Actualit�s : CL�TURE DU COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LE SOUFISME � TIZI-OUZOU Plaidoyer pour un islam de tol�rance et de dialogue
Plus qu�un panorama du soufisme et de la pens�e soufie, le colloque international sur la chevalerie spirituelle et l�ordre �Rahmani�, qui s�est tenu depuis dimanche dernier � Tizi-Ouzou et qui s�est achev�, tard dans la soir�e de mardi, a retrac� le parcours du mouvement soufi qui a travers� l�espace et le temps, comme en t�moigne la pr�sence des confr�ries soufies, souvent teint�e de sp�cificit�s et de valeurs locales, dans des pays d�Afrique, d�Europe et d�Asie. Le soufisme, une r�alit� g�opolitique ?
Un voyage dans le pass� et le pr�sent de ces voies qui ont essaim�
de par le monde et qui continuent � marquer de leur empreinte la vie
spirituelle et socioculturelle de nombreux pays de la plan�te. C�est cet
itin�raire au long cours, attestant de la p�rennit� d�un mouvement et
d�un esprit, qui permet � l�universitaire marocain, Moncef Abdelhak,
d�affirmer que le soufisme peut constituer une r�alit� g�opolitique. De
l�Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient � l�Afrique du Nord, en passant
par l�Europe et jusqu�en Asie, ce mouvement atteste d�une pr�sence qui a
r�sist� aux vicissitudes du temps, avec des interconnexions entre ces
diff�rentes institutions. Ici et l�, on tente de les r�habiliter, de les
invoquer pour faire barrage aux assauts des id�es v�hicul�es par les
courants d�inspiration fondamentaliste et r�trograde. Ayant eu ses
ma�tres, ses preux chevaliers (Fatas) et ses martyrs c�l�bres, comme
Abou Mansour Al Halladj, accus� puis ex�cut� pour h�r�sie, �les
premi�res �coles soufies, rappelle Ouiza Galleze, du CNRPAH d�Alger,
s��laborent au IXe si�cle � Bassora et � Bagdad en Irak, autour de
ma�tres r�put�s comme Hassan Al Basri, Al Hallaj. Individuellement, ils
ont pu �laborer des philosophies, des modes ou des mod�les pour
concevoir autrement la connaissance, la gnose ou la v�rit�. Ainsi, se
r�pandent les Tariqa ou les Murid, � la recherche de l�an�antissement en
Dieu, pour la pratique du dhikr�. S�en suit, � travers les �ges, la
cr�ation de diverses voies, � travers plusieurs pays du monde musulman.
En Alg�rie, l�apparition des premi�res Tariqa remonte au XVIe si�cle. la
Qadirya, la Assawiya, la Tidjania, la Darkawiya comptent parmi celles
qui ont marqu� l��poque de leur empreinte. �Mais le XVIe si�cle marque
et annonce un moment de rupture et de transformation capitale dans le
monde musulman�, nous avoue Sadek Bala, de l�universit� de B�ja�a. �On
assiste � l��closion du soufisme marqu� par l��mergence de nouvelles
voies initiatiques et de ma�tres soufis au Maghreb, qui ont marqu� de
leur empreinte l�histoire religieuse et spirituelle du monde musulman�,
poursuit le conf�rencier, qui place le fondateur de la �Rahmania�, qui
r�pandra son influence en Alg�rie et m�me au-del�, comme en Tunisie,
parmi les �lites religieuses qui vont participer � ce renouveau
spirituel et � la r�g�n�ration du soufisme.
Une �thique de renoncement, de sublimation de l�amour et de la beaut�
Les causeries et les expos�s scientifiques des chercheurs venus du
Maroc, de Tunisie, d�Alg�rie, du S�n�gal, d�Egypte, de France, de Syrie,
du Liban, de Turquie, d�Iran, de l�Azerba�djan ou encore de Chine,
d�Inde ou d�Albanie, ont montr� que le soufisme est d�abord une �thique
et une esth�tique de vie, une invitation � l�amour du beau. Elles ont
montr� qu�il y a une place pour un islam �apais�, de tol�rance et de
dialogue. L�universitaire palestinien, Mahmoud Djaouda, ram�nera,
d�ailleurs, la crise que conna�t le monde musulman � l�interpr�tation
biais�e du dogme religieux, d�plorant la confusion entretenue par
certains pr�dicateurs et ex�g�tes de l�islam entre �le constant et le
variable�. Le constant est ce qui est donn� comme irr�m�diablement
accept� et qui ne doit pas �tre soumis au doute et � la d�monstration, �
savoir l�existence d�un Dieu unique et omniscient, de son proph�te et la
sacralit� du Coran. Le variable est tout ce qui est susceptible d��tre
interpr�t� et soumis � l�interpr�tation et � l�ijtihad dans tout ce qui
est relatif � la foi et au dogme. Le salut de l��me des musulmans
passera par le d�passement de cette confusion, synonyme de d�rives
ex�g�tiques, et qui ont �t� dommageables � l�islam. Des d�rives �
l�origine de la crise structurelle que traverse le monde musulman, sur
fond de violence et de rejet des int�grismes. Pour Mohamed Djawada,
l�asc�tisme, le cheminement spirituel et intellectuel des soufis est
l�exemple � suivre pour asseoir la paix sociale et jeter les bases d�une
soci�t� tol�rante et respectueuse des diff�rences, comme cela a �t� le
cas � l��poque o� la civilisation musulmane �tait � son apog�e. Dans
�Soufisme et g�n�rosit� de l�homme�, une causerie tout en images et
po�sie, Mohamed Ali Adhrachib, de l�universit� de T�h�ran, a montr�
comment le soufisme peut faire jaillir les sources de bont�, d�amour, en
un mot d�humanisme, qui sommeillent en l�homme, qui sont des valeurs
port�es et id�alis�es par les soufis et les �Fatas� (chevaliers). �Les
soufis sont des amoureux de la beaut� ; la po�sie, l�esth�tique et tout
ce qui est beau dans l�univers constituent le fondement de leur
communication avec les autres (...), le Coran est construit sur le
mod�le esth�tique de la po�sie qui s�adresse plus � la sensibilit� de
l�homme qu�� son esprit�, dira le conf�rencier, dans un commentaire sur
l�exp�rience esth�tique et spirituelle du po�te persan Sa�di Al Chirazi,
ajoutant, dans le m�me contexte, que l�amoureux ou l�adepte de l�amour
est celui qui est capable d�altruisme, de renoncement et qui est capable
de se mettre au service des autres hommes. �L�amour peut produire une
culture au service de la collectivit� et le d�veloppement de la soci�t�
(�). L�amour peut �tre aussi un antidote contre le d�sespoir et le
pessimisme et l�abandon de soi qui peuvent �tre des facteurs
d�arri�ration culturelle. Il (l�amour) favorise l�accomplissement
intellectuel et l��l�vation spirituel de l�homme�, ajoutera le
conf�rencier qui nous renvoie aux valeurs profess�es par les humanistes
grecs et � l�enseignement des philosophes occidentaux. Il plaidera pour
la vulgarisation et l�enseignement de l��ducation artistique et
esth�tique. Une dimension abandonn�e et manquant cruellement au sein des
soci�t�s musulmanes. �L��ducation de la sensibilit� artistique et
esth�tique, par la musique, la litt�rature, l��l�gance vestimentaire
participent � l��l�vation et � l�accomplissement moral et spirituel de
l�homme�, citant le philosophe Max Schiller, pour qui �l��ducation
esth�tique est la base de l��ducation politique�. Le m�me cheminement
humaniste a �t� per�u, avec quelques nuances, par Zohra Alieva, de
l�Acad�mie des sciences de Bakou, Azerba�djan, � travers l��tude de
l�itin�raire de celui que l�universitaire pr�sente comme l�un des plus
brillants repr�sentants de la Futuwa (chevalerie) et du soufisme
transcaucasien. Ce po�te soufi (1369- 1417), qui s�inscrit, selon la
conf�renci�re, dans la lign�e d�Al Halladj et de la philosophie mystique
de ce dernier, qui a sublim� la v�rit� en proclamant sa fameuse sentence
�Ana al haq (c�est moi la v�rit�)�, a jou� un grand r�le dans la
diffusion du soufisme en Orient. Le po�te Imad Al-Din Nassimi conna�tra
les affres du martyre. Comme Al Halladj, l�auteur de la c�l�bre
pr�diction, cit� plus haut, il sera ex�cut� et supplici� en Syrie pour
avoir profess� publiquement le soufisme, ses principes sociaux,
l��thique et l�esth�tique de ce courant, qui sont mis en perspective
dans �Le pouvoir de dire non�, une communication de Ouiza Galleze,
chercheur au CNRPAH. La conf�renci�re a trait� le th�me du renoncement
et du pacifisme, qui est � la base de l�esprit soufi.
S. A. M.
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