Actualit�s : LE SOMMET DE L�UPM S�OUVRE AUJOURD�HUI
Un accouchement au forceps


L�obstination a fini par payer : l�Union pour la M�diterran�e sera officiellement proclam�e aujourd�hui � Paris. Un accouchement au forceps qui intervient apr�s des mois de tractations, de reculades et de compromis fragiles.
Nawel Im�s - Alger (Le Soir) - Pour Nicolas Sarkozy, l�honneur est sauf puisque 43 chefs d�Etat feront finalement le d�placement pour le sommet constitutif de l�UPM, m�me si beaucoup d�entre eux continuent d�exiger de conna�tre le contenu exact d�un projet qui, en cours de route, a subi un lifting apr�s le forcing de l�Allemagne et des institutions europ�ennes, fortement agac�es par l�initiative fran�aise. Le sommet qui s�ouvre aujourd�hui sera copr�sid� par les pr�sidents fran�ais Nicolas Sarkozy et �gyptien Hosni Moubarak qui ouvriront la s�ance pl�ni�re par deux discours publics, suivis de discussions � huis clos autour des th�mes : �conomie, eau, �nergie et s�curit� alimentaire ; environnement, protection civile et s�curit� maritime ; �ducation, recherche, culture, mobilit� ; dialogue politique. D�s ce matin, une r�union minist�rielle est pr�vue pour finaliser le texte de la d�claration d'une dizaine de pages qui devra �tre adopt�e � l'issue du sommet qui souligne, entre autres, que les pays membres de l'Union pour la M�diterran�e s'engagent � �r�aliser la paix dans la r�gion en coop�rant dans la lutte contre le terrorisme et en faisant face aux nombreux d�fis notamment �conomiques en luttant contre la pauvret� et en adoptant une politique de d�fense de l'environnement pour r�duire les effets des changements climatiques�. Le pr�sident fran�ais accueillera les chefs de d�l�gations au Grand Palais o� les participants seront assis autour d'une table ronde, suivant l'ordre alphab�tique, de haut en bas. Aux alentours de 19h, Nicolas Sarkozy, Hosni Moubarak et Jos� Manuel Barroso, pr�sident de la Commission europ�enne, animeront une conf�rence de presse conjointe avant qu�un d�ner ne soit offert aux chefs de d�l�gation, leurs conjoints et les ministres, au Petit Palais avant lequel Sarkozy fera une d�claration. Les chefs d'Etat et de gouvernement sont invit�s � assister au d�fil� sur les Champs-Elys�es, dont l'invit� d'honneur sera Ban Ki-moon, secr�taire g�n�ral de l'ONU. Les Europ�ens feront d�s aujourd�hui des propositions � leurs partenaires du Sud : d�pollution de la M�diterran�e, autoroutes de la mer et �nergie solaire figurent en bonne place. La Commission europ�enne avait pr�sent� d�s en avril des projets dans sept pays du sud de la M�diterran�e, visant � �liminer 80% des sources de pollution d'ici 2020. Pour les concr�tiser, il faut pouvoir mobiliser plus de 2 milliards d'euros. Il appartiendra cependant aux chefs d�Etat pr�sents de retenir quelques projets pilotes et de fixer les priorit�s.
De l�UM � l�UPM sous la pression de l�Allemagne
En lan�ant � l'issue du second tour de l'�lection pr�sidentielle fran�aise, l�id�e d�une Union m�diterran�enne, Nicolas Sarkozy ne pensait associer que les pays riverains au projet et ne conc�dait aux autres Etats europ�ens que le statut d�observateurs. Dans son discours de Tanger le 23 octobre 2007, il donne un aper�u de ce que devait �tre l�Union m�diterran�enne : un processus qui vise � �tablir une dynamique politique hors de l'Union europ�enne (UE) et � trouver une alternative s�rieuse � l'adh�sion de la Turquie dans l'UE, dont il ne veut pas entendre parler. Ce projet prend comme point de d�part un constat �tabli par tous les pays du pourtour m�diterran�en : l��chec du processus de Barcelone. Sarkozy �tait loin de penser que son initiative allait provoquer un toll� aussi bien en Allemagne qu�� Bruxelles. Angela Merkel, la chanceli�re allemande, a rejet� en bloc cette id�e, refusant que son pays soit marginalis�. Dans les couloirs des institutions europ�ennes, c�est le branle-bas de combat : on exige que la Commission europ�enne soit un acteur majeur du projet. Entre Paris et Berlin, on est � la fronti�re de l�incident diplomatique. Les m�dias fran�ais estiment que Sarkozy a mal vendu son projet tandis que du c�t� allemand, on op�re un v�ritable forcing. Les 13 et 14 mars dernier, Sarkozy devait d�fendre son projet au Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE. Il essaye de faire accepter son projet tel que con�u initialement : le double m�ridional du Conseil des Etats de la mer Baltique, dont seuls les pays riverains peuvent �tre membres � part enti�re, les autres Etats europ�ens ayant le statut d'observateur. Rien � faire. Merkel n�en d�mord pas et exige que toute l�Europe soit associ�e. Face � cette d�termination, le pr�sident fran�ais finit par c�der : l'Union m�diterran�enne devient officiellement �Processus de Barcelone : Union pour la M�diterran�e�. Affaibli par ce semi-�chec, Sarkozy ne perd cependant pas le nord et continue d�expliquer les contours de son projet dont l�UE vient de le d�poss�der.
Quelle diff�rence par rapport au processus de Barcelone ?

