Actualit�s : CE MONDE QUI BOUGE
Cet argent arabe parti en fum�e
Par Hassane Zerrouky


Le chiffre a de quoi donner le tournis. �Les pays arabes ont perdu 2 500 milliards de dollars en raison de la crise financi�re mondiale�, a r�v�l� le ministre kowe�tien des Affaires �trang�res, Mohammed Al-Sabah. Tout cet argent, investi dans les institutions financi�res occidentales � banques, assurances � a fondu comme neige au soleil. Il en est ainsi des prises de participation d'Abu Dhabi Investment et du saoudien Kingdom Holding dans le capital de la banque am�ricaine Citygroup, laquelle a d� �tre secourue par l'Etat am�ricain afin d'�viter le d�p�t de bilan.
Mais aussi dans d'autres institutions financi�res comme Merryl Lynch, quatri�me banque d'affaires am�ricaine, rachet�e au dernier moment par la Bank of America. Quant aux milliards de dollars investis par ces pays mais aussi par l�Alg�rie dans l�achat de bons du Tr�sor am�ricain, rien ne permet de penser qu�ils seront un jour r�cup�r�s sans perte, du fait de la d�pr�ciation du dollar. Ajoutons � cela les 400 milliards de dollars des pays du Golfe qui dorment dans les banques suisses ! Le m�me ministre kowe�tien, prenant soudainement conscience de la catastrophe que repr�sente cet argent envol�, appelle aujourd�hui � un �march� commun arabe�. Id�e appuy�e par les autres pays du Golfe avant de faire l�unanimit� au sein des Etats membres de la Ligue arabe. C�est un peu tard, car cette somme colossale investie dans les pays occidentaux aurait pu aider au d�veloppement des pays arabes moins riches. D�autant que la trentaine ou plus de milliards de dollars investis par ces p�tromonarchies dans les �conomies des pays fr�res ne sont rien en comparaison des 2 500 milliards de dollars d�finitivement perdus dans l��conomie sp�culative occidentale. Les pays du Golfe investissaient (et continuent � le faire) dans les pays arabes, dans l�immobilier et le tourisme, des projets peu cr�ateurs d�emplois durables, et quelquefois dans des projets agricoles, la t�l�phonie mobile parce que rentable � court terme, rarement en tout cas dans de gros projets industriels. En revanche, ils n�h�sitent pas � mettre la main � la poche pour financer la construction de mosqu�es et autres institutions religieuses (�a ne cr�e pas d�emplois). De mani�re g�n�rale, tout porte � croire que les strat�gies d�aide des princes du Golfe en direction des pays arabes consistent � s�acquitter du minimum syndical afin de ne pas �tre accus�s de d�laisser leurs �fr�res�, avoir la conscience tranquille pour investir en Europe, y disposer de luxueuses r�sidences secondaires, et profiter des d�lices qu�offre la soci�t� bourgeoise occidentale. Pire, certains �mirs pr�f�rent investir dans le football, se payant � coups de dizaines de milliards de dollars le club de Manchester City, d�autres lorgnent vers le Milan AC� Alors que pendant ce temps, des millions de Palestiniens vivent gr�ce � l�aide de l�Union europ�enne, des petits Soudanais meurent de faim, des petits Marocains et Y�m�nites travaillent dans des petites entreprises artisanales de textile, de cuir� Aujourd�hui, ces �mirs veulent donc un march� commun arabe. Soit. Mais, il est � craindre que ce ne soit trop tard. Le fl�chissement de l�activit� industrielle am�ricaine, europ�enne et asiatique se traduit par une baisse de la consommation p�troli�re et donc de la demande mondiale, fl�chissement qui se traduit par une pression � la baisse sur les prix du baril. De ce fait, bien que disposant encore de ressources certaines, les pays du Golfe, confront�s d�j� � une baisse des revenus, n�auront pas les moyens de leur politique d�aide aux autres pays arabes, si jamais ils ont l�intention de se d�cider enfin � investir dans les secteurs productifs cr�ateurs de richesses et d�emplois, et non dans les seuls projets immobiliers et touristiques de prestige, destructeurs de l�environnement.
H. Z.

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable