Culture : �YENNAYER ET LE CALENDRIER�
Le temps des saisons


L��mission hebdomadaire �Dhakirate el madina� du journaliste Karim El-Houari conna�t un grand engouement de la part des auditeurs de cette station, qui a am�lior� ses prestations depuis l'arriv�e du nouveau directeur.
Cette semaine, on a parl� du temps et des saisons, vu que les habitants de cette r�gion accordent une grande importance � la c�l�bration de Yennayer, qu'ils f�tent avec beaucoup de ferveur. Pour ce faire, notre animateur a invit� des hommes de culture comme Kouadri Bouali, chercheur en linguistique et en toponymie, ainsi que l'�crivain Mohamed Boudia. En substance, voil� ce que nous pouvons retenir de cette prestation. On d�finit Yennayer comme le premier jour dans le calendrier berb�re (amazigh). Il correspond � la victoire du peuple amazigh men� par son roi Chichung II sur les Pharaons, durant le r�gne de Ramses I en 951 avant J.-C. Il faut reconna�tre que le calendrier berb�re date de plus de 2959 ans. Le calendrier julien, relatif � Jules C�sar, est venu se greffer sur le calendrier berb�re (amazigh) qui existait bien avant lui, c'est-�-dire ayant pris son essence bien avant les Romains, depuis la civilisation syriaque et babylonienne. Ce d�calage par rapport � l'ann�e tropique a �t� supprim� par le pape Gr�goire en 1582 ap. J.-C., ce qui fait passer la date du 4 octobre au 15 octobre supprimant ainsi le d�calage de 11 jours de d�rivation qui manquait au calendrier julien. Boudia Mohamed a insist� sur la personnalit� du roi Numa Pompelius, d'origine sabine, car on rattache � son nom toutes les r�formes culturelles et religieuses comme l'institution d'un calendrier fond� sur le cours de la lune, avec la distinction des jours fastes et n�fastes. Le Janarius, figurant dans le calendrier romain, �tait le mois du dieu Janus (dieu des portes et des seuils). Il s'agit du mois de janvier du calendrier r�publicain romain qui n�est lui-m�me devenu le premier de l'ann�e qu'au cours du IIe si�cle avant notre �re, prenant la place de Martius, le mois de mars qui marquait jusque-l� le d�but de l'ann�e. Mais � cause du d�calage croissant par rapport � l'ann�e solaire, ce calendrier lunaire est devenu au fil des ann�es ing�rable par les pontifs (pr�tres) romains, et a conduit Jules C�sar � le r�former gr�ce aux conseils du math�maticien et astronome Sosignus rencontr� en Alexandrie. Ce dernier s'appuyait sur les profils de r�forme du calendrier solaire �gyptien qui poss�dait d�j� 12 mois de trente jours chacun auxquels �taient rajout�s cinq jours pour arriver � une ann�e de 365 jours. La mort brutale de C�sar fit que la r�forme ne vit pas son application avec toute la pr�cision voulue et les pontifs intercal�rent au calendrier une ann�e bissextile tous les trois ans. Son neveu Octave devenant l'empereur, Auguste le r�ajusta encore en int�grant une ann�e bissextile tous les quatre ans. Le l�ger d�calage par rapport � l'ann�e tropique a �t� supprim� par Gr�goire XIII en 1582 pour supprimer une d�rivation de 11 jours (11 mn par an tous les 134 ans). Ce calendrier gr�gorien s'est r�pandu � travers toute l'Europe occidentale mais demeure inconnu au Maghreb jusqu'au XIXe si�cle. L'anthropologue Plantade essaye d'expliquer la pr�sence actuelle du calendrier julien partout en Afrique du Nord. Il constate un parall�le avec les mois juliens. On trouve des p�riodes de 40 jours identifi�s partout en Afrique du Nord, lyali (pour les froidures blanches et noires), sma�m (pour les chaleurs s�ches), nissam(pluies de printemps). C'est cette p�riodisation qui est l'illustration du caract�re agraire du calendrier actuel et tous ceux qui emploient ces termes aujourd'hui pensent qu'il s'agit de mois arabes. La passion pour l'agriculture l'a mis sur la piste des agronomes andalous du Moyen �ge. Ces derniers ont, en effet, r�dig� et diffus� en arabe � partir du XIe si�cle des trait�s d'agronomie rationnelle reprenant le calendrier julien espagnol de toute l'Europe ainsi que l'empire byzantin, qu'ils avaient conserv� depuis l'empire romain. C'est ainsi que le calendrier julien a �t� �toff� par les p�riodes cit�es qui ne pouvaient �tre connues que par des sp�cialistes et des �rudits voyageant en Syrie. Le Kitab el filahi d'Ibn El- Marwam, publi� au XIe si�cle, � S�ville, en est une belle illustration. Ainsi par exemple nissam par exemple est le mois d'avril du calendrier chr�tien syriaque. Pr�cisons que ce nom est d'origine babylonnienne. C'est sans doute � cette p�riode que le calendrier julien syriaque a �t� adopt� � travers toute l'Afrique du Nord. En effet, � la fin du XIe si�cle, en 1090, que le sultan almoravide Yusuf Ibn El Tashfine annexe � son royaume nord-africain le royaume musulman d'Espagne. Cela se poursuivra sous la dynastie suivante des Almohades qui constituaient un royame unique depuis l'Andalousie jusqu'en �gypte. En 1492, l'�lite andalouse se replia en Afrique du Nord, y propageant ses id�es. Si les agronomes andalous ont pr�f�r� reprende le calendrier solaire julien, c'est qu'ils estimaient qu'il �tait mieux adapt� � l'agriculture que le calandrier lunaire musulman.
Medjdoub Ali

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