Actualit�s : LE POINT S�CURITAIRE
Engagement intellectuel et terrorisme


Depuis quelques ann�es, il est organis� � Alger un colloque consacr� � la vie militante et professionnelle de Abdelhamid Benzine, conjointement par des amis de cette regrett�e personnalit� nationale avec la participation de quelques rares sponsors. Militant politique, maquisard de la guerre de Lib�ration, journaliste, �crivain et ayant achev� sa vie comme directeur de journal, ce grand homme a �t� de toutes les pulsions qui ont travers� notre pays, du moindre fr�missement d�une localit� perdue � la secousse la plus alarmante dans la capitale.
L�id�al de Benzine a �t� partag� par nombre de citoyens de sa g�n�ration. Ind�pendamment de leurs appartenances id�ologiques, hommes ou femmes de lettres ou artistes, chacun selon sa vocation, ils se sont, tous, interdits de ne pas se sentir concern�s et de ne pas s�impliquer corps et �me dans les fracas de la patrie sans pour autant n�gliger ou oublier de r�ver d�une vie meilleure pour elle tout en s�y investissant pour sa r�alisation. Les intellectuels et artistes de cette trempe que l�Alg�rie a connus tout au long de son histoire, et particuli�rement depuis la fin du XIXe si�cle et le d�but du XXe, se sont subitement effac�s quasi totalement, si ce ne sont quelques tr�s rares noms quand le pays s�est retrouv� en face de la monstruosit� terroriste. Alors que l�apparition du ph�nom�ne terroriste a co�ncid� depuis le d�but des ann�es 1980 et surtout � partir des ann�es 1990 avec une floraison notable de canaux et supports de diffusion des produits litt�raires et artistiques, paradoxalement, hormis les travailleurs de l�urgence qui se sont investis dans les m�dias nationaux pour contribuer, selon leurs professions, � la lutte contre le terrorisme, les hommes et femmes de la trempe de Benzine se sont inscrits aux abonn�s absents. Apr�s deux d�cennies de combat contre le terrorisme, aucun grand nom ne s�est vraiment impos� par sa plume, son pinceau, sa cam�ra ou son solf�ge. Il est vrai que les conditions autant objectives que subjectives de production n�ont �t� et ne sont nullement encourageantes dans le pays. Il est vrai que le terrorisme depuis le FIDA et la propagande de ceux qui se revendiquent comme ses �hommes politiques�, notamment ceux qui se sont r�jouis jusqu�� l�hilarit� du d�c�s du regrett� Rachid Mimouni, n�ont pas manqu�, sinon d�assassiner, au moins de stigmatiser tout intellectuel qui s�est oppos� � eux et le pr�senter comme un agent de la �junte�. Mais, justement, est-ce que ce n�est pas dans des conditions pareilles que des Benzine ont �merg� aussi bien en Alg�rie que sous d�autres cieux ? Les soubresauts avec lesquels le pays n�en finit pas d��tre en prise par rapport au terrorisme ont laiss� et laissent encore au quotidien des empreintes profondes qui ne demandent qu�� �tre recueillies. Nos grands-m�res campagnardes ont d�j� inclus dans le r�pertoire de leurs m�moires des chants sur le martyre des enseignantes de Sidi-Bel-Abb�s, ou le massacre des passagers de tout un bus � Sougueur (Tiaret). Les Patriotes de Sa�da ont enregistr� une danse (la derni�re avant son assassinat) de Ammi Belgacem quand, � la t�te de son groupe, il p�n�trait dans une �zone lib�r�e� qu�il a reprise au GIA o� le douar entier s�est r�joui dans une �wa�da� (f�te) m�morable en renouant avec les sons de la gha�ta (zorna) qui a �t� exhum�e. Yemma Zahra de Jijel attend que le documentaire que lui a consacr� �Il �tait une fois� de l�ENTV se mue en une grande production sur la r�sistance. Qui se souvient encore de la �Vietnamienne� de Boufarik et sa gibeci�re pleine de munitions parmi les femmes des Patriotes ? Les affres v�cus par la petite Fatima dans les maquis de Chlef, la t�te de A�cha balanc�e par-dessus le mur devant ses propres enfants par ses �d�capiteurs� dans la m�me wilaya ? Qui peut mesurer le courage de ce colonel l�chet� ex�cut� alors qu�il se proposait de n�gocier sans arme la lib�ration d�une famille prise en otage � T�lemly (Alger) ? Ou encore un militaire qui a demand� officiellement la main de l��pouse d�un terroriste abattu dans ce village de Sa�da ? De ce policier dans les bras duquel s�est explos� celui qui voulait tuer le pr�sident de la R�publique � Batna? Ou, tout simplement, qui va consacrer un recueil des blagues de nos �hittistes� d�hier (et les �harraga� d�aujourd�hui) sur les terroristes et m�me sur Abassi Madani ? Il y a mille fa�ons d��tre et de rester fid�le � la m�moire d�un Abdelhamid Benzine et de la comm�morer. Mais il n�y a qu�une seule pour en �tre un soi-m�me. Etre � la hauteur de son pays et de ses combats.
Mohamed Issami

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