Actualit�s : Entretien LE COLONEL ALI HAMLAT, ALIAS EL HADI, ALIAS YAHIA, AU SOIR D�ALG�RIE Voil� comment sont n�s les services secrets alg�riens� Entretien r�alis� par Mohamed Chafik Mesbah
Mohamed Chafik Mesbah : sur le plan social, quelle �tait l�origine
des membres de cette promotion Larbi Ben M�hidi ?
Ali Hamlat : Encore une fois, tous �taient issus, en r�gle g�n�rale,
de familles de r�fugi�s, de fonctionnaires au service du gouvernement
marocain ou, accessoirement, de commer�ants et d�agriculteurs �tablis au
Maroc de longue date. La petite bourgeoisie, pour utiliser une
formulation marxiste�
Abordons, si vous le permettez, un aspect li� aux attaches politiques
des membres de cette promotion qui aurait comport� des marxistes av�r�s�
Il ne faut pas forcer les mots. C��tait plus une coquetterie
intellectuelle. Progressistes oui, les jeunes �tudiants alg�riens
l��taient car ils ne pouvaient pas �chapper au courant de l�histoire. A
l��poque, les jeunes Alg�riens au Maroc qui vivaient dans un cadre
totalement ouvert �taient influenc�s par les courants politiques
contemporains. Il y avait des id�es en l�air, celles du mouvement
existentialiste de Jean-Paul Sartre comme celles du courant marxiste
proprement dit.
La promotion aurait pourtant bel et bien comport� des marxistes�
Dire de quelqu�un qu�il est marxiste, c�est supposer, sans doute, qu�il
a une formation marxiste mais, surtout, qu�il est structur� dans un
mouvement communiste. Ce n��tait pas du tout le cas pour les membres de
la promotion Larbi Ben M�hidi. Je me rappelle, tout particuli�rement, de
mon compagnon Youb Rahal (Tewfik). Il �tait f�ru de marxisme mais pas
pour autant structur� dans un parti marxiste. Tomb� au champ d�honneur,
il avait, en effet, dans sa musette des paquets de cigarettes � il
fumait beaucoup � et le fameux livre de Karl Marx Le Capital. S�il
s�enflammait, il est vrai, lorsqu�il engageait une discussion sur les
id�es marxistes, c�est plus l�exercice intellectuel qui l�int�ressait.
C��tait un homme attachant et patriote jusqu�� l�infini. C�est avec
�motion que je me rappelle de lui.
La formation �tait francophone. Y avait-il des arabisants parmi les
membres de cette promotion ?
Pratiquement, non�
� propos de cette promotion, juste pour l�illustration, pouvez-vous
citer quelques noms de membres ayant eu une destin�e nationale ?
L�un des membres les plus �minents de cette promotion fut
paradoxalement et de facto, le colonel Houari Boumediene lui-m�me. Les
cours �taient, en effet, enregistr�s aussi bien que les conf�rences
donn�es tous les quinze jours par chacun des membres de la promotion.
Houari Boumediene, qui avait succ�d� � Abdelhafidh Boussouf � la t�te de
la Wilaya V, n�avait probablement pas le temps de s�occuper de sa propre
formation pendant la journ�e. Il ne fallait pas, au demeurant, qu�il
soit avec nous. Cela aurait fait un peu d�sordre. Je n�en veux pour
preuve que les bandes magn�tiques qui partaient r�guli�rement tous les
soirs au commandement de la wilaya et c��tait lui qui les supervisait.
Il est clair que superviser, c�est �couter, donc, forc�ment, s�impr�gner
du contenu. En v�rit�, il accordait �norm�ment d�importance �
notre promotion. Il venait p�riodiquement nous rendre visite et il
attachait un grand int�r�t � ce que la formation aboutisse dans les
meilleures conditions possibles.
A ce propos, racontez-nous quelques anecdotes sur les inspections de
votre promotion par le colonel Houari Boumediene�
�Alors les Arabes ! Ca va ?� c��tait l�expression favorite par
laquelle le colonel Boumediene nous interpellait � chacune de ses
visites toujours nocturnes. Les autres membres du commandement de la
Wilaya nous rendaient visite �galement. Le commandant Slimane (Ka�d
Ahmed) qui aimait, particuli�rement, notre compagnie n�h�sitant pas �
engager de longues discussions avec nous en abordant les questions les
plus ardues et les plus inattendues comme, avec un sens certain de
l�anticipation, le th�me de �la r�forme agraire�. Le futur colonel Lotfi
aussi se sentait proche de nous, mais c�est plus tard avec la mise en
place du SLR de la Wilaya qu�il devint notre habitu�.
Quels sont les membres de la promotion qui ont eu une destin�e
nationale ?
Il y avait, d�abord, ceux qui ont connu une carri�re au sein des
services de renseignement alg�riens post-ind�pendance. Je peux citer
notamment le regrett� Abdallah Khalef (Merbah), Ali Tounsi (Ghaouti), le
d�funt Ahmed Zerhouni (Ferhat) et bien d�autres encore. Vous avez aussi
les ambassadeurs de l�Alg�rie ind�pendante � travers Hadj Azzout (Nacer)
et Mohamed La�la (Kaddour). Il y a au aussi d��minents membres du
Conseil de la r�volution en la personne de Ch�rif Belkacem (Djamel),
sans oublier les futurs ministres comme Abdelaziz Maoui (Sadek),
Noureddine Delleci (Rachid) et Abdelhamid Temmar (Abdenour) et Abdallah
Arbaoui (Nehru).
Il y a eu, par contre, des membres de la promotion dont le destin fut
tragique. Vous les �voquez avec �motion�
Avec �motion, c�est peu dire� Treize de nos compagnons sont tomb�s
au champ d�honneur. Ils sont morts � l�int�rieur du pays au cours
d�op�rations militaires. Je crois que vous avez en main la liste de tous
les membres de la promotion avec des pr�cisions sur ceux qui ont
sacrifi� leur vie au service de l�ind�pendance de l�Alg�rie. Il faut
absolument s�acquitter de ce devoir de m�moire qui consiste � cultiver
le souvenir de ces h�ros. J�ai en m�moire, outre le nom de Youb Rahal (Tewfik)
que j�ai �voqu� d�j�, celui de Mustapha Khalef (Chakib), un exemple
singulier de courage. Fait prisonnier au cours d�une op�ration militaire
en Alg�rie, il avait fait preuve de tant de conviction et de r�sistance
voire d�insolence qu�il fut abattu au cours d�une �corv�e de bois�� Vous
venez de r�veiller en moi le souvenir attachant de Yahia Mahmoud (Benamar),
enfant unique d�une famille de grands commis de l�administration royale
marocaine � Agadir et qui pr�sentait la particularit� de ne pas
maitriser l�arabe, m�me dialectal. Apr�s notre formation, il fut d�p�ch�
en territoire alg�rien et il s�int�gra si harmonieusement au sein de
l�ALN en zone VII qu�il refusa de rejoindre les bases arri�res de la
Wilaya V. Il mourut quelque temps plus tard au combat�
Quelle est la nature de la formation militaire que vous aviez re�ue ?
Nous �tions destin�s initialement, faut-il le rappeler, � servir dans le
corps des contr�leurs de la Wilaya V � l�int�rieur du pays. Nous devions
nous pr�parer, militairement, � assumer des t�ches op�rationnelles.
C��tait le but de notre formation. C��tait tout le sens du stage
militaire que nous avions subi et dont le ma�tre d��uvre fut,
incontestablement, Abdallah Arbaoui dit Nehru, c��tait un sous-officier
valeureux, d�serteur de l�arm�e fran�aise, un v�ritable baroudeur. Il
est mort, il y a quelques ann�es � peine, d�une maladie incurable dans
une grande solitude morale. Le programme militaire comprenait le combat
de rue, la progression sur le terrain, le parcours du combattant, le
maniement des armes et des explosifs, les marches de combat, les tours
de garde, l�ordre serr�, le close-combat et m�me la pratique des arts
martiaux. Abdallah Arbaoui �tait assist� d�un instructeur alg�rien form�
en Egypte. Il s�agit du d�funt Ahmed Makari (Sadek). Il parlait en arabe
�gyptien mais enseignait, � la perfection, le maniement des armes et des
explosifs. Deux mati�res qu�il maitrisait gr�ce au stage qu�il avait
suivi en Egypte avec celui qui n��tait encore que Mohamed Boukharouba.
Nous go�tions au bonheur de manipuler des armes tout � fait modernes qui
�taient tr�s efficaces contre l�arm�e fran�aise. Je cite les MG 34 et
les MG 42 ; c��taient des mitrailleuses l�g�res utilis�es par l�arm�e
allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, particuli�rement efficaces
contre l�aviation. Je cite aussi les armements disparates provenant
d�Irak ou de Libye. Je pense � cette fameuse �Essefra�, la mitrailleuse
Lewis anglaise de la Premi�re Guerre mondiale. Je ne saurais oublier ces
fusils fran�ais de la Premi�re Guerre mondiale, surtout les 7/15 et les
88/93, qui �taient plus hautes que nous. C��tait un peu ridicule, bien
s�r que nous n�allions pas utiliser ces fusils car nous allions trouver
d�autres armes, sans doute plus modernes, � l�int�rieur du pays. La
pratique des arts martiaux �tait, pour nous, un moment de plaisir.
C��tait un instructeur sourd-muet, Fethi de son nom de guerre, qui nous
initiait au close-combat. Je dois souligner que j��tais moi-m�me
instructeur en armement et dans la progression en terrain de combat.
J�avais suivi une pr�paration militaire approfondie que les Fran�ais
nous offraient imprudemment, un cours de certificat interarmes et un
autre cours de m�canique sur l�aviation militaire. Au moment o� je
portais, aussi, un int�r�t intense � tout ce qui se rapportait � la
guerre car je pressentais que, t�t ou tard, nous allions devoir
combattre le colonialisme.
Cela explique que vous ayez re�u une affectation en rapport avec des
t�ches, exclusivement, militaires�
Oui, peut-�tre. En tous les cas, cette passion de l�art militaire m�a
caus� du tort. Je me rappelle que je me livrais � un exercice que
j�appr�ciais par-dessus tout. Recopier des sch�mas �clat�s d�armement
que je pr�levais d�un livre de r�f�rences de l�arm�e fran�aise qui
contenait l�art de la guerre et des descriptifs d�armement. Quelqu�un
avait imprudemment renvers� de l�encre de Chine sur ce livre pr�cieux
mais c�est moi qui fus accus�. Je dus subir ma premi�re sanction dite
�la sanction du tombeau �. Deux ou trois jours durant, il fallait rester
couch�, jour et nuit, au fond d�une tombe avec une sentinelle au dessus
de la t�te.
Venons-en � la composition de l��quipe p�dagogique. Le commandant du
centre �tait Laroussi Khelifa�
Effectivement, c��tait lui le responsable du centre. L��quipe
p�dagogique se composait, autrement, de Bela�d Abdesslam, Noureddine
Delleci (Rachid), Abdelaziz Maoui (Sadek) et Mustapha Moughlam (Dja�far).
Comme je le soulignais, Maoui, Delleci et Moughlam comptaient aussi
parmi les stagiaires.
Quelle �tait la substance du programme d�enseignement th�orique ?
De mani�re sch�matique, cette substance correspondait � la
r�partition des t�ches d�cid�e entre les membres de l��quipe
p�dagogique. En premier lieu, Laroussi Khelifa �tait responsable du
stage tout en dispensant un cours d�institutions politiques. Bela�d
Abdesslam enseignait l�histoire du mouvement national alg�rien.
Noureddine Delleci avait en charge l��conomie politique, Abdelaziz Maoui
le droit et Mustapha Moughlam, l�histoire de l�antiquit�. La formation
militaire �tait supervis�e par Abdallah Arbaoui.
A propos, en quoi consistait le cours de Bela�d Abdesslam ?
Vous venez vous-m�me d�en indiquer l�esprit, puisque vous dites que
Bela�d Abdesslam vous a d�voil�, au cours d�un entretien, qu�Abdelhafidh
Boussouf lui a notifi� l�instruction suivante : �Faites comprendre aux
membres de la promotion que le 1er novembre 1954 n��tait pas tomb� du
ciel��. Une consigne pleine de sens. Avec Bela�d Abdesslam, nous
d�couvrions, �merveill�s, le mouvement r�volutionnaire alg�rien. Nous
avions, auparavant, une tr�s vague id�e du PPA, du MTLD, du CRUA, de l�UDMA
et des Ul�mas. Avec lui, nous �tions au c�ur des tensions et des
divergences id�ologiques qui existaient au sein du mouvement national.
Nous allions r�ellement dans le d�tail des choses en d�couvrant un monde
nouveau. Nous comprenions les origines de la guerre de Lib�ration
nationale � travers les racines lointaines du mouvement national qui
remontaient jusqu�� l�Etoile Nord africaine. Incontestablement, le cours
de Bela�d Abdesslam a �t� celui qui a laiss� la plus forte empreinte sur
nos esprits. Il faut dire, par ailleurs que Mustapha Moughlam lui-m�me
nous instruisait sur l�histoire �ternelle de l�Alg�rie qui remontait
jusqu�� Massinissa et Youghourta.
Pouvez-vous d�crire, plus en d�tail, les disciplines enseign�es ?
C��tait un v�ritable patchwork. D�abord, la formation politique et
administrative avec l�organisation territoriale et les institutions
politiques et administratives. La Science politique avec toutes les
probl�matiques li�es � l�organisation de la soci�t� (structures
sociales, int�gration sociale, probl�mes ouvriers, formation politique
et syndicale) et la communaut� internationale (l�Etat et la soci�t�
internationale, les conflits internationaux, les organisations
internationales). L��conomie politique avec m�me l��conomie sociale et
la politique des revenus. L�histoire du mouvement national dont j�ai
suffisamment parl� avec, enfin, l�histoire de l�antiquit�, enseign�e de
main de ma�tre par El Hadi Moughlam qui nous conviait � une immersion
passionnante dans la nuit des temps.
En somme, vous �tiez satisfaits des enseignements que vous receviez ?
Honn�tement, oui. C��tait, r�ellement, et j�insiste l�-dessus, des
cours magistraux. Je n�avais jamais pens� que nous pouvions trouver, du
c�t� des enseignants autant de rigueur dans le souci d�enseigner
efficacement et, de notre c�t�, autant de souci de bien recevoir la
formation, c'est-�-dire en s�appliquant le plus possible. Nous avions
acquis de la hauteur de vue et nos convictions patriotiques s��taient
renforc�es. Peut-�tre l�osmose qui existait avec le corps p�dagogique
a-t-elle jou� un r�le. Abdallah Arbaoui qui assurait la d�fense et la
s�curit� de la promotion n�en suivait pas moins, avec nous, les cours
th�oriques. De m�me, je me rappelle, par exemple, je crois m�me que je
garde la photo-de Noureddine Delleci participant, en tenue de combat, �
un exercice sur la mani�re de s�introduire en armes dans une maison
suspecte. En r�sum�, je consid�re que nous avions re�u une formation
s�rieuse. Sur le plan th�orique, c��tait, quasiment, un enseignement du
niveau de deuxi�me ann�e de licence de l��poque, parfaitement comparable
� celui qui �tait dispens� au sein de l��cole nationale d�administration
fran�aise. Sur le plan militaire, je n�exag�re pas en affirmant que nous
avions suivi une formation plus valorisante que celle que les jeunes
Fran�ais recevaient dans le cadre du cours de leur Certificat
inter-armes. La seule contrainte que nous avions rencontr�e �tait celle
du temps. Il fallait faire tr�s vite et cela ne permettait pas �
l�ensemble des stagiaires d�acqu�rir, au m�me titre que la formation
th�orique, l�exp�rience du combat.
Quelles �taient vos conditions de travail au plan p�dagogique ?
Je me souviens, surtout, de la comp�tence des professeurs qui ne
m�nageaient pas leurs efforts pour nous transmettre leurs connaissances
dans les meilleures conditions possibles. Certes, les conditions
mat�rielles faisaient d�faut. Mais, nous disposions de la radio pour
rester en contact avec le monde ext�rieur. Nous recevions, aussi, des
bulletins qui nous parvenaient du commandement g�n�ral de la wilaya
d�Oran, autre appellation de la Wilaya V. Ces bulletins nous servaient
d�illustration pratique pour commenter les op�rations militaires de
l�ALN et discuter du combat politique du FLN. Nous recevions, �galement,
la presse. Un peu disparate. La biblioth�que �tait relativement fournie.
Il est vrai qu�elle le sera beaucoup plus lorsque sera institu� le
Service des liaisons et renseignements de la Wilaya V.
Des grades vous avaient �t� attribu�s ?
Non, naturellement. Cependant, nous manifestions le respect absolu �
l�encadrement p�dagogique. Comme cet encadrement partageait avec nous la
formation proprement dite, il existait entre nous une r�elle complicit�.
Quelles �taient vos conditions de vie ? Vous perceviez une solde ? Vous
b�n�ficiiez de permissions ?
Nous recevions le n�cessaire pour notre hygi�ne et nous ne b�n�ficions
pas de permissions, donc nous n�avions pas besoin de moyens financiers.
Comment se d�roulait votre �valuation tout le long de cette formation ?
Je pense que l��valuation se faisait sur le tas. Gr�ce, notamment, aux
conf�rences p�riodiques pr�sent�es par les stagiaires. Tous les quinze
jours, en effet, une conf�rence �tait pr�sent�e par l�un des stagiaires.
Personnellement, je me rappelle avoir pr�sent� l�une de mes conf�rences
autour du th�me �Grandeur et d�cadence de l�Empire ottoman�. Pourquoi
avoir retenu ce titre et non pas un autre ? Pour une raison bien
prosa�que. J�avais �voqu� l��tat du sultan Salim I rendant l��me �ivre
mort� ; ce qui d�clencha, � mon grand �tonnement, l�hilarit� de mes
compagnons. Il me fallait donc ensuite non seulement �corriger� mon
fran�ais mais argumenter aussi la remarque ironique qui refl�tait l��tat
d�esprit pr�valant au sein de l�empire ottoman d�cadent. Pour la partie
militaire, c��tait plus simple. Je pense que nous �tions �not�s� au
moment m�me o� nous accomplissions notre instruction.
A l�issue de votre formation, quels crit�res ont pr�sid� � vos
affectations ?
Je me souviens d�une sc�ne pr�cise. A la fin de la formation
militaire, un membre important du Commandement g�n�ral de la Wilaya V
(je ne me souviens plus qui) s��tait pr�sent� avec une liste. Nous
�tions au garde-�-vous et il �grenait les noms avec une affectation pour
chacun. Au fur et � mesure, des groupes se formaient qui partaient vers
des destinations donn�es. J�ignore � ce jour la mani�re dont la
s�lection s�est effectu�e. Elle devait �tre probablement �tablie de
mani�re tout � fait empirique.Une partie de la promotion dont Cherif
Belkacem (Djamal), Hassen Bendjelti (Abderazak), Ahmed Bennai (Hassan),
Sid-Ahmed Osman (R�zine), Mustapha Khalef (Kamel), Abderrahim Settouti (Bouzid)
et Ali Tounsi fut dirig�e sur les maquis � l�int�rieur. Un autre partie
fut affect�e � l��tat-major d�Abdelhafidh Boussouf pour constituer
l�ossature du SRL de la Wilaya Vpuis, peu plus tard, des services de
renseignements du Malg lui-m�me aussi bien � vocation militaire que
politique. Enfin, quelques membres furent affect�s au CDF, Commandement
des fronti�res. C�est a post�riori, seulement, que j�ai pu reconstituer
cette r�partition. Il aurait �t� impensable de s�y int�resser � la
question dans le contexte de l��poque.
La fin de la formation a-t-elle donn� lieu � une c�r�monie ?
Pas du tout. La formation a pris fin le 31 d�cembre 1957. Mais je me
rappelle, seulement, du d�part des premiers groupes qui devaient
rejoindre l�int�rieur du pays. J�ai eu connaissance, plus tard, des
conditions singuli�res par lesquelles certains avaient rejoint leur
affectation. Certains avaient �t� contraints d�apprendre � monter �
cheval � comme Ali Tounsi � d�autres avaient franchi les fronti�res par
des moyens de fortune, pas loin des barbel�s d�j� mis en place,
efficacement. D�autres enfin sont mont�s � bord d�un camion pour
s�enfoncer � l�int�rieur du territoire alg�rien � travers des zones o�
les barbel�s n�existaient pas encore. Ceux qui �taient rest�s sur place
ne savaient pas qu�ils allaient exercer au sein du nouveau SRL de la
Wilaya V qui aura pour responsable Khelladi Mohamed (Tahar) assist� de
Boualem Bessa�eh (Lamine). J�ai �t� moi-m�me affect� � la section
militaire g�n�rale command�e par Safar puis d�sign� un peu plus tard
comme chef du service LGR Est implant� � Ghardimaou et plac� pour emploi
aupr�s de l��tat-major de l�ALN. Notre mission consistait � assister
l��tat-major g�n�ral de l�ALN en le pourvoyant quotidiennement en
renseignements op�rationnels.
Votre promotion a fini, cependant, par constituer l�ossature des
services de renseignement durant la guerre de Lib�ration nationale.
Pensez-vous qu�Abdelhafidh Boussouf songeait d�j� � cet usage lorsqu�il
avait d�cid� de mettre sur pied la promotion Larbi Ben M�hidi ?
Nous avions re�u une formation polyvalente comme je l�ai d�j�
�voqu�. Il est certain, cependant, que l�importance du renseignement a
d�teint sur notre enseignement. Et, par la force des choses, sur notre
utilisation plus tard. Abdelhafidh Boussouf avait saisi qu�il fallait
absolument ma�triser la fonction du renseignement. Les liaisons comme le
renseignement devenaient des fonctions vitales pour la survie du
mouvement r�volutionnaire, cela, il l�avait bien compris.
Abdelhafidh Boussouf pour avoir per�u t�t l�importance du
renseignement avait donc une longueur d�avance sur ses compagnons�
Pour �tre plus nuanc�, l�importance du renseignement a d� appara�tre
� l�ensemble des chefs de l�ALN. Abdelhafidh Boussouf s�est distingu�,
cependant, par son intuition psychologique ainsi que son g�nie
organisationnel qui fut servi par la profusion de moyens dont il a pu
disposer au Maroc. Il disposait, en effet, des �quipements de
transmission acquis aupr�s des unit�s am�ricaines install�es au Maroc
ainsi que la riche ressource humaine offerte par la communaut�
alg�rienne �tablie dans ce pays. A cela s�ajoutent des possibilit�s
offertes par le territoire marocain o� les centres de formation de l�ALN
� et g�n�ralement toutes ses bases-arri�res, sans �tre totalement �
l�abri de l�ennemi � quelques-unes furent d�ailleurs bombard�es �
b�n�ficiaient d�une certaine protection.
Revenons, plus sp�cialement, � la promotion Larbi Ben M�hidi. Vos
compagnons �voquent un livre d�or�
Ce livre d�or, Abdallah Arbaoui l�avait conserv� � la fin de la
formation militaire. De quoi s�agit-il ? Au moment o� chacun d�entre
nous s�appr�tait � rejoindre un destin dont il ignorait tout, nous
devions �crire quelques lignes sur un registre pour livrer nos
impressions. C��tait assez path�tique car nous savions que la mort
pouvait nous attendre le lendemain. Pour ce qui me concerne, j�ai
souvenir d�avoir �crit quelques lignes sur l�adh�sion au mouvement
r�volutionnaire et l�ind�pendance, que nous savions certaine, de
l�Alg�rie. Bien s�r, il est poignant de lire les lignes �crites par ceux
de nos compagnons qui sont tomb�s au champ d�honneur. En ce sens, je
crois que ce document est un patrimoine national. Il est, actuellement,
d�tenu par l�Association des anciens du Malg.
