
Le Soir Retraite : En France, la Cnav dresse un bilan sévère de la réforme de 2003
En France, la réforme de 2003 sur les retraites n'a pas totalement porté ses fruits, selon la Caisse nationale d'assurance-vieillesse (Cnav), qui en a dressé un bilan sévère, dans le dernier numéro de sa revue Retraite et société, paru cet été. Selon la Cnav, l'un des principaux objectifs
de la réforme — retarder le départ à la retraite — n'a pas été atteint.
Cinq ans après, le taux d'emploi des 55-64 ans est de 38,1%, alors que
l'objectif a été fixé à 50% en 2010 par la Commission européenne. L'âge
moyen de départ à la retraite a même baissé entre 2003 et 2006, pour
passer de 61,4 à 60,7 ans (61,2 ans hors dispositif de retraite
anticipée). Créée par la réforme Fillon pour encourager les seniors à
rester en activité, la surcote (supplément de pension pour ceux qui
continuent à travailler alors qu'ils ont le nombre de trimestres
suffisants pour une retraite à taux plein) concernait en 2007 7,6% des
assurés du régime général. Avant la réforme, 7% des assurés continuaient
à travailler sans bénéfice. Ce dispositif semble «n'avoir engendré
aucune modification de comportement en matière de prolongation
d'activité», estime la Cnav qui parle d'un «échec relatif».
Hausse des retraites anticipées
L'assouplissement de la retraite progressive, qui permet aux salariés
âgés d'au moins 60 ans de travailler à temps partiel tout en bénéficiant
d'une fraction de leur pension de retraite, n'a pas rencontré plus de
succès. Le nombre de personnes en retraite progressive reste marginal.
En revanche, la Cnav note que les mesures destinées à cesser le travail
plus tôt, comme le rachat des années d'étude pour augmenter la durée
d'assurance ont attiré des futurs retraités (14,3 % ont effectué un
versement de ce type en vue d'un départ anticipé entre janvier 2004 et
septembre 2007). La création du dispositif de retraite anticipée,
destiné à tenir compte des carrières longues, a par contre dépassé
toutes les prévisions : plus de 100 000 bénéficiaires chaque année de
2004 à 2006. La réforme de 2003 a également modifié le «minimum
contributif», qui permet aux assurés qui ont travaillé longtemps mais
avec de faibles salaires de percevoir une retraite minimale dans leur
régime de base. Les effets en ont été toutefois «limités» selon la Cnav,
qui évalue l'augmentation des pensions à 2% et 3%.
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