P�riscoop : BAZOOKA
LES D�COMBRES SUR LA PLAGE
PAR MOHAMED BOUHAMIDI
mbouhamidi2001@yahoo.fr


Tout l�hiver, la mer a roul� ses vagues, houle apr�s houle et, sur la plage, les murs debout comme un rhumatisme de b�tisse b�ante ont hurl�, avec le vent, de toutes leurs fen�tres d�soss�es. Les enfants n�y descendaient plus qu�aux moments des accalmies pr�caires quand un soleil timide soulignait le passage paresseux de nuages languissants.
L�, ils dansaient autour des barques aux peintures �caill�es, squelettes abandonn�s aux attaques humides du sel, face tourn�e au sable, allong�es en blessures pudiques et vieillies avant que les marins ne viennent, au grand soleil revenu, leur raconter la vieille romance de leurs mains calleuses et de leurs meurtrissures � tirer cordes et filins, filets et poissons m�l�s. Sur les d�combres, les enfants ont �crit ce qui leur passait par la t�te ; il �tait plus s�r de confier � ce fant�me de pierres percluses par le sel l��vanescent de leurs pens�es et de leurs premiers tourments, un ossuaire de l�esp�rance avant m�me qu�ils n�aient fini leurs premiers r�ves face � cette eau grise, bleue, verte que survolent, parfois, les mouettes bruyantes dans un bref passage au-dessus de leurs t�tes sonnantes. Avant l��ge, ils y portent la foule et elles en bruissent d�une rumeur qui enfle comme une tumeur d�un coin de la plage � la pointe d�un rocher si petit qu�il en est invisible, jumeau de brumes qui leur enveloppent l�avenir que leur laissent entrevoir le dernier d�part secret, le dernier voyage supput�, les derni�res nouvelles du dernier qui a franchi l�immense obstacle d�eau mouvante et jamais apais�e de revenir sur la plage, jour apr�s jour, heure apr�s heure, minute apr�s minute, comme si les noces de la mer et de la terre ne devaient jamais cesser de temp�ter en jours de calme caniculaire. Et leur t�moin a si longtemps assist� � leurs �bats qu�il n�en reste plus que ces murs l�preux que le enfants ne savent plus comment les appeler, ne savent plus quelle histoire de corsaires ou de janissaires leur inventer, compensant par le tour rituel des formules, des phrases, des noms de filles que leurs a�n�s avaient inscrits avant de partir et avant que le grand soleil d��t� ne vienne r�chauffer les d�combres, mettre les barques � la mer et suspendre dans la chaleur d�une saison les m�lancolies des soirs humides.
M. B.

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