Actualit�s : AFFAIRE DE LA SAISIE DU LIVRE DE MOHAMED BENCHICOU
Le grand cafouillage


Alors que la ministre de la Culture, Khalida Toumi, commettait au Palais de la culture l�aveu de ce qu�elle avait elle-m�me ordonn� la censure du dernier livre de Mohamed Benchicou, au Centre international de presse (CIP), le ministre de la Communication, Abderrachid Boukerzaza, s�exer�ait, lui, � disculper officiellement le gouvernement dont il officie en tant que porte-parole de cet acte. Les violons du gouvernement sont-ils si d�saccord�s au point qu�ils bruissent d�une telle cacophonie ?
Sofiane A�t Iflis - Alger (Le Soir) - Comme la ministre de la Culture assume l�ordre d�interdire l�impression du livre de Mohamed Benchicou et d�op�rer la saisie de l�ensemble des documents y aff�rents, c�est, logiquement, l�affirmation du ministre de la Communication qui, non seulement para�t mal � propos mais, surtout, et � tout le moins, r�ins�re dans le chapitre de l�actualit� le questionnement autour de la solidarit� gouvernementale. Car en l�esp�ce, de deux choses l�une : ou que le porte-parole du gouvernement ignorait v�ritablement la d�cision prise par sa coll�gue de la culture ou, a contrario, il savait mais a choisi de souligner la d�marcation du gouvernement. Le fait, dans chacune des deux situations, m�rite que l�on s� y appesantisse. Il est, dans le premier cas, grave, du moins inexpliqu�, que le ministre de la Communication, qui se pr�sente devant la presse chaque mardi � l�issue du Conseil du gouvernement, ne soit pas tenu inform� des d�tails d�une affaire si lourde que celle qui concerne l�interdiction d�impression du livre de Benchicou. La gravit� est, dans l�autre cas de figure, plus pesante, en ce sens qu�il s�agirait alors d�un d�sengagement du gouvernement d�un acte commis par un de ses membres. Un d�sengagement publiquement assum�, de surcro�t, m�me s�il n�est pas prononc� comme tel. Difficile de croire, en effet, que cette censure r�pondait d�un acte solitaire de la ministre de la Culture, c�est�- dire commis sans se r�f�rer au pr�alable au fond� d�autorit� au sein du gouvernement. Mais pourquoi alors le gouvernement n�assume- t-il pas en m�me temps que Khalida Toumi ? Peut-�tre que l�avenir finira par nous y �difier. Mais en attendant, il importe vraiment de s�interroger sur l�acte de censure lui-m�me et les leviers que la ministre de la Culture a actionn�s pour le commettre. La ministre de la Culture a affirm� lors de sa conf�rence de presse : �J�ai lu le manuscrit et je l�ai fait lire � des avocats. Tous �taient d�accord que le contenu du texte tombe sous le coup de la loi�, et que �apr�s lecture du manuscrit, j�ai donn� ordre pour que le livre ne soit pas imprim� en Alg�rie (�)� Si la ministre affirme avoir lu le manuscrit, c�est qu�elle se l�est procur�. Comment, � cette fin, a-t-elle alors proc�d� ? Qui a-t-elle instruit pour qu�il le lui ram�ne de chez l�imprimeur ? Son ordre est-il fond� l�galement ? La ministre de la Culture n�a pas fait cas d�une d�cision de justice, ce qui revient � dire qu�elle a instruit directement ceux charg�s de lui ramener le manuscrit et ceux qui se chargeront de le saisir par la suite. Se peut-il qu�un ministre ass�ne directement ordre � la police de perquisitionner et de saisir un manuscrit sans le truchement du parquet ? La ministre de la Culture a, �voquant le contenu du manuscrit, l��crit attentant � des personnes repr�sentatives des institutions de l�Etat. �Des personnes repr�sentatives des institutions de l�Etat sont accus�es de vol sans aucune preuve. Ne croyez surtout pas que ces personnes vont faire comme si de rien n��tait. J�en fais partie. On peut critiquer mon action en tant que ministre, mais je n�accepte pas qu�on m�accuse de vol. je ne fais pas partie de la famille des voleurs�, a-t-elle dit. Khalida Toumi a �galement soutenu que, dans son manuscrit, Benchicou compare le ministre de l�Int�rieur au g�n�ral Jacques Massu. �Cela est injuste, infamant et inadmissible. M. Zerhouni est un homme qui a particip� � la guerre de Lib�ration. On ne peut pas le comparer � ce g�n�ral fran�ais. Alors, soit on ne sait pas qui �tait ce militaire ou on le sait, et alors l�, c�est grave.� L�auteur du livre, Mohamed Benchicou, a r�agi par la publication sur son site internet des extraits de son manuscrit que la ministre dit avoir jug�s diffamatoires. Le lecteur pourra ainsi se faire sa propre id�e sur la question. Mais en dehors de cela, pourquoi la ministre de la Culture a-t-elle agi en interdisant l�impression du livre plut�t que de laisser le soin aux personnes qui se sentiraient diffam�es ou offens�es de r�agir par ellesm�mes en saisissant la justice ? Si Mohamed Benchicou rend des personnes coupables de vol, n�est-ce pas � la justice qu�il incombe de lui demander de fournir des preuves ? N�est-ce pas � elle qu�il appartient d�instruire une enqu�te ? La ministre de la Culture a affirm� avoir agi par indulgence � l��gard de l�auteur. �Cette d�cision, je vous le conc�de, n�accorde pas de fleurs dans le hitparade des bons points. Peut-�tre que par cette d�cision, j�ai �vit� � M. Benchicou de retourner en prison.� Peut-�tre, mais n�aura-t-elle pas en m�me temps soustrait ces accusations de vol � l�enqu�te judiciaire ?
S. A. I.

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