Art et souvenir ou l�art de perp�tuer le souvenir, de prendre soin du cordon ombilical qui nous lie au pays qu�on a quitt� malgr� soi ; l�art, aussi, de le raconter aux autres�
C�est ainsi que l�on pourrait intituler l�exposition d�art plastique de Abdelkrim Tahar qui a eu lieu du 2 au 11 avril � la maison de la culture Mouloud- Mammeri de Tizi-Ouzou, occult�e, malheureusement, par la campagne �lectorale tapageuse accaparant � son profit l�attention des m�dias locaux. R�alis�es � distance, les �uvres de Abdelkrim Tahar, enseignant de sciences au coll�ge d�Ailly sur Noey en France, o� il s�est exil� en 1980, sont d�j� consacr�es par des journalistes fran�ais qui ont pu les voir � Amiens, Marseille ou Paris et qui en ont fait l��loge notamment sous l�intitul� �Ombres et lumi�res de Kabylie�.Cette exposition � la maison de la culture Mouloud- Mammeri, l�unique � travers le pays, survient en couronnement d�une quinzaine organis�es dans les villes de France suscit�es. Pour Abdelkrim Tahar, la peinture est � la fois une joie � partager, une vision des choses � exprimer, une r�alit� � immortaliser dans ses d�tails les plus infimes , un style � faire voir et, enfin, une harmonie � faire admirer. Les tableaux de cet exil� de 1980, optimiste inv�t�r� malgr� tout, de retour au bercail depuis un mois � la fin d�une carri�re professionnelle, expriment, en effet, le regard et l�amour profond qu�il porte aux choses de son pays sans jamais verser dans la nostalgie. Dans chacune des �uvres expos�es, et derri�re chaque sujet, on reconna�t un minutieux travail sur les couleurs, sur l�ombre et la lumi�re, sur les gestes, les traits, les postures et l�expression des choses, m�me les plus inertes, et celle des personnes, objets de son observation. Et pour cause, il s�agit, en fait, d�un travail fait avec amour, forg� dans un itin�raire militant enthousiaste, voire m�me fougueux au sein du mouvement associatif de France o� le professeur de sciences, d�j� exerc� � l�observation de ce qui l�entoure, a d�velopp� ses capacit�s de voir derri�re l�apparence des choses et de rendre visibles et lisibles leurs messages intimes et profonds. On peut dire que ceux qui l�ont compar� � certains grands artistes contemporains ne se sont pas tromp�s tant il y a de l�adresse dans l�ex�cution, de la pr�cision dans le d�tail, de la vivacit� et du mouvement dans les choses peintes. Il n�est pas n�cessaire d��tre un fin connaisseur des arts plastiques pour appr�cier ces tableaux soumis � l�appr�ciation des visiteurs de l�exposition que l�on d�couvre presque par hasard : les projecteurs et les efforts habituels de la maison de la culture, mission politique oblige, �tant dirig�s exclusivement sur la campagne �lectorale.
B. T.

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