Il en ressort que contrairement au processus de Barcelone, l�Union pour la M�diterran�e impulserait un �lan politique � la coop�ration autour de la M�diterran�e en mobilisant les soci�t�s civiles, les entreprises et les collectivit�s locales. Sarkozy parle de �logique de coop�ration et non d�int�gration � et mart�le que le projet d�Union pour la M�diterran�e n�a pas pour but de se substituer aux m�canismes de coop�ration et de dialogue d�j� existants mais de les compl�ter gr�ce, justement, � cette impulsion politique. L'Union pour la M�diterran�e, dit-il, adopte une nouvelle strat�gie bas�e sur des �projets concrets� qui cr�eront une dynamique compl�mentaire � celles des processus existants. Les projets doivent r�pondre � deux crit�res : celui du partenariat �galitaire d'abord qui donne enfin aux pays du Sud la possibilit� de proposer des projets et non plus de se contenter de ceux mis en place par les pays europ�ens. Le deuxi�me crit�re est celui de la g�om�trie variable permettant de ne r�unir sur un projet concret que les pays qui veulent volontairement y participer. Selon la premi�re mouture du projet, l'Union pour la M�diterran�e devrait �tre codirig�e par un pays de l'Union europ�enne riverain de la M�diterran�e et par un pays hors Union europ�enne. Un secr�tariat permanent sera mis en place � l'issue du sommet de Paris.
Un flou artistique qui perdure
Ainsi expliqu�s, les contours du projet sont toujours consid�r�s comme pas tr�s clairs. Les pays de la rive sud sont toujours dans l�expectative et ne savent toujours pas ce que concr�tement apportera l�UPM. Beaucoup se demandent quelle sera la diff�rence avec le processus de Barcelone qui, de l�avis de tous, n�a pas r�ussi � donner un coup d�acc�l�rateur au partenariat Sud-Sud qui reste � son niveau le plus bas. Ces m�mes voix indiquent que ce processus n�a aucunement b�n�fici� aux �conomies du Sud. Min�s par des dissensions profondes, les pays de la rive sud n�ont pas su d�passer leurs diff�rends pour �tablir un partenariat. La question palestinienne, le conflit entre le Maroc et le Front Polisario au sujet du Sahara occidental ont constitu� un frein, sans parler de l�absence totale d�initiatives venant des pays concern�s qui se sont souvent content�s d�attendre les propositions europ�ennes sans jamais �tre � l�origine de l�initiative. Feront-ils preuve davantage d�esprit d�entreprenariat ?
N. I.

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable