
Monde : NUCLÉAIRE Kouchner estime qu'Israël ne laissera pas l'Iran accéder à l'arme atomique
Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner, en visite hier à Jérusalem pour soutenir les efforts de paix avec les Palestiniens, a estimé qu'Israël agirait contre l'Iran avant que ce pays ne produise sa première bombe atomique. «Israël a toujours dit qu'il n'attendra pas que la bombe (iranienne) soit prête. Je pense que les Iraniens le savent. Tout le monde le sait», a-t-il déclaré dans le quotidien israélien Haaretz, tout en ajoutant que l'option militaire n'était «pas une solution». Evoquant ensuite devant la presse l'hypothèse que l'Etat hébreu «frappe» l'Iran, le ministre a souligné que «c'est un danger, c'est une possibilité » et qu'il fallait «tout faire pour l'éviter». M. Kouchner s'est prononcé une nouvelle fois pour une approche envers Téhéran associant «offre de dialogue et sanctions», tout en déplorant que le régime islamique reste sourd aux propositions internationales de négociations. La France, avec les Etats- Unis, la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, fait partie du groupe de six puissances engagées dans la recherche d'un accord avec l'Iran pour que Téhéran gèle ses activités nucléaires les plus sensibles, suspectées de mener à l'arme atomique malgré les démentis iraniens. Israël considère l'Iran comme la menace la plus dangereuse à son encontre, en raison de l'accélération du programme nucléaire de Téhéran et des déclarations répétées de ses dirigeants, en particulier le président Mahmoud Ahmadinejad, prédisant la fin de l'Etat juif. M. Kouchner a eu hier plusieurs entretiens avec les dirigeants israéliens à Jérusalem, après avoir consacré la journée de samedi à des rencontres en Cisjordanie avec les responsables palestiniens, dont le président Mahmoud Abbas. Il a été reçu par le Premier ministre démissionnaire Ehud Olmert et sa ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, chargée de former un nouveau gouvernement, et a aussi rencontré le ministre de la Défense Ehud Barak. Le chef de la diplomatie française a réaffirmé son message d'encouragement à poursuivre les efforts de paix avec les Palestiniens, malgré les incertitudes liées aux aléas politiques en Israël et à la période électorale aux Etats- Unis. M. Kouchner a estimé que l'Etat hébreu allait connaître une «période difficile jusqu'à ce que la situation politique se stabilise», et a reconnu que «le rôle des Américains sera moins évident dans les mois qui viennent», en attendant la mise en place d'une nouvelle administration dirigée par le Républicain John McCain ou le Démocrate Barack Obama. Il a ainsi estimé peu probable de parvenir à un accord de paix d'ici la fin de l'année, comme espéré lors de la conférence d'Annapolis (Etats- Unis) en novembre 2007. Le ministre s'est toutefois déclaré «optimiste» sur les chances d'aller de l'avant après ses entretiens avec les Palestiniens, et il a salué une «vision pour la paix très positive » côté israélien. «Je pense que tout le monde est prêt à continuer» sur la voie ouverte par la conférence d'Annapolis pour parvenir à un Etat palestinien «nécessaire», a-t-il estimé. ll a une nouvelle fois démenti tout contact officiel entre la France et l'organisation islamiste Hamas qui contrôle la bande de Gaza, sans toutefois exclure le recours à des canaux officieux. «Officiellement, nous n'avons aucun contact avec le Hamas mais officieusement, il y a des organisations internationales qui entrent dans la bande de Gaza, en particulier des ONG françaises qui nous donnent des informations», a affirmé le ministre répondant à une question. Le ministre devait regagner Paris dans la soirée.
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