Corruptions : DIX ANN�ES DE DISCOURS, DE D�CLARATIONS ET D'EFFETS D'ANNONCES
Aucun acte concret contre la corruption qui continue d'exploser


Le candidat Abdelaziz Bouteflika a fait jeudi 12 f�vrier � Alger une d�claration annon�ant sa candidature � l'�lection pr�sidentielle du 9 avril prochain. Contrairement � ses pr�c�dents discours, la lutte contre la corruption �tait absente, ni dans son bilan ni dans ses projets pour son 3e mandat. Faut-il y voir la reconnaissance d'un �chec suppl�mentaire et d'une sorte de deal entre factions du pouvoir visant � abandonner toute vell�it� de lutter contre la corruption ?
Dans son discours de jeudi, il a affirm� que �(...)l'Alg�rie joue un r�le dynamique au service du sursaut de notre continent, � travers l'Union africaine et dans le cadre du Nepad (...)�. Or, cette organisation continentale qui bat de l'aile et a fait la d�monstration de son inutilit� et de son inefficacit�, a adopt� malgr� elle, en 2003, une convention de lutte contre la corruption qui est toujours non appliqu�e. Ce n'est que lors de son dernier sommet des chefs d'Etat, il y a quelques jours, � o� Bouteflika avait brill� par son absence � que les membres du conseil consultatif de cette convention ont �t� d�sign�s, soit six ann�es plus tard (!) : c'est un peu trop pour un organe consultatif. Toujours dans sa d�claration, Bouteflika a ajout� que �(...) l'Alg�rie �uvre � promouvoir ses droits �conomiques, tout comme elle poursuit ses n�gociations en vue de son adh�sion � l'Organisation mondiale du commerce, dans des conditions favorables � notre d�veloppement national (...)�. Or, il appara�t de plus en plus que le gouvernement alg�rien, dop� par les recettes du p�trole, n'est plus int�ress� par une adh�sion � l'OMC, adh�sion qui risque de mettre � nu les pratiques opaques du pouvoir ! Et le candidat-pr�sident Bouteflika d'ajouter que �(...) nous avons ainsi enregistr� un total de pr�s de 250 milliards de dollars investis, dont pr�s de 160 milliards de dollars d'investissements publics dans divers secteurs, et notamment pour la satisfaction des besoins socio�conomiques de la population (...) �. Il n'est un secret pour personne, et nous l'avons souvent signal� dans ces colonnes, qu'une bonne partie de ce �tr�sor� a �t� dilapid�e, utilis�e � mauvais escient et a �t� l'objet de gaspillage et de gabegie.
Un fonds de r�gulation des recettes g�r� dans l'opacit�
�(...) Nous avons toujours cherch� � garantir la stabilit� des capacit�s du budget public, ce qui se refl�te aujourd'hui par une �pargne de l'Etat de plus de 4 000 milliards de dinars dans le Fonds de r�gulation des recettes, alors que la dette publique int�rieure a �t� ramen�e de pr�s de 1 800 milliards de dinars � pr�s de 700 milliards de dinars aujourd�hui�, a affirm� le candidat du pouvoir � l��lection pr�sidentielle, ajoutant que �tout cela aidera notre pays � faire face aux ann�es difficiles qui s'annoncent avec la baisse des recettes en provenance des hydrocarbures, lesquelles constituent encore la part dominante des recettes de l'Etat�. Malheureusement, ce fonds, comme la multitude des autres fonds qui sont cr��s chaque ann�e, est g�r� de mani�re opaque et discr�tionnaire, et l'opinion publique est volontairement laiss�e dans l'ignorance. Comment peut-il d�clarer, alors qu'il vient de se donner une pr�sidence � vie, que �(...) chacun sait que l'avenir du pays ne saurait d�pendre d'un seul homme ni des seules institutions de l'Etat� ? Et de souligner � alors que la r�pression contre la soci�t� civile bat son plein �, que �cet avenir doit �tre pris en charge par le peuple lui-m�me qui doit assurer l'ancrage du pays dans ses valeurs et dans ses choix fondamentaux, ainsi qu'une implication plus grande de la soci�t� dans la construction nationale, et faire pr�valoir la volont� du peuple souverain dans la d�finition et dans la r�alisation de notre avenir national (...)� Or, on sait que les d�nonciateurs et les t�moins de la corruption sont syst�matiquement victimes de repr�sailles de leur employeur, des services de s�curit� et de la justice.
La loi anti-corruption du 20 f�vrier 2006 aux oubliettes
Et le candidat Bouteflika d'annoncer un de ses engagements pour son 3e mandat �(...) relatif � la poursuite du processus de r�formes de la gouvernance dans tous les domaines (...)�, alors que toutes les dispositions de la loi de pr�vention et de lutte contre la corruption du 20 f�vrier 2006 ne sont pas du tout appliqu�es ! �(...) Nous maintiendrons la politique nationale de justice sociale et de solidarit� nationale, tout en veillant � lutter contre les gaspillages, et � l'orienter davantage vers ses destinataires l�gitimes (...)�, a ajout� le futur heureux �lu du 3e mandat. Mais alors pourquoi maintenir le projet dit de la Grande Mosqu�e d'Alger au co�t faramineux et scandaleux de 3 milliards de dollars ? Bouteflika a aussi assur� que l'Etat mobilisera �encore plus intens�ment � ses ressources au service du d�veloppement du pays, soulignant qu'il envisage de porter cet engagement � l'�quivalent de 150 milliards de dollars les cinq prochaines ann�es ! Encore une nouvelle enveloppe pour la commande publique de l'Etat qui sera g�r�e certainement en grande partie par les pratiques abusives et ill�gales du gr� � gr�. Trop d'argent qui va partir en fum�e, alors que le �programme des grands projets publics de 2005- 2009� conna�t un �norme retard. Les Alg�riens doivent tout faire pour exiger des comptes � tous les niveaux et que des bilans sans complaisance soient faits. Il y va de la sauvegarde des ressources financi�res du pays.
Djilali Hadjadj
(* ) NDLR : projet de d�veloppement �conomique, en panne de vision et de financement

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