Régions : SKIKDA
Egouts à ciel ouvert !


Le déversement à ciel ouvert des eaux usées est un fait récurrent dans la ville de Skikda. Plusieurs cités, et pas des moindres, en pâtissent.
La cité des Oliviers subit cette «constante» depuis quelques semaines. Le ruissellement est visible sur les escaliers qui mènent à la cité d’El Kobia. «Ça fait près d’un mois que cela dure, nous dira un habitant apostrophé sur les lieux. Prendre cet accès est devenu dangereux du fait du risque de chutes, plus particulièrement pour les vieilles personnes». L’odeur nauséabonde qui s’y dégage est insoutenable. De moindre envergure, mais tout aussi condamnable, le même phénomène est constaté dans la cité Espérance. Les accotements sont emplis d’eaux usées. A la cité des Frères-Saker, une mare d’eau stagnante depuis quelque temps jouxte un immeuble en face de la maison de jeunes. Le fait est similaire dans plusieurs quartiers, et il ne sert à rien de les citer tous pour justifier nos propos. Il est dû, selon les explications données, à trois facteurs essentiels : le mauvais état des collecteurs d’assainissement, le raccordement anarchique des nouveaux projets, notamment ceux affectés aux particuliers, et la surpopulation dans les cités.«Les réseaux sont devenus obsolètes, ils ont été conçus pour une population donnée. Malheureusement, à la faveur de la construction de nouvelles cités, on n’a pas pris la peine d’en réaliser d’autres, on a exploité ceux existants en dépit de la démographie galopante», selon les explications d’un connaisseur. Les citoyens, dépourvus d’une structure organisée en l’absence d’associations qui les représentent, sont livrés à eux-mêmes. Ils déplorent rageusement cet état des lieux. L’Office national de l’assainissement, chargé depuis mars 2008 du volet assainissement dans la wilaya de Skikda, est constamment mis à l’index. Depuis, il a eu deux directeurs. L’actuel est originaire de Constantine et n’est pas encore officiellement installé. Pour rappel également, c’est à l’issue d’une rencontre au cabinet du wali, que le transfert de cette mission, précédemment dévolue aux 38 APC de Skikda, a eu lieu en présence des autorités de la wilaya et des représentants des deux parties concernées. Concernant la commune du chef-lieu, le transfert des activités a été accompagné de deux mesures importantes. La première concerne les moyens humains : 68 agents de curage, tous des contractuels de l’APC de Skikda, ont intégré le personnel de l’office. Parmi eux, aucun cadre ni responsable, «ce sont tous des contractuels pas du tout formés dans le domaine. En dépit de cela, ils déploient des efforts certains dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions», selon notre source qui a requis l’anonymat. Outre cela, c’est le nombre qui pose problème. La répartition s’est faite de la manière suivante : 51 agents de curage ont été affectés aux 4 zones de la ville, 16 à la station balnéaire de Larbi Ben M’hidi, 14 à la zone basse, 9 à la zone haute, 8 à Stora et 4 à la galerie Mouadher (près de l’îlot des Chèvres). Le restant du nombre, soit 17 personnes, assure le gardiennage des stations de relevage au nombre de 4, la marinelle (en-dessous du boulevard), Stora, Merdj Eddib et 700-Logements. Cette lacune a fait que «nous sommes devenus les pompiers de la ville, alors que la gestion des réseaux suppose d’assurer la pérennité des ouvrages par des opérations de conservation, l’entretien courant de ces mêmes réseaux et des organes mécaniques par des interventions de nettoyage et de maintenance, et l’exploitation par la régulation des débits», nous explique notre interlocuteur. La seconde : les moyens matériels. L’ONA a été dotée d’un hydrocureur, d’une aspiratrice, de deux camions K66, de deux tracteurs et d’une hydrocureuse tractable. Un matériel en constante dégradation, de l’avis de quelques personnes qui l’exploitent. «Il n’est bon que pour la réforme, d’ailleurs il y a quelques jours, on a acquis des pièces de rechange pour réparer quelques engins. La précédente APC nous a légués un matériel défectueux ne permettant pas de satisfaire les exigences du terrain». Il n’en demeure pas que l’ONA doit s’imposer et prendre en charge ces déficits, en collaboration avec les autorités de Skikda, en vue de garantir la salubrité publique. En premier lieu, il est nécessaire qu’elle soit informée des réseaux d’assainissement dans le but de faire leur reconnaissance et bien identifier les problèmes répétitifs. Son statut d’Epic, Entreprise publique à caractère industriel et commercial, lui exige une certaine autonomie dans la prise de décisions qui engage son avenir. D’ailleurs, dans quelques jours, elle sera délocalisée de son siège, sis à la petite zone industrielle, au profit de l’entreprise portuaire de Skikda qui compte étendre les activités du port sec. L’ONA sera une SDF et, parallèlement, les citoyens humeront les odeurs néfastes des eaux usées dans leurs quartiers respectifs.
Zaïd Zoheir



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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2009/03/12/article.php?sid=80561&cid=4