la pierre et les remous qui ont frapp� l�immobilier am�ricain ont eu des r�percussions n�gatives sur leurs revenus. C�est ainsi que le prince Al-Walid a laiss� des plumes, passant du 13e au 19e rang � cause de ses participations � la City Bank, frapp�e de plein fouet par la crise de l�immobilier. La m�me m�saventure est arriv�e � un autre milliardaire saoudien actionnaire, lui, de la HSBC. Ajoutez � cela les pertes subies dans leurs propres pays par ces investisseurs � cause de la d�pr�ciation du dollar, monnaie unique des transactions. Selon le magazine qui cite des experts arabes de la finance, les fortunes qui ont progress� sont celles des Asiatiques qui ont su faire des placements plus judicieux, notamment dans les secteurs industriels dop�s par le rench�rissement des prix du p�trole. Il ne faut pas grand-chose de nos jours, d�ailleurs, pour fabriquer un milliardaire en dollars. J�ai eu la surprise en parcourant la liste reprise par Elaph, le magazine �lectronique �dit� � Londres, de trouver le nom du t�l�pr�dicateur �gyptien Amr Khaled. Ce dernier, selon le classement de Forbes dispose d�un capital appr�ciable avoisinant les 2 milliards de dollars. Amr Khaled n�a pas b�ti sa richesse avec la sueur des musulmans mais avec leurs larmes. Il poss�de, en effet, le rare talent de faire pleurer les musulmans, et surtout les musulmanes, rien qu�en racontant le meurtre d�Abel par Ca�n. Pour titiller les glandes lacrymales des croyants na�fs, vous ne trouverez pas mieux que Amr Khaled. Plus les tr�pas qu�il d�crit sont proches de nous, plus imp�tueux sont les flots de larmes. Evalu�s en dollars, les pleurs musulmans sont donc cot�s � la bourse des pr�dicateurs m�me s�ils n��meuvent pas outre mesure celui qui les d�clenche. Ce milliardaire distingu� par Forbes a m�me eu l�outrecuidance de proposer une journ�e de je�ne pour Gaza � ses compatriotes. Ce qui l�a dispens� de mettre la main � la poche pour aider ces Palestiniens qui ont d�cid�ment bon dos et servent d�alibi � toutes les causes troubles et � tous les exc�s. Il serait bon qu�un jour les mortellement patriotes que sont Amr Khaled et quelques footballeurs, en mal de c�l�brit�, s�entourent de ceintures explosives et nous fassent appr�cier leur foi et leurs engagements d�tonants. Ils pourraient se faire aider par les enfants des dirigeants du Hamas qui n�ont pas encore d�fray� la chronique kamikaze. Et puisque ces messieurs ambitionnent de nous ramener aux temps h�ro�ques de l�Islam, pourquoi ne pas prendre la t�te de leurs troupes et charger l�ennemi. Ils le font si bien dans les pr�ches et les discours aux croyants qu�ils nous donnent envie de les voir � l��uvre. Mais tant que je n�aurai pas vu un dirigeant du Hamas envoyer son fils � la mort, comme il le fait pour les enfants des autres, je reste sceptique. Et mon scepticisme se nourrit aussi bien du classement mondial des milliardaires que des appels d�sesp�r�s de la kasma d�Assi-Youssef � un troisi�me mandat.
A. H.

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