Chronique du jour : DECODAGES
Le monde � l��coute de la r�union du G20
Par Abdelmadjid Bouzidi
abdelmadjidbouzidi@yahoo.fr


Ao�t 2008, la crise financi�re internationale est d�clar�e ouverte, �le feu se propage � une vitesse inou�e�. Novembre de la m�me ann�e : le G20, qui r�unit les dirigeants des plus grandes �conomies du monde, tient une s�ance de travail � Washington pour �tablir le constat de crise profonde et prendre rendez-vous pour une seconde r�union qui, se promet-on alors, devra d�boucher sur des mesures pr�cises de �contre-feu�. Cette r�union aura lieu jeudi 2 avril 2009 � Londres.
Que peut-on en attendre ?
Certainement pas la fin du capitalisme ni celle de la mondialisation lib�rale de l��conomie. Nous savons depuis longtemps que le capitalisme am�ricain est diff�rent du capitalisme europ�en. Le premier est plus lib�ral, individualiste, d�r�gul�, le second reconna�t un r�le � l�Etat, est social (Etat- Providence) et r�glementaire. Ces diff�rences sont toujours l� et le G20 de Londres va encore s�en ressentir. Les Europ�ens reprochent aux Am�ricains d�avoir laiss� �le renard libre dans un poulailler libre� et trop de march� laiss� � lui-m�me entra�ne assur�ment des crises. Il faudrait donc refonder le capitalisme financier, la lib�ralisation financi�re et revoir cette tendance trop marqu�e � la financiarisation de l��conomie. L�Etat doit r�guler, r�glementer, promulguer des r�gles du jeu que les op�rateurs du march� doivent respecter sans, bien �videmment, remettre en cause celui-ci car il n�y a pas de meilleur syst�me �conomique que l��conomie de march�. Pour les Am�ricains, l� n�est pas aujourd�hui le d�bat. En tout cas, la priorit� de l�heure n�est pas � la refondation du capitalisme : �Ce n�est pas quand la maison br�le qu�on reconstruit les fondations !� Et pour cause, les capitalismes am�ricain et anglais se d�veloppent aujourd�hui gr�ce � la financiarisation de l��conomie et non plus au capitalisme industriel, domaine dans lequel ils sont supplant�s par les pays �mergents et notamment la Chine. L��conomie mondiale doit donc rest�e ouverte et bas�e sur les principes du march�. �Nous n�allons pas revenir au protectionnisme financier�, avertissent les Am�ricains. Ceci �tant soulign�, le pr�sident Barack Obama recense quatre s�ries d�actions � entreprendre selon l�ordre des priorit�s suivant :
1�/ Prendre des mesures imm�diates destin�es � stimuler la croissance et en poursuivre l�application jusqu�� ce que la demande soit r�tablie. A ce titre, les USA demandent aux Europ�ens des plans de relance plus consistants et rappellent que les mesures budg�taires et les investissements publics ont co�t�, � ce jour, au USA 11% du PIB contre seulement 3,5% pour l�Europe.
2�/ La seconde action � mener rapidement consiste � restaurer le cr�dit avec transparence et responsabilit�. Les entreprises, surtout, mais les m�nages, aussi, ont besoin du cr�dit bancaire : il faut que les banques actuellement en quasi-faillite puissent en fournir et les Etats ont l� un r�le d�terminant � jouer qu�ils ont d�ailleurs commenc� � jouer mais qu�ils doivent poursuivre. Il faut cependant que dans le m�me temps, ces Etats surveillent de plus pr�s l��volution du cr�dit bancaire. D�s que le march� du cr�dit s�emballe, il faut que les banques responsables se voient imposer de nouvelles r�gles qui rendraient pour elles le march� du cr�dit moins rentable et en limiteraient ainsi l�offre. La politique de surveillance des banques qui est aujourd�hui �micro-prudentielle� doit devenir plus �macroprudentielle � : c�est le comportement du syst�me bancaire dans son ensemble qui sera surveill�.
3�/ La troisi�me mesure � prendre selon le pr�sident am�ricain Obama consiste � aider les pays pauvres plus durement frapp�s que les autres par la r�cession mondiale et � soutenir les pays �mergents afin qu�ils puissent continuer � tirer la croissance mondiale.
4�/ Enfin, et les Am�ricains placent cette action apr�s les autres, en tout cas la citent en dernier : instaurer de vastes r�formes du cadre de r�gulation et de supervision du syst�me financier et s�vir contre les paradis fiscaux et le blanchiment d�argent. Il s�agit ici de revoir la r�glementation des paradis fiscaux dans le sens d�une lev�e du secret bancaire chaque fois que des indices d��vasion fiscale apparaissent. Ainsi, et pour r�sumer en une phrase les objectifs du G20 : les dirigeants des 20 pays les plus d�velopp�s et �mergents sont �d�termin�s � r�tablir la croissance, r�sister au protectionnisme et r�former les march�s et les institutions �. Les chefs d�Etat r�unis � Londres devraient sortir d�accord de cette r�union pour adopter �des mesures de relance , budg�taire, de soutien des syst�mes bancaires et probablement l�accroissement des ressources du FMI�. Quant aux demandes, notamment fran�aises, d�une �refondation du capitalisme �, d�une �r�gulation du capitalisme financier� et d�un �recul de la financiarisation de l��conomie en faveur d�un soutien au capitalisme entrepreneurial�, les dirigeants du G20 en prendront certainement acte mais, pour les Am�ricains, la priorit� n�est pas l� ! Alors, le G20 pourra-t-il r�ussir ce qui est attendu de lui, c�est-�-dire : r�former le capitalisme et relancer l��conomie mondiale en m�me temps ? Wait and see.
A. B.

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