Actualit�s : SINISTR�S D�EL-GHABA
Ces �mes en peine que le pr�sident ne verra pas


Gharda�a, �branl�e par une terrible inondation au mois d�octobre dernier, tente tant bien que mal de se remettre d�aplomb pour accueillir comme il se doit, dimanche, le pr�sident de la R�publique. Elle s�affaire tellement � se farder qu�elle a oubli� les sinistr�s de la palmeraie d�El-Ghaba que Bouteflika n�ira pas voir lors de sa visite.
De notre envoy� sp�cial � Gharda�a, Sofiane A�t Iflis
Trente et une familles vivotent encore dans cette �cole coranique transform�e dans l�urgence en centre d�accueil des sinistr�s d�El Ghaba. Au moment de la terrible crue de l�oued, elles �taient 180 familles � s��tre r�fugi�es dans cette �cole �rig�e sur un monticule. Apr�s la d�crue et au fil des semaines qui ont suivi la catastrophe, des familles quitt�rent tour � tour ce centre inhospitalier. Certaines ont eu droit � la compassion de parents r�sidant ailleurs. Elles y ont trouv� g�te, en attendant que se concr�tisent les promesses de l�Etat. D�autres ont b�n�fici� de l�aide � la location fix�e � 12 000 DA par mois et sont parties trouver un toit � Gharda�a-Centre ou aux alentours. Cependant, trente-trois familles restent otages de la malnutrition et du froid dans ce centre de fortune. M�me les petits kits de denr�es alimentaires que la wilaya leur octroyait les premiers temps qui ont suivi le sinistre ont connu une restriction drastique. �Cela fait dix jours que nous n�avons rien re�u. Ce qui nous a oblig�s � abandonner la cuisine collective que nous avons pratiqu�e jusque-l�. Maintenant, chacun se d�brouille seul pour nourrir sa famille�, s�est exclam�, d�pit�, un homme aux joues creus�es. Son compagnon d�infortune, plus jeune, encha�ne, manquant d��craser une larme : �Nous ne disposons m�me pas d�une bo�te � pharmacie. Nous sommes abandonn�s � notre triste sort. Que vous dire alors des enfants qui ne trouvent pas quoi se mettre sous la dent et qui, la nuit venue, grelottent de froid�, dit-il ajoutant, apr�s avoir marqu� une br�ve h�sitation propre aux gens qui ont plein sur le c�ur et qui ne savent pas par quel malheur commencer, �la nuit derni�re, une jeune fille, terrass�e par la faim, a d� �tre �vacu�e � l�h�pital�. Dans ce centre, les hommes se sont retrouv�s contraints de ne pas s�alimenter pour permettre � leurs femmes et leur prog�niture d�avoir quelque chose dans les boyaux. Leurs complaintes sont interminables. Tristes surtout. �Je vous avoue que j�ai fait de la prison. Et ben, figurez-vous que je me sentais mieux derri�re des barreaux qu�ici livr� � mon triste sort. En prison, au moins, j�avais droit � ma ration de viande une fois par semaine�, l�che un jeune au b�ret basque distinctif. C�est dire l��tat de d�tresse de ces oubli�s de la promesse de l�Etat. Ils se sentent m�me exclus des pr�occupations des autorit�s locales. Et il y a de quoi. En effet, ces trente et une familles r�unies par et dans le malheur ont d� passer un A�d des plus tristes. N��tait une �me compatissante qui leur a fait don d�un mouton pour le sacrifice, elles auraient rumin�, seules, la privation. Pourtant, la cellule de crise au niveau de la wilaya leur a fait croire qu�elles ne seront pas oubli�es. �On nous a convoqu� avant l�A�d et on nous a demand� une s�rie de renseignements, notamment le nombre et l��ge des enfants. Nous avons cru na�vement que, au moins, nos enfants auront droit � des cadeaux de l�A�d. Vous savez ce � quoi nos enfants ont eu droit ? A des sachets de bonbons�, t�moigne ce p�re de famille. Mais ce n�est pas uniquement en cela que l�administration locale a failli. Ces sinistr�s ont re�u des convocations pour se pr�senter le 20 d�cembre dernier au niveau du stade communal pour b�n�ficier du relogement dans les chalets. Non seulement l�administration n�a pas honor� son rendez-vous, elle n�a m�me pas daign� motiver la d�cision du report. Depuis, il n�y a rien. Les familles attendent. Elles s�interrogent r�ellement sur leur sort. Qu�adviendrait-il de leur sort ? Seraient-elles relog�es ? Auraient-elles droit � des indemnisations ? Elles ne savent rien. Elles ont peur d��tre ensevelies sous le poids de l�oubli. Elles ont raison de nourrir tant de craintes. Derni�rement, le minist�re de la Solidarit� a organis� des voyages au nord du pays pour les enfants des familles sinistr�es. C�est ce qui a �t� annonc�. Or, ces familles assign�es � vivre le calvaire dans cette �cole coranique jurent qu�aucun de leurs enfants n�en a fait partie. �Ce sont d�autres enfants, de notabilit�s qui ont �t� pris en lieu et place des v�ritables sinistr�s�, jure-t-on. Le seul organisme qui ne semble pas les oublier, c�est la Sonelgaz. Ces agents ont sillonn� les venelles d�El- Ghaba, au milieu des murs �ventr�s, de maisons �croul�es pour y d�poser des quittances. Des quittances livr�es au souffle du vent dans ce d�cor apocalyptique.
S. A. I.

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