Chronique du jour : KIOSQUE ARABE
Elle a tromp� Rochdi Abazza !
Par Ahmed Halli
halliahmed@hotmail.com


Louisa Hanoune a raison de s'indigner et de d�noncer les scores attribu�s aux candidats en lice le 9 avril. 4,2% de suffrages, c'est peu, tr�s peu, ce n'est m�me pas le minimum attribu� aux femmes par la Chariaa. Si malgr� ce manquement flagrant � la galanterie, de la part d'un homme qui en eut � ses heures pleines, elle veut remettre �a dans cinq ans, tant mieux pour elle !

Cela voudra dire simplement que toutes les avanies, pass�es, pr�sentes et � venir, n'auront pas entam� son ind�crottable optimisme. Il faut l'�tre, en effet, pour croire que dans cinq ans les r�gles du jeu auront chang�. Il faut �tre diablement optimiste pour esp�rer une am�lioration des chances offertes aux femmes, dans les prochaines cinq ann�es, alors que tout indique le contraire. Dans cinq ans, le mufti de la R�publique ou son �quivalent, �dictera une fetwa enjoignant � Louisa Hanoune d'ajuster son hidjab ou son niqab, avant d'aller voter pour l'homme qu'on aura choisi pour elle. Et je persiste � croire que ce sera le m�me que celui qui vient de lui conc�der charitablement une infime partie des ses cent pour cent. Si toutefois, il ne s'autorise pas encore quelques privaut�s avec une constitution soumise � tous les d�sirs. Alors, Louisa, au lieu de croire aux miracles, comme vous semblez le faire, regardez autour de vous, lisez les pages religieuses de vos journaux, �coutez les sermons de vos mosqu�es ! Le jour est loin o� une femme pourra pr�tendre � un fauteuil pr�sidentiel dans un pays arabe, sauf peut-�tre au Liban, si le Hezbollah et les voisins le laissent vivre(1). Comme le dit si bien le penseur �gyptien Sayed Qimni, �les Arabes n'acceptent la l�galit� internationale, �rig�e par l'Occident, que contraints et forc�s. Ils pr�tendent qu'ils ont la Chariaa mais ils n'ont jamais rien � offrir de cette Chariaa. Tout simplement parce qu'ils n'ont rien � proposer qui soit en accord avec notre �poque�. On pourrait objecter, cependant, qu'en d�pit des contraintes de la Chariaa, une femme, Louisa Hanoune en l'occurrence, a pu briguer un fauteuil pr�sidentiel. Ceci veut simplement dire que lorsque les gouvernants veulent se passer de la Chariaa ou la contourner, ils ne se g�nent pas. Ils sont assur�s, d'ailleurs, de ne courir aucun risque majeur, les r�sultats du scrutin se d�clinant uniquement au masculin. Louisa Hanoune n'est pas candidate � la magistrature supr�me dans un pays moderne. Elle joue les candidates dans un pays qui s'offre des ersatz de modernit�, par commodit� ou par souci du qu'en-dira-ton en Occident. Une fois que la roulette a tourn�, que la boule s'est arr�t�e dans la bonne case, on peut reprendre le cours normal des choses. On peut, comme en Arabie saoudite, faire un bon qualitatif dans la modernit� num�rique en instaurant la r�pudiation par SMS. Cette m�thode serait sur le point d'�tre valid�e par un tribunal saoudien, nous apprend la cha�ne Al-Arabia sur son site Internet. Elle a �t� inaugur�e, la semaine derni�re, par un citoyen saoudien. Ce dernier qui se trouvait en Irak a envoy� � son �pouse, rest�e au pays, un SMS lui signifiant la rupture du lien conjugal. Pour confirmer, il a t�l�phon� � trois amis, t�moins en puissance, pour les informer de son initiative. Autre tradition moderne en Arabie saoudite : les voitures, et pour cause, ainsi que leurs plaques d'immatriculation. Jusqu'ici, tout allait bien avec le syst�me des lettres arabes et des chiffres hindous, doubl�s en anglais. Seulement, les hasards du classement alphab�tique ont produit des r�sultats inattendus comme ceux-ci : ASS, SEX, USA, BAD, BAR. Une association saoudienne d'automobilistes a estim� que ces mots sur les plaques min�ralogiques �taient ind�cents. Ils ont donc demand� leur suppression ; ce qui leur a �t� accord� sur-le-champ. On peut comprendre que les deux premiers, ASS et SEX puissent choquer mais pourquoi incriminer USA ? Ce n'est pourtant que le sigle de la premi�re puissance mondiale et premier alli� strat�gique du royaume wahhabite. BAD, aussi, �a peut se comprendre, dans un pays o� les jeunes sont oblig�s de faire des voyages co�teux pour fuir les carcans religieux. Quant � BAR, c'est franchement inadmissible dans un pays, dont les habitants appr�cient particuli�rement les bars des h�tels de Bahre�n. Ils ont m�me construit un pont sp�cialement affect� aux d�placements nocturnes vers les palaces de l'�mirat o� l'alcool est permis, ainsi que d'autres divertissements moins nocifs d'ailleurs. On peut aussi organiser encore un s�minaire international sur l'h�mopathie cong�nitale (maladie du sang h�r�ditaire) � condition de se conformer � certaines r�gles strictes. Une cons�ur saoudienne en a fait la triste exp�rience il y a une dizaine de jours. Elle �tait invit�e � pr�senter une communication sur �Le r�le de l'information � destination des personnes atteintes d'h�mopathie�. Au moment o� elle se rendait � la tribune pour lire son texte � