Contribution : Les diff�rentes r�visions constitutionnelles et la panne politique, culturelle et de communication

L'av�nement du pluralisme en Alg�rie a �t� consacr� par la Constitution de 1989 par voie r�f�rendaire. L'alternance au pouvoir (fixation du nombre de mandats pr�sidentiels) a �t� pl�biscit�e majoritairement par le peuple en adoptant la Constitution de 1996. Le recul du pluralisme et la r�surgence de l'unanimisme politique ont �t� ent�rin�s par les deux chambres du Parlement � main lev�e sans r�f�rendum populaire en 2008.
Ce dernier �v�nement n'a pas manqu� de susciter, et continuera de susciter des inqui�tudes, des interrogations et de nouveaux positionnements dans les sph�res politiques, �conomiques, sociales et culturelles de l'Alg�rie post-ind�pendance. Qu'est-ce qui explique une telle r�gression alors que notre pays �tait devenu l'exemple d�mocratique pour la majeure partie des peuples arabes et africains ? Pourquoi la jeune d�mocratie alg�rienne, n�e dans la douleur gr�ce aux sacrifices de notre jeunesse en Octobre 1988, est elle menac�e aujourd'hui, alors que toutes les tentatives de l'int�grisme de d�truire et de d�stabiliser l'Etat, la soci�t�, les institutions r�publicaines l�gitimement adoss�es au socle d�mocratique, se sont bris�es contre l'admirable r�sistance des Alg�riennes et des Alg�riens ? Pourquoi ces compromis maintenant, alors que le contexte international ne nous a jamais �t� aussi favorable � le terrorisme int�griste et les fondamentalismes religieux sont unanimement et fermement condamn�s par la communaut� internationale. Est-ce un attachement excessif au pouvoir ? Est-ce des int�r�ts objectifs li�s � la rente p�troli�re qui incitent les tenants du pouvoir � s'inscrire � contre-courant de l'histoire ? Et pourtant, la libert� d'expression, de cr�ation et leur corollaire le pluralisme m�diatique et politique constituent des' exigences nouvelles pour chaque soci�t� comme pour l'humanit� tout enti�re dans sa marche inexorable vers le progr�s et la modernit�. La fin du XXe si�cle et le d�but du XXIe sont marqu�s par de brusques acc�l�rations de l'histoire. Ces mutations qui s'op�rent sous nos yeux � l'�chelle mondiale sont des indices annonciateurs de nouveaux enjeux g�ostrat�giques aux cons�quences politiques, �conomiques, culturels et de communication qui ne laissent aucune place aux soci�t�s qui s'accommodent de l'archa�sme. Dans un tel contexte, l'Alg�rie n'a d'autre choix que de se pr�parer, au mieux, � amortir le choc du nouvel ordre mondial en cr�ant les conditions, toutes les conditions de lib�ration de ses �nergies. Cet imp�ratif n'est pas seulement valable pour les secteurs de production des biens et services, il l'est davantage pour la sph�re culturelle, politique, institutionnelle et de communication. Ces questionnements sont d'autant plus cruciaux qu'ils sont rendus n�cessaires par l'acc�l�ration du processus de mondialisation et de globalisation des rapports de production et d'�changes au niveau plan�taire et leurs retomb�es sur l'espace �conomique national. Ce nouvel environnement international, marqu� notamment par la crise du capital financier, est porteur de lourds spasmes structurels et de nature qualitative. Il interpelle la soci�t� dans son ensemble et les intellectuels en particulier. Dans ce climat d'incertitudes et de remise en question, l'accord d'association avec l'Union europ�enne de m�me que l'�ventuelle adh�sion de l'Alg�rie l'OMC posent avec force des interrogations nouvelles. Celles-ci sont relatives aussi bien aux m�canismes de protection de l'�conomie nationale qu'� la place, au r�le et au poids du partenaire social dans le processus de prise des grandes d�cisions qui engagent le devenir de la collectivit� nationale. Par-del� ces probl�matiques, se pose la question centrale de la d�mocratie en termes de concertation, de dialogue social et politique et de partage �quitable des richesses. De tels questionnements, et nous l'avons constat� au d�but de la crise du capital financier international, renvoient n�cessairement au r�le de l'Etat et � ses missions de r�gulation, d'encadrement et d'accompagnement de la transition vers l'�conomie de march�. Une telle approche ne peut faire l'impasse sur la nature sociale du travail, au risque d'instaurer un lib�ralisme d�brid� et sauvage, privil�giant la seule sph�re sp�culative au d�triment des investissements productifs et cr�ateurs de richesses. Ces pr�occupations sont confort�es aujourd'hui par les d�rives du capital financier international, mu, essentiellement, par des objectifs sp�culatifs. A cet �gard, il nous para�t important de noter l'amplification du mouvement anti-mondialisation (altermondialistes) qui, craignant les retomb�es n�gatives du capital international sur la majeure partie de la plan�te, sous la pression des multinationales, ont, � chaque tenue de sommet du G8, tent� d'alerter l'opinion internationale pour notamment que la nature sociale du travail ne soit pas sacrifi�e au profit des seuls int�r�ts des grands d�tenteurs de capitaux. Les dirigeants du monde lib�ral eux-m�mes, y compris George W. Bush pour l'Am�rique et Nikolas Sarkozy au nom de l'Europe se sont d�partis, conjoncturellement, de leur conviction id�ologique en appelant, lors du dernier sommet du G8, � une moralisation du capital financier et � une plus grande r�gulation de la part de L'Etat. Ils ont compris la nouvelle donne strat�gique. Les ap�tres du n�olib�ralisme se pr�occupent soudainement de la pr�servation de la coh�sion sociale ainsi que de la sauvegarde des �quilibres sociopolitiques. En Alg�rie, le monde du travail, les syndicats, les forces de progr�s et les intellectuels en g�n�ral, ne sont pas rest�s en marge. En 2003, la large mobilisation des travailleurs d�cid�e par les instances syndicales lors de la gr�ve g�n�rale s'inscrivait au-del� des revendications salariales et mat�rielles, pour se poser en termes de pr�servation et de protection de notre principale source de richesse, � savoir les hydrocarbures.
Impact de ces bouleversements sur le corps social alg�rien
Un des faits majeurs qui semble caract�riser les soci�t�s modernes contemporaines est sans nul doute le recul des associations et mouvements � caract�re politique en faveur des mouvements associatifs de la soci�t� civile mue par l'aspiration individuelle et collective � la libert� de penser, de cr�er et de participer � la gestion de la cit�. Cette tendance semble accentu�e en Alg�rie par la conjugaison de deux facteurs : la d�saffection des citoyens vis-�-vis de leurs gouvernants et l'incapacit� de la classe politique � apporter des r�ponses � leurs pr�occupations. L'ensemble de ces d�fis, aux interrelations complexes, nous interpellent et remettent � l'ordre du jour le projet de soci�t� auquel la collectivit� nationale aspire notamment dans ses dimensions historique, civilisationnelle, culturelle, institutionnelle et de communication. Le fort taux d'abstention aux derni�res consultations populaires est un message tr�s fort que les citoyens ont adress� au pouvoir et � la classe politique. Ce message doit �tre lourdement pes� et m�dit� et aucun discours populiste ne peut suffire � endiguer les menaces qui p�sent � terme sur la stabilit� et la coh�sion sociale. En v�rit�, la mobilit� du tissu social national, sous la pression de l'�volution de l'histoire, de la culture, de l'�conomie et de l'environnement international, a fini par g�n�rer objectivement des visions diff�renci�es, voire m�me antagoniques dans l'approche par les diff�rents groupes sociaux de l'�tre culturel et politique collectif. Les fractures, les ruptures historiques successives, v�cues par la soci�t� alg�rienne, ont fini par marquer durablement le corps social alg�rien. Les avanc�es consid�rables du si�cle qui s'�teint et les d�fis qu'augure le troisi�me mill�naire font tomber beaucoup de tabous et �branlent les certitudes que d'aucuns pensent immuables. Tout atermoiement nous sera fatal. Entre un pass�isme conjoncturellement confortable et le difficile mais in�luctable chemin de la modernit�, du progr�s, de la d�mocratie et de l'alternance au pouvoir, le choix est clair, notre peuple l'a fait un certain Novembre 1954.
A. Hamma

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