Près de cinquante millions d'Américains n'ont pas d'assurance maladie et soixante-quinze millions n'ont pas de retraite. Ce ne sont pas forcément les mêmes ! La remise à plat des deux dossiers est sur la liste des priorités de Barack Obama. Un de ses prédécesseurs, Bill Clinton, de 1993 à 2001, du Parti démocrate lui aussi avait promis de prendre en charge ce dossier et de réduire ces énormes inégalités sociales : il n'avait pas tenu ses promesses et la situation de ces dizaines de millions d'exclus n'avait cessé de se dégrader.
Actuellement, le système de santé américain est écartelé entre deux
extrêmes : un système financé par l'impôt pour les personnes âgées et les
pauvres et un système d'assurance privée laissé aux excès du marché pour
d'autres. Entre les deux, cinquante millions d'exclus. M. Obama estime qu'il
faut rompre avec cette politique d'extrêmes, casser la spirale des coûts et
renforcer la couverture santé de chaque salarié. Une promesse chiffrée a
même été faite : le coût moyen de l'assurance maladie ne doit pas dépasser 2
500 dollars (1 892 euros) par an et par famille. Pour y arriver, le
président des Etats-Unis propose d'investir dans les «nouvelles
technologies, la prévention et la coordination». Le nouveau système
tablerait sur la responsabilité des patients et des médecins, sans
ingérence, jugée bureaucratique, des compagnies d'assurances. Si une
personne n'a pas d'assurance, ces dernières seront dans l'obligation de
proposer différentes options d'assurance maladie a des prix raisonnables.
Une taxe santé sera créée au bénéfice des PME (petites et moyennes
entreprises), qui pourront ainsi proposer une couverture à leurs salariés.
Une Bourse sera instituée pour créer un comparatif entre les différentes
options d'assurance maladie. Les laboratoires pharmaceutiques verront les
prix des innovations contingentés et l'usage des génériques généralisé. Les
50 à 60 milliards de dollars de coût supplémentaire seront financés par la
suppression de la déduction fiscale instituée par l'ancien président
américain, George W. Bush, en faveur des Américains ayant un revenu
supérieur à 250 000 dollars par an.
Eviter la réduction du montant des pensions
Pour solvabiliser le système des retraites «pour les cinquante prochaines
années», le gouvernement veut augmenter la pension de base — généralement
très faible — assurée par la Sécurité sociale. Pour le second étage des
retraites, financé par les entreprises, des systèmes de cotisations
automatiques seront mis en place. Si les formules sont simplifiées et la
gestion déléguée à une structure nationale ou régionale, la décision de
cotiser devient plus simple à prendre. Ces plans suivront les salariés d'un
employeur à l'autre et évolueront en fonction des revenus. Les lois sur les
faillites seront revues de manière que les salariés qui ont cotisé pour leur
retraite deviennent des créanciers de premier rang. Le nouveau président
américain a également promis une mesure qui ira droit au cœur des retraités
qui, quoique pensionnés, ont vu leur pécule fondre avec la déroute des fonds
de pension : les possibilités juridiques, pour de tels fonds, de réduire le
montant d'une pension de retraite seront fortement limitées.
LSR
47 millions d'Américains n'ont pas de sécurité sociale...
Les rares hommes politiques qui ont voulu humaniser le système de santé
américain s'y sont cassé les dents. Le constat est effarant : les compagnies
d’assurances — privées pour la plupart — ne cherchent que le profit et
refusent d'assurer les gens qui en ont vraiment besoin. Assureurs et
médecins roulent sur l'or quand 47 millions d'Américains sont sans
couverture et risquent la ruine au moindre pépin de santé. Le système est à
ce point aberrant qu'un tiers des dépenses se perd dans son fonctionnement
administratif ou dans la guerre commerciale, voire juridique que se livrent
les assureurs. Soigner les gens est devenu un objectif secondaire.
Et 82 millions rêvent d'avoir plus de 65 ans !
Une étude, récemment publiée aux États-Unis, a décidé de prendre en
compte ceux qui ont pu perdre pendant seulement une période de l'année leurs
droits à l'assurance maladie. Elle a ainsi mesuré qu'entre 2002 et 2003 un
tiers des Américains de moins de 65 ans, soit près de 82 millions de
personnes, ont été privés, à un moment ou à un autre, d'assurance maladie,
et donc du remboursement de leurs frais médicaux pendant une période de plus
de six mois au moins. En effet, aux Etats-Unis, l'accès à l'assurance
médicale gratuite, le système qui porte le nom de Medicare, est réservé aux
personnes de 65 ans et plus. ...