Vous consid�rez que la solidarit� de corps entre les membres de cette
promotion a surv�cu � l��preuve du temps ?
Ma r�ponse sera mitig�e. Cela peut sembler une r�ponse de
circonstance, pourtant elle refl�te la v�rit�. Chaque fois que les
membres de la promotion se rencontrent, ils se retrouvent avec beaucoup
d��motion. Nous �voquons avec un esprit de fraternit� ce qui nous
rattache. Il n�en reste pas moins que le destin nous aura dispers�s avec
des itin�raires diff�rents qui nous ont �loign� les uns des autres.
Forc�ment, la charge de la passion collective s�en ressent. Mais,
transcendant ces impond�rables de la vie, nous ressentons ensemble le
bonheur immense d�avoir contribu� de toutes nos forces � l�ind�pendance
de l�Alg�rie. Nous l�avons fait sans chercher de compensation. Nous
avions m�me, si vous le permettez, par humilit�, enfoui en nous-m�mes
notre propre pass�. Certes, les contraintes du cloisonnement et la
culture du secret nous ont toujours impos� une attitude de discr�tion
absolue. C��tait la n�cessit� du combat. S�il arrivait qu�on nous pr�te
un prestige ou une r�putation hors de commun, c��tait sous le b�n�fice
de l�anonymat. Le temps n�est-il pas arriv� de mettre des visages sur
tous les exploits r�ussis dans le domaine du renseignement par la
r�volution alg�rienne ? Surtout lorsqu�il s�agit, � travers ces faits de
guerre, de cultiver le souvenir de nos compagnons tomb�s au champ
d�honneur�
Justement ce prestige et cette r�putation vont vous co�ter apr�s
l�ind�pendance. Des cadres du Malg, notamment ceux qui ont suivi cette
formation, ont �t� pratiquement mis � l��cart apr�s l�ind�pendance. Vous
m�avez montr� la fameuse lettre d�Abdelhamid Temmar o� il vous disait
qu��il tra�nait la savate � Alger�. Pourquoi donc ceux qui sont appel�s
les �malgaches�faisaient peur � ce point aux hommes politiques de
l��poque ?
Vous connaissez le proverbe �lorsque deux taureaux s�encornent,
c�est l�herbe qui est pi�tin�e.� Rappelez-vous le contexte dans lequel
nous avions rejoint l�ALN. Nous avions accept� de nous d�personnaliser
et de nous mettre, sans murmure, � la disposition du mouvement de
lib�ration nationale. Nous �tions tr�s jeunes � l��poque. Les chefs nous
indiquaient la direction � suivre et le reste ne nous regardait pas.
Nous n��tions pas des hommes politiques. Nous �tions des combattants au
sens plein du mot. Nous n�avions jamais agi de notre initiative. Nous
avons toujours ob�i � nos chefs. C�est cette culture du devoir avec la
rigueur qu�elle implique qui constitue la source de nos d�sagr�ments.
Mais je ne regrette rien de ce que j�ai accompli au service de mon pays.
Si c��tait � refaire, j�effectuerais, en toute modestie, les m�mes
choix.
Au cours de l�entretien qu�il m�a accord�, Bela�d Abdesslam a �voqu�
Si Merbah � l�image d�un grand bachoteur�
Si Merbah �tait tr�s m�ticuleux, il n�y a pas plus m�ticuleux que
lui. Plut�t que bachoteur, je dirais plut�t qu�il �tait intelligent,
m�thodique et d�termin�. C��tait d�j� un homme de l�ordre, pr�destin� �
ses futures fonctions. Il n��tait pas trop communicatif, mais il �tait
tr�s humain. Incontestablement, le pays a perdu en lui un leader
d�exception.
Vous ne vous rappelez pas d�un souvenir cocasse intervenu au cours de
la formation que nous venons d��voquer ?
Le cousin de Merbah, Abdelkader Khalef (Kamal) a failli me tuer
apr�s l�avoir install� comme sentinelle. Il fallait, en effet, donner le
mot de passe en arrivant � sa hauteur. Comme c��tait l�obscurit� totale,
je ne le voyais pas et je redoutais qu�il n�ait quitt� son poste.
J�allongeais alors mon bras jusqu�� toucher un canon d�un fusil. C��tait
le canon de son fusil au moment o� le d�clic de la queue de d�tente se
faisait entendre. J�avais touch� le canon de son fusil, un 7/15, au
moment o� il tirait sur moi. Je lui ai alors brusquement pris le fusil
des mains et, ouvrant la culasse, je d�couvris avec stupeur, au toucher,
que la cartouche venait d��tre tir�e mais n�avait pas �t� percut�e. Je
venais d��chapper � une mort certaine.
A propos de formation de cadres du renseignement au profit de l�ALN,
il semblerait qu�une autre promotion ait vu le jour, plus tard, en 1958
en Tunisie�
Il faut pr�ciser que la promotion Larbi Ben M�hidi n��tait pas
destin�e exclusivement � former des cadres du renseignement. Son
objectif consistait, en premier lieu, � am�liorer l�encadrement
militaire de la Wilaya V. C�est sous l�emprise des �v�nements que ses
membres furent d�vi�s vers des missions exclusives de renseignement. La
promotion dont vous parlez remonte � l�ann�e 1958. Il s�agissait d�une
vingtaine de stagiaires pr�lev�s sur le contingent destin� aux unit�s de
l�ALN � l�Est. Ces vingt �l�ments ont �t� choisis en fonction de leurs
aptitudes aux activit�s de renseignement. Parmi eux, des cadres qui
occuperont d��minentes responsabilit�s, celles de chef des services de
renseignement. Ces stagiaires ont suivi dans la banlieue de Tunis une
formation sp�cifique dispens�e par des enseignants o� figuraient des
cadres de la promotion Larbi Ben M�hidi, Abdelaziz Maoui (Sadek), Ahmed
Zerhouni (Ferhat) et Mohamed Morsly (Abdelaziz). Ces stagiaires ont �t�
affect�s � des t�ches li�es, strictement, au renseignement militaire
dans le cadre de la mise en place des unit�s de combat au titre du COM
Est et du COM Ouest puis de l��tat-major g�n�ral de l�ALN. Plus tard,
vers 1961, ce fut la fameuse promotion dite �Tapis rouge� � la faveur de
laquelle, pour la premi�re fois, des cadres alg�riens du renseignement
ont pu suivre une formation de type classique aupr�s d�un service de
renseignement �tranger ayant pignon sur rue, en l�occurrence le KGB. Si
j�ai �voqu� cette succession de promotions, c�est pour bien d�montrer
que la promotion du capital intellectuelle du cadre du Malg a �t� une
pr�occupation constante chez Abdelhafidh Boussouf.
Les remarques r�currentes qui distinguent entre combattants de
l�int�rieur et combattants de l�ext�rieur vous affectent-elles ?
Au plan de la raison, je me suffis de renvoyer les auteurs de ces
remarques au contexte de l��poque. Nous avions rejoint l�Arm�e de
lib�ration nationale sans pr�juger de la mani�re ni du lieu o� nous
allions �tre dirig�s pour servir � la lib�ration du pays. Dans nos
affectations, la part de l�impond�rable �tait totale. Nous n�avions
nullement le droit de discuter de notre affectation. Nous n�y pensions
m�me pas. Si ces critiques veulent sugg�rer que nous �tions des
�planqu�s�, il leur faut s�informer davantage sur le d�roulement de la
guerre de Lib�ration. Pourvoir les organes dirigeants de la R�volution
en renseignements fiables et garantir en m�me temps leur s�curit�. Telle
�tait notre mission que nous avons accomplie gr�ce aux exploits r�alis�s
par les cadres du Malg dont l��pop�e sera, un jour, connue. Au plan
�motionnel, cette fois, les remarques que vous �voquez soul�vent en moi
une montagne d�amertume. C�est le souvenir de mon jeune et intr�pide
compagnon Benaroussi M�hammed (Lamine) qui me vient � l�esprit. Benjamin
de la promotion, �g� � peine de 17 ou 18 ans, nous l�appelions �l�Ange�.
Arr�t�, les armes � la main, en Wilaya V, il fut ramen� � Alger puis
abattu de sang-froid au Casino sur la corniche alg�roise qui servait de
lieu de torture pour les unit�s DOP de sinistre renom. Nous �tions, en
fait, anim�s par un tel esprit de discipline que chacun des membres de
la promotion aurait pu se trouver � la place de ce jeune compagnon qui
fut assassin� de sang-froid.
Finalement, nous pouvons retenir que l�histoire de la premi�re
promotion de cadres de la Wilaya V et l��pop�e des services de
renseignements durant la guerre de Lib�ration nationale sont intimement
li�es au nom d�Abdelhafidh Boussouf. Avec le recul, quels sentiments
�voque en vous cette figure disparue de la R�volution ?
Un sentiment de grande admiration. Il fut, en effet, un mod�le
d�engagement et d�exigence. Un sentiment de reconnaissance, aussi. Il
nous a inculqu� le sens du sacrifice pour la patrie et la passion du
travail parfait. Sans l�empreinte d�Abdelhafidh Boussouf qui nous a,
pour ainsi dire, fa�onn� � son image, nous n�aurions jamais pu nous
distinguer � travers le d�vouement, la d�termination et la rigueur qui
nous furent reconnus. L�aspect le plus m�connu d�Abdelhafidh Boussouf
concerne, cependant, le d�tachement qu�il a manifest� vis-�-vis de
l�exercice du pouvoir. A la veille de l�ind�pendance, il avait refus� de
s�impliquer dans le conflit qui opposait l��tat-major au GPRA qu�il
assimilait � une lutte fratricide. Il nous avait express�ment recommand�
une attitude de neutralit�, nous adjurant, avec une rare conviction, de
regarder r�solument vers l�avenir en r�servant nos forces � la
reconstruction de l�Alg�rie.
Consid�rez-vous comme normal que le silence continue d��tre entretenu
� propos de l�histoire des services de renseignements alg�riens pendant
la guerre de Lib�ration ?
De m�me que Bela�d Abdesslam nous avait enseign� que le 1er Novembre
�tait le r�sultat d�un processus historique o� nos a�n�s avaient jou� un
r�le essentiel, de m�me avons-nous le devoir de convaincre nos cadets
que la lib�ration du pays est le r�sultat du sacrifice de ceux qui, plus
�g�s qu�eux, dans les rangs de l�ALN et du FLN, ont combattu
vaillamment, parfois, jusqu�� mourir au champ d�honneur. Je crois que
nous sommes arriv�s � un point o� le voile finira par �tre lev� sur tous
ces aspects m�connus de la guerre de Lib�ration nationale. Si auparavant
le silence avait �t� maintenu, c�est probablement qu�il existait
d�autres priorit�s. Aujourd�hui, nous sommes parvenus � un degr�
d��volution dans les consciences qui nous permet d�examiner sereinement
l�histoire de notre pays. Dans toutes ses dimensions et sans complexe.
Nous pouvons �voquer beaucoup de choses sans avoir � en rougir car
l�histoire de nos services de renseignement est jalonn�e de faits de
guerre. Certes, ce que nous avons accompli et dont nous pouvons
t�moigner est insignifiant en comparaison du sacrifice de ceux qui ont
perdu leur vie. Je ne doute pas, de ce point de vue, que la jeunesse
alg�rienne est avide d�exemples capables de la r�concilier avec la
fiert� nationale. Pour �tre pass� par elle, je connais bien l��tape
d�cisive de la jeunesse o� toute la vie est questionnement. Je ne doute
pas que celui-ci conduirait nos cadets interpell�s par le devoir
national � livrer, sans h�siter, le m�me combat que celui que nous
avions livr�, mes compagnons et moi-m�me.
M. C. M.
Bio-express du colonel Ali Hamlat alias El-Hadi, alias si Yahia
N� � Alger en 1936, le colonel Ali Hamlat passe son enfance �
Maison-Carr�e (El-Harrach) o�, tr�s t�t, il est initi� � la cause
nationale dans les rangs des Scouts musulmans alg�riens. Il rejoint le
Maroc � l��ge de 12 ans o� son oncle s��tait �tabli. El�ve en
math�matiques et techniques dans un lyc�e de Mekn�s, il profite de sa
formation de certificat interarmes dispens�e aux lyc�ens par l�arm�e
fran�aise implant�e au Maroc pour s�impr�gner des techniques de guerre
et d�armement. F�ru de connaissances scientifiques et techniques, il est
aussi brevet� de l�enseignement industriel. Apr�s la gr�ve de l�Ugema
dont il fait partie, il rejoint, en 1957, la Wilaya V pour int�grer,
aussit�t, la premi�re promotion des cadres qui venait d��tre form�e. A
l�issue de cette formation, il participe � la mise en place du Service
des renseignements et liaisons du commandement g�n�ral de la wilaya de
l�ouest, puis est d�sign� chef du service LGR Est (Liaisons g�n�rales et
renseignement), structure op�rationnelle du Malg plac�e pour emploi
aupr�s du commandement de l�ALN � Ghardimaou. Il suit, � la fin de
l�ann�e 1961, au sein de la promotion �Tapis rouge�, une formation
sp�cialis�e destin�e aux cadres du Malg dans l�ex-Union sovi�tique. A
l�ind�pendance, il choisit de continuer sa carri�re au sein de l�ANP et
se voit confier la responsabilit� des services techniques de la
direction de la S�curit� militaire. Parall�lement, il suit des �tudes de
droit � l�Universit� d�Alger. Apr�s la mort du pr�sident Boumediene, il
est d�sign� en qualit� d�attach� de d�fense, respectivement � Cuba, en
Tch�coslovaquie et en Allemagne, avant de prendre sa retraite. Le
colonel El-Hadi �crit actuellement ses m�moires tout en se consacrant �
la F�d�ration alg�rienne de tir sportif qu�il pr�side.
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