Il y a � peine quelques mois, le ministre des Hydrocarbures, Chakib Khelil, pronostiquait un baril � 200 dollars avant la fin de l�ann�e. Au d�but de l��t�, les faits semblaient lui donner raison : le prix du baril avait atteint les 140 dollars. Le pouvoir entrevoyait l�avenir en rose. Mais la d�gringolade n�allait pas tarder.
En effet, pendant que nos dirigeants, forts des 130 milliards de dollars de r�serves de change, haussaient le ton envers leurs partenaires �trangers, donnant des instructions pour annuler ou geler des contrats de partenariat, croyant sans doute que le prix du baril resterait au moins au-dessus des 100 dollars, la crise couvait avant d��clater. Dans un premier temps, l�Alg�rie �tait d�clar�e � l�abri ! Avant que le prix du baril ne commence � baisser, passant en l�espace de quelques semaines de 140 dollars � 70 dollars, voire en dessous de la barre de ces 70 dollars ! Dans l�attente d�une d�cision de l�Opep de faire baisser la production afin d�enrayer la chute du prix du baril, les pays riches se f�licitent de cette chute annonc�e des cours du p�trole. Le plus dur est � venir. Resserrement et r�tr�cissement du cr�dit aux entreprises et aux m�nages aidant, la r�cession, qui a commenc� aux Etats-Unis, gagne le reste des pays d�velopp�s. Elle risque d��tre majeure. La croissance sera nulle ou n�gative pour la plupart des pays membres de l�OCDE. Cela signifie que la demande de p�trole sera faible. Car, les pays riches, Etats-Unis en t�te, qui poussaient les pays de l�Opep � baisser leur production, afin d�enrayer la hausse continue des cours du baril, avaient mis � profit la hausse de la production p�troli�re pour reconstituer leurs stocks strat�giques. Et qu�� pr�sent, en reversant une partie de ces stocks sur le march�, ils vont contribuer � faire davantage baisser les prix. Tout sera fait pour que cette baisse des prix se poursuive et soit durable. Pour les pays producteurs, tels que l�Alg�rie, c�est peut-�tre la fin des illusions d�une croissance fond�e sur des cours du baril � un niveau �lev�. A quoi s�ajoute le ralentissement attendu des �conomies asiatiques, Chine en t�te, qui se r�percutera n�gativement sur les cours des mati�res premi�res : ce ralentissement des �conomies chinoise et indienne entra�nera une baisse des besoins en hydrocarbures dans un contexte o� l�offre est d�j� sup�rieure � la demande. La forte croissance de l��conomie chinoise, par exemple, �tait surtout tir�e par ses exportations en direction notamment des march�s am�ricains et europ�ens. Maintenant que les �conomies occidentales sont en r�cession, celle-ci ne manquera pas de se traduire par une baisse des importations chinoises et asiatiques. Nul besoin, par cons�quent, des menaces du Premier ministre britannique, Gordon Brown, sur l�Opep afin que celle-ci ne baisse pas sa production. Le march� risque de s�en charger, car il n�est pas s�r que l�Arabie Saoudite, qui a d�j� vol� au secours de son protecteur US, accepte de r�duire sa production p�troli�re. Or, qui dit baisse des cours, dit baisse des revenus des pays producteurs. Et pour un pays comme l�Alg�rie, l�addition risque d��tre sal�e dans les ann�es � venir. En l�absence d�une production industrielle nationale hors hydrocarbures faible, pour ne pas dire inexistante au regard de besoins incompressibles, les r�serves de change risquent de fondre comme neige au soleil. Car la part des revenus qui sera consacr�e aux importations sera plus importante. Aujourd�hui, nos gouvernants font semblant comme si de rien n��tait. Pourtant, chacun sait qu�ils essaient de sauver les meubles. Ils n�ont pas vu arriver la crise parce qu�ils ne l�ont pas pr�vue. Preuve en est, Abdelaziz Bouteflika en personne a admis avoir vu tout faux ! Et entre-temps, l�Alg�rie a perdu huit ans ! Cette impr�voyance en �conomie risque de se payer cher, car cette crise sera durable et ne fait que commencer.
H. Z.

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