Actualit�s : CE MONDE QUI BOUGE
Les pays producteurs et l'apr�s-p�trole


Soixante-quinze dollars! Tel est le prix que les pays de l'Opep escomptent atteindre � travers une nouvelle baisse de production d'un million de barils par jour. Fin 2008, l�Opep avait d�cid� d'une baisse de 4,2 millions de barils/jour. Sans r�sultat. Les temps sont durs. Le prix du baril � 140 dollars, c'est d�j� du pass�. Aujourd'hui, il se maintient difficilement � un peu plus de 40 dollars.
M�me l'annonce par la Chine, deuxi�me consommateur mondial de p�trole, d'un plan de relance de 1000 milliards de dollars ne semble gu�re avoir influ� sur les prix. New York et Londres, lieux o� se d�cident le prix du baril, font montre de prudence et sont rest�s sourds. Pire, la baisse du dollar, qui p�nalise les pays producteurs de p�trole, a rendu le prix du baril plus attractif. Cons�quence : des experts ont estim� qu'un prix du baril � 45 dollars ne serait � terme d'aucun b�n�fice pour l'�conomie mondiale ! Calculette � la main, nombreux sont les pays producteurs qui ont revu leurs objectifs � la baisse. Les plus lucides d'entre eux ont cess� de tirer des plans sur la com�te ! Il en est ainsi d'Abou Dhabi. L'effondrement des cours des Bourses mondiales conjugu� � celui des prix du baril s'est traduit pour le fonds souverain de cet �mirat � l'Abu Dhabi Investment Authority (Adia) � par une perte estim�e autour de 400 milliards de dollars. Plus g�n�ralement, tous les pays producteurs de p�trole ont laiss� des plumes dans cette crise. Et quand arrivera l'heure des comptes, il faudra bien que les dirigeants de ces pays s'expliquent devant leurs peuples apr�s avoir g�r� cette richesse �nerg�tique comme si c'�tait leur propri�t� personnelle. L'Alg�rie, par exemple, fait comme si cette crise ne la concernait pas. �lection pr�sidentielle oblige, on annonce aux Alg�riens que les objectifs fix�s sont maintenus. Sans consulter le Parlement � or, il s'agit de l'argent des Alg�riens � le chef de l'Etat a d�cid� d'effacer d'un trait les dettes des agriculteurs, d'augmenter de 50 % la bourse des �tudiants, et d'envisager d'�ponger les dettes des jeunes entrepreneurs, voire celles des patrons ! Or, les recettes en baisse, par rapport � 2008, ne sont pas en mesure de combler le trou des dettes impay�es par les agriculteurs. Et quand on sait que le budget de l'Etat pour 2009 est d�ficitaire � pour aller vite, les d�penses sont sup�rieures aux recettes � l'Etat devra soit activer la planche � billets, soit puiser dans des r�serves de change qui ne sont pas in�puisables. La planche � billets lui est en th�orie interdite car source d'inflation, donc de hausse des prix. Les r�serves de change, dont au moins 40% sont investis en achat de bons du Tr�sor am�ricain (donc non disponibles sur le court terme), risquent de fondre aussi vite qu'elles se sont constitu�es ! De fait, cette situation, qui n'est pas propre � l'Alg�rie (tous les pays p�troliers sont dans le m�me cas), montre une chose : l'incapacit� des pays � �conomie renti�re (fonctionnant exclusivement gr�ce � l'argent du p�trole) � pr�parer l'apr�s-p�trole. Qui plus est, certains choix �conomiques favorisant l'importation au d�triment de la production locale vont avoir des cons�quences socialement lourdes pour le pays. A titre d'exemple, il en est ainsi de la fili�re de la tomate industrielle � plus de 100 000 emplois en jeu � o� le fait de privil�gier l'importation de ce produit va se traduire par l'arr�t de la production de la tomate et la fermeture de nombreuses usines. Cet exemple, qui peut �tre �tendu � d'autres secteurs productifs, montre que l'Alg�rie n'a pas su mettre � profit la manne p�troli�re, en raison de l'absence d'une vision de d�veloppement alternatif au p�trole sur le court et moyen terme.
H. Z.

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