Actualités : L’ÉMIR DE KATIBAT EL FETH, BENTITRAOUI OMAR, ABATTU
La fin d’une cavale sanguinaire


Les policiers de la BMPJ (Brigade mobile de la police judiciaire) de Boumerdès ont réalisé, mercredi, une opération de premier ordre. Ils ont mis fin, en début de soirée, à la cavale d’un très dangereux chef terroriste.
Ce dernier a à son actif une longue liste de méfaits. L’opération a eu lieu dans un lieu très fréquenté, en raison des nombreux restaurants spécialisés dans le poulet cuit à la braise qui s’y trouvent. L’«émir» de la katiba El Feth, Bentitraoui Omar, a été pisté, selon des sources sûres, depuis la ville de Boudouaou. «Le terroriste était rasé de près», dira un commerçant de l’avenue, qui ajoutera que, «dès le début de l’accrochage, les policiers ont hurlé l’ordre de nous mettre à plat ventre». Fort heureusement, les forces de l’ordre n’ont subi aucune perte. Les forces de l’ordre, en civil, ont tout de suite cerné leur cible. «Les citoyens n’ont vu que du feu», pour reprendre l’expression d’un confrère. La cible des policiers, qui connaissait très bien les environs et ce qui pouvait faciliter sa fuite, était à pied et s’apprêtait vraisemblablement à entrer dans l’un des restaurants. L’opération a eu lieu vers 21h45 au niveau de la RN 24, une rue commerçante. C’est une véritable «frappe chirurgicale» qui est à inscrire à l’actif des services de sécurité de Boumerdès. Il est à signaler que cet «émir» était depuis longtemps la cible des services de sécurité de la wilaya de Boumerdès, auxquels il a échappé à plusieurs à reprises. Une fois, blessé, il a réussi à prendre la fuite. Ce mercredi, les policiers ont, selon les informations en notre possession, pris toutes les précautions pour le capturer vivant.
Un parcours parsemé de cadavres d’innocents

Cette prise est très importante, voire déterminante dans la sécurisation de la partie ouest de la wilaya de Boumerdès et l’est de la capitale. Bentitraoui Omar, alias Yahia Abou Khatem, âgé de 32 ans, est monté au maquis au milieu des années 1990. Il quitte haouch Brok, dans la commune de Corso, pour rejoindre les rangs du sinistre mouvement islamique armé, le GIA, avant de rallier le GSPC de Hassan Hattab, à sa création en 1998. Il avait la hargne et la férocité qui l’ont imposé comme chef. C’est connu, chez les islamistes : le plus féroce s’impose comme meneur. De plus, sa mobilité et sa maîtrise du terrain le rendaient très redoutable Il sévissait entre Tidjelabine, au centre de la wilaya de Boumerdès, et la ville de Rouiba, territoire de la phalange El Feth. A la disparition de la sinistre seria El Horra, qui a été créée par Hassan Hattab, désormais «réconcilié », pour commettre des tueries à Alger, le territoire de l’«émir» s’étendra plus à l’ouest, jusqu’au cœur d’Alger. Effectivement, nos sources et nos statistiques indiquent qu’il est le principal commanditaire du double attentat à la voiture piégée, qui a ciblé au début de 2007 les commissariats de police de Dergana et de Réghaïa, à l’est d’Alger. C’était le début des carnages à la voiture piégée organisés par le GSPC qui a, entre-temps, fait allégeance à Ben Laden avant que le mouvement islamiste insurrectionnel armé (le GSPC) ne passe à une étape supérieure dans sa surenchère sanguinaire, à savoir les attentats kamikazes. Bentitraoui a fait également partie du groupe qui a préparé, à l’ombre de la réconciliation nationale, une autre série d’attaques à l’explosif. Le commissariat de Boumerdès, les brigades de gendarmerie de Si-Mustapha et de Souk El-Had, des structures sécuritaires de la wilaya de Tizi-Ouzou ont été ciblés. Bilan : 7 morts. Ces forfaits ont permis au GSPC de sortir la tête de l’eau, de réinstaller la peur parmi la population, mais surtout de recruter massivement des terroristes. En avril 2007, il est passé en effet à la vitesse supérieure. Le Palais du gouvernement et le commissariat de Bab-Ezzouar ont été la cible d’attentats. Bentitraoui faisait partie de la cellule qui les a préparés. Malheureusement, la liste des méfaits de ce sanguinaire est longue. Il est aussi le commanditaire ou l’exécutant d’attaques à l’explosif et de tueries dans la région allant de Thenia, d’où il est natif, jusqu’à Rouiba, en passant pas les villes de Boumerdès, Tidjelabine, Corso, Boudouaou, Boudouaou El- Bahri et Réghaïa. Il avait comme complice un certain Ould Amri, originaire de la commune de Corso. Ce terroriste a été abattu il y plus d’une année. Donc avec l’appui de Ould Amri, tout aussi redoutable et de quelques uns de ses comparses, la phalange El Feth semait terreur et désolation dans la région précitée. Le 2 août 1999, le nom de Bentitraoui a été associé à l’attaque du CFPA de Thenia, qui s’est soldée par la mort du fils du directeur de l’établissement, Karim Saboundji, alors âgé de 23 ans. On lui impute l’assassinat, en 2004, de deux militaires au niveau d’un faux barrage dressé sur la RN 29, près de la ville de Keddara, au sud de Boudouaou. Dans la même commune, il a assassiné aussi un GLD. En juillet 2005, son groupe a tendu une embuscade sur la RN 5 à une patrouille de la Gendramerie nationale, où deux gendarmes ont été tués. Le même groupe récidivera quelques semaines plus tard au même endroit pour incendier totalement une minoterie. 20 milliards de centimes sont partis en fumée et 120 familles sont réduites au chômage à ce jour. Il a attaqué la station-service de Corso en septembre 2005, tuant un citoyen. Mai et juillet 2006, l’«émir» Abou Khatem commandite deux attentats à la bombe. Le premier engin explosif a été déposé au centre-ville de Boumerdès, le second à l’entrée du marché de la même agglomération, blessant 5 policiers. En mars 2007, Bentitraoui et Ould Amri déposent une bombe artisanale au centreville de Boumerdès, ciblant le chef de la BMPJ de la wilaya de Boumerdès qui, fort heureusement, s’en est tiré avec quelques frayeurs. Les deux terroristes savaient que, tant que ce responsable était en poste, la fin de leur cavale était inéluctable. Enfant de la région, engagé avec conviction dans la lutte contre les islamistes armés, ce responsable maîtrisait son sujet et s’employait à venir à bout de ces sanguinaires. C’en était trop pour ces individus. Fort heureusement, l’élimination de Ould Amri a privé d’un appui considérable Bentitraoui, qui s’est fait quelque peu oublier jusqu’à ce mercredi. Malheureusement, ce bilan macabre est loin d’être exhaustif pour ce sinistre terroriste.
Ali F.



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