
Actualités : LE CANDIDAT MOHAMED SAÏD DÉNONCE : «Les partis de l’Alliance ont joué le jeu de l’administration»
Jeudi, 20h30. Quartier général du candidat Mohamed Saïd Belaïd, cité des PTT, à Hydra. Environ une heure après les premières évaluations des résultats du scrutin, le candidat sort de son bureau pour rencontrer la presse. Rosa Mansouri- Alger (Le Soir)- Serein, malgré un visage blême et déserté par son sourire habituel, Mohamed Saïd commente les premières estimations donnant vainqueur le candidat Bouteflika. «Nous n’avons pas tous les éléments nécessaires pour faire une déclaration officielle, mais ce que je peux dire là, à chaud, c’est que l’administration a toujours fonctionné avec des irrégularités. C’est un mal chronique, aggravé aujourd’hui par les partis politiques qui ont joué le jeu de l’administration. » La permanence du candidat a enregistré, en effet, tout au long de la journée, des cas d’irrégularités et de dépassements dans plusieurs bureaux de vote à travers les différentes wilayas. «Ce qui est arrivé aujourd’hui va se retourner contre ces mêmes partis politiques, dans quelques années», fait-il remarquer pour désapprouver la main forte prêtée par les partis de l’Alliance présidentielle au candidat élu. Ces partis sont présentés comme bouc émissaire de cette élection par l’administration et le président-candidat, au point que Mohamed Saïd défendra ce dernier : «Je suis sûr que Bouteflika n’est même pas au courant de ces dépassements. C’est de l’excès de zèle». A la question de savoir comment il dénoncera les irrégularités constatées, le directeur de campagne du candidat, M. Djamel Benziadi, a affirmé que durant toute la journée de jeudi, les représentants de Mohamed Saïd ont dénoncé auprès des commissions politiques de surveillance des élections, les dépassements relevés et surtout prouvés. Dès le début de l’opération de vote, la permanence de Mohamed Saïd a commencé la récolte des informations. Quatre personnes seulement étaient là pour assurer le suivi, pendant que les autres militants se trouvaient éparpillés dans les centres de vote. L’ambiance était très calme. Le directeur de campagne faisait des allersretours entre son bureau et celui du candidat pour le tenir au courant de chaque nouvelle situation. Les journalistes sont également informés. «C’est calme», nous dit-on, à maintes reprises. Vers 19h30, M. Benziadi nous donne un aperçu sur les quelques cas d’irrégularités. Dans la commune de Sedrata, le candidat Bouteflika est sorti vainqueur avec 100% des voix, alors que plusieurs familles, signale- t-on, ont voté pour Mohamed Saïd. Aucune voix pour aucun autre candidat. A Oum-El-Bouaghi, les urnes ont été changées à 19h00 au vu et au su des observateurs politiques. Ces derniers ont exprimé leur impuissance à réagir, hormis le fait de saisir la commission politique de surveillance des élections. A Relizane, les P-V de dépouillement n’ont pas été remis aux représentants des partis dans six communes. Dans la wilaya de Sidi-Bel- Abbès, des électeurs ont découvert qu’ils ont voté à distance. La procuration n’était pas, non plus, indispensable, à M’sila. Par ailleurs, les représentants de Mohamed Saïd ont été humiliés devant tous les autres, à l’heure du repas. On leur a simplement demandé «d’aller manger chez Mohamed Saïd». Le comble de la journée, ce sont des présidents d’APC et chefs de daïras qui ont sillonné, à la dernière heure du scrutin, des dizaines de bureaux de vote, ordonnant aux organisateurs de bourrer les urnes, par n’importe quel moyen. «Il est difficile, après tous ces dépassements, de parler d’un Etat de droit», dénonce M. Benziadi. R. M.
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