�Parole aux artistes� est l�intitul� des rencontres mensuelles qu�organise, depuis d�j� trois ans, Slimane Belharat, enseignant du secondaire et animateur de l��mission �Il y a cela et plus que cela�, diffus�e tous les vendredis � 17 h sur les ondes de la Cha�ne II. �Parole aux artistes� est une occasion pour les invit�s de l�animateur, fort bien connu dans toute la r�gion et m�me au-del�, de rencontrer leurs publics respectifs.
Une rencontre en live qui permet de d�battre avec ces artistes des p�rip�ties qui ont jalonn� leur vie professionnelle. Une si bonne occasion aussi, en dehors des galas, des rares passages � la t�l�vision, des expositions et des hommages, pour ces artistes de se confier � c�ur ouvert � leurs admirateurs. Le rendez-vous de ce mois a permis aux auditeurs de la Cha�ne II de faire plus ample connaissance avec la c�l�bre animatrice de l��mission �D�une fontaine � l�autre�. Il s�agit en l�occurrence de Khadidja Chikhi, qui exerce avec brio ses talents de sociologue pour faire vivre ou revivre � ses auditeurs le r�le �minemment social, convivial et culturel de la fontaine pour la femme kabyle. Plus intense et syst�matique autrefois qu�aujourd�hui, quelque peu battu en br�che par le robinet � domicile, ce r�le subsiste encore dans la majorit� des villages et hameaux de la wilaya de Tizi Ouzou. Les m�mes aptitudes talentueuses se d�clinent chez l�h�te de Slimane Belharat dans l�observation, l�interpr�tation et l�analyse des faits sociaux dans une seconde �mission intitul�e �La soci�t� au jour le jour�. Mais Khadidja Chikhi n��tait pas venue � ce rendez-vous pour parler de ses �missions, de son cursus scolaire et universitaire, de ses titres universitaires et talents de sociologue ou encore d�animatrice radiophonique, non, pas du tout. Ou alors seulement � la demande des pr�sents, nombreux � la solliciter, � la f�liciter pour son travail et lui demander davantage a chaque fois. Elle a accept� de se soumettre avec une grande modestie aux questions du public. Ses r�ponses ont r�sonn� de simplicit� �clairant les pr�sents. En toute humilit� et sans trop s�attarder sur son sort et ses m�rites, sur sa famille, son itin�raire professionnel et sur les difficult�s de son m�tier, r�v� depuis l�enfance. Et enfin concr�tis� en 1989 par le concours de la providence. Khadidja est de m�re berb�re marocaine et de p�re alg�rien. Ses parents, victimes d�un diff�rend entre Alger et Rabat, s�installent en 1967 en Kabylie. A Mekla, village natal de son p�re. C�est le d�but d�une gal�re autant pour la m�re qui devait s�int�grer dans un environnement qui n��tait pas le sien et notamment pour son p�re livr� au ch�mage. Contraint, il d� finalement accepter un emploi aux ponts et chauss�es. � l��poque, il �tait pay� en nature. Juste pour ne pas mourir de faim. Expos� aux intemp�ries sans �quipement de protection, il tomba gravement malade. Instruit par l�exp�rience, il veilla, avant de quitter de monde, � l�instruction de ses filles. Invit�e, sur son lit de mort, Khadidja a pr�t� le serment de poursuivre ses �tudes jusqu�au bout. Le v�u de son p�re �tait aussi le sien. Elle savait que pour r�aliser son r�ve d�int�grer la radio il lui fallait travailler dur, avoir des bagages intellectuels � m�me de satisfaire les exigences des responsables ainsi que les besoins et la curiosit� des auditeurs. Elle a horreur de dire n�importe quoi et de n�importe quelle fa�on sachant, par ailleurs, qu�une fille du peuple, issue d�un milieu pauvre, ne peut compter que sur ses propres capacit�s � convaincre les plus r�calcitrants dans un environnement reconnu misogyne. Elle eut raison de tous les obstacles rencontr�s sur son chemin. A la radio, elle passait pour �tre berb�riste aux yeux des biens-pensants avant que les �v�nements n�aboutissent � l�officialisation de tamazight comme langue nationale. Chose, dit-elle, dont je n�ai jamais dout� tant elle �tait �vidente pour tous ceux qui ne cherchent pas � occulter l�histoire et la r�alit� de nos jours.
B. T.

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