Chronique du jour : KIOSQUE ARABE
Mensonges racont�s aux �louveteaux�
Par Ahmed Halli
halliahmed@hotmail.com


La rue arabe a encore donn� son verdict, largement amplifi� par la nouvelle �Voix des Arabes�, la cha�ne qatarie �Al Jazeera� : c'est une nouvelle victoire que les Arabes viennent de remporter � Ghaza. Des victoires qui co�tent de plus en plus chers en vies humaines et en infrastructures de base. Encore une victoire comme celle-l� et nous sommes tous an�antis, doivent se dire les habitants de Ghaza devant les ruines de leurs maisons.
Pyrrhus, contemplant le d�sastre de Ghaza, n'aurait pas dit mieux ! Nous voil� donc apr�s 1500 morts, dont le tiers sont des femmes et des enfants, � c�l�brer une �ni�me guerre victorieuse. De toutes parts nous parviennent des �chos de marches triomphales, de chants � la gloire des combattants. A Alger, o� les casseurs du vendredi ont respect� le cessez-le-feu d�cr�t� � Ghaza, on a aussi exult�. Une section scout a organis� une c�r�monie de la victoire pour ses �louveteaux�. Ces derniers ont eu droit � des r�compenses, pour prix de leur pr�sence et de leur cr�dulit�. Il est bon, il est sain, patriotiquement parlant, que des enfants soient f�licit�s pour la mort de centaines des leurs � Ghaza. Comment expliquer alors aux parents des enfants morts et aux autres qui ont �chapp� au massacre organis� par Isra�l ces lendemains qui d�chantent ? Depuis 1964, les Arabes volent de victoire en victoire et le prix � payer est chaque fois plus lourd, plus insupportable. Ce qui est valable pour les populations ne l'est certainement pas pour les dirigeants politiques. Alors que les statistiques humanitaires dressent un bilan catastrophique catastrophique de ces trois semaines de guerre contre les civils, les dirigeants palestiniens relativisent. Le Hamas, avec un rare cynisme, fait �tat de 48 morts parmi ses forces paramilitaires. Quarante-huit morts seulement, serait-on tent� de dire, alors que les non-combattants ont pay� le prix fort. Le Fatah a perdu 87 hommes lors de cette bataille, r�plique l'Autorit� palestinienne � partir de Ramallah. Le groupe de Ahmed Djibril en a perdu 35 mais son chef a surv�cu aux attentions que lui prodiguent les services syriens � Damas. Pour le Hamas, on a su, d�s le retrait isra�lien, qu'ils ne pouvaient pas avoir perdu plus de 48 hommes. Surgies d'on ne sait o�, les forces paramilitaires du Hamas, dont les uniformes avaient disparu du th��tre des combats, ont r�occup� le terrain pour montrer qui �tait le ma�tre de Ghaza. A la sinistre comptabilit� des morts s'est substitu�e la surench�re autour de la gestion de l'aide internationale. Ghaza accuse Ramallah de vouloir accaparer l'aide internationale pour la mettre au service d'une administration corrompue. De son c�t�, l'Autorit� palestinienne affirme que la corruption est d�j� dans le camp du Hamas. Le mouvement d�tourne d�j� une partie de l'aide humanitaire pour son propre compte. Il est vrai qu'en mati�re de corruption, le Hamas a d�j� montr� qu'il avait �t� � bonne �cole avec sa gestion du trafic des tunnels. Et si Mahmoud Abbas porte des chaussures italiennes hors de prix, tout le monde sait que les dirigeants du Hamas adorent investir leurs ��conomies� dans le commerce de bijouterie. L'�crivain palestinien en exil, Nihad Isma�l, r�fute le terme de r�sistance que se sont attribu� le Hamas et ses alli�s. Il reprend � son compte le terme de �Turkey Shoot� utilis� par le Gardian pour qualifier l'offensive isra�lienne. Celle-ci �tait dirig�e contre les civils palestiniens, tir�s comme des dindes incapables de voler et repr�sentant donc des cibles faciles. Dans ce �Turkey Shoot�, affirme-t-il, les Isra�liens auraient massacr� des dizaines de milliers de Palestiniens s'il n'y avait eu l'investiture de Barack Obama et, surtout, les manifestations de col�re en Europe et en Am�rique. �La premi�re conclusion � tirer, note Nihad Isma�l, c'est que les �Kouffars� d'Europe et d'Am�rique ont sauv� le Hamas et ont sauv� les Palestiniens du g�nocide.� Le Palestinien s'attache ensuite � d�masquer ce qu'il appelle les �parties honteuses� de cette guerre, � savoir :
- La r�sistance :
Les racontars sur une r�sistance l�gendaire ne sont que des mensonges pour duper les masses arabes. Il n'y a pas eu de bataille entre l'arm�e isra�lienne et la r�sistance. Cette derni�re s'est �vapor�e et n'a r�apparu qu'apr�s le d�part des troupes isra�liennes pour crier victoire. Il appartient donc au Hamas de rabattre son caquet et de s'adresser aux gens avec humilit� et modestie. Parce qu'ils n'ont pas montr� leur force sur le terrain comme l'a fait, par exemple, le Hezbollah durant l'�t� 2006. Un simple rappel : en juin 2007, les nervis du Hamas ont tu� 150 Palestiniens en une seule journ�e pour s'emparer de Ghaza. Apr�s plus de trois semaines, ils n'ont tu� que 13 soldats isra�liens. �Au diable cette r�sistance !� a lanc� un commentateur arabe.
- La �d�mocratie� isra�lienne et ses crimes contre l'humanit� :
Cette guerre in�gale a montr� qu'Isra�l est un Etat criminel et terroriste fond� sur la purification ethnique et les massacres collectifs. Durant ces derniers �v�nements, le monde entier, � l'exception de l'administration Bush sortante, a r�alis� qu'Isra�l est un Etat qui fait fi de la vie humaine et qui ne respecte pas la l�galit� internationale.
- La fermet� et la solidarit� : O� sont les fid�les alli�s du Hamas et qu'ont-ils fait ? Ce camp a prouv� sa faillite totale et son recours syst�matique aux discours enflamm�s et aux slogans pompeux. C'est tout ce que nous avons entendu en provenance de ces gens. A Doha, le pr�sident syrien a d�clar� que �ce qui avait �t� conquis par la force devait �tre repris par la force�. Ce sont de belles paroles mais interrogeons- nous : le Golan n'a-t-il pas �t� pris par la force il y a 42 ans ? Pourquoi n'a-t-il pas all�g� la pression sur ses alli�s du Hamas en r�cup�rant le Golan par la force ? Le pr�sident iranien a appel� les Etats mod�r�s � rompre les relations avec Isra�l et � opter pour la r�sistance. Ce sont l� aussi de belles paroles. Mais l'Iran n'occupe-t-il pas le territoire arabe de l'Ahwaz et ne pend-il pas les Ahwazis qui veulent rester arabes aux pyl�nes �lectriques et aux grues ? L'Iran n'occupe-t-il pas � ce jour trois �lots arabes en refusant toute discussion � leur sujet ? Le Hezbollah a refus� de s'impliquer et d'impliquer le Liban en entrant dans cette guerre pour lib�rer les terres de Shaba. Cette attitude a paru intelligente parce que le Hezbollah s'est content� de slogans et de discours exalt�s contre le camp mod�r�.
- La mod�ration arabe : La politique de la mod�ration et de la raison a �chou� � convaincre l'administration am�ricaine et Isra�l de la n�cessit� d'�vacuer les territoires occup�s, d'arr�ter la colonisation et la construction du mur raciste. Isra�l n'a fait aucune concession au camp mod�r�. L'Am�rique et Isra�l ont r�ussi �galement � mettre le camp mod�r� en mauvaise posture. Aujourd'hui, la rue arabe en arrive � regarder les mod�r�s comme des tra�tres.
- Le mensonge des fus�es : La propagande isra�lienne affirme que plus de 6 500 fus�es ont �t� lanc�es sur les villes et les colonies du sud en sept ans, tuant 18 civils. Soit 305 fus�es par civil atteint. Ces projectiles, appel�s �Fus�es mis�rables� et sans efficacit� par le journaliste de The Independent, Robert Fisk, ont servi de pr�texte. Les dirigeants isra�liens ont exploit� � fond ce sujet pour des objectifs politiques et de communication. Le Hamas continue d'affirmer que ces �fus�es balistiques transcontinentales� seront � nouveau utilis�es�, conclut le Palestinien Nihad Isma�l. A l'heure des louanges au Hamas et � une r�sistance arabe mythique, il est sans doute utile de rappeler � nos jeunes scouts que les d�faites arabes ne sont pas seulement militaires. A l'origine, il y a toujours cette obstination aveugle � nier les faits et � mentir aux �louveteaux�.
A. H.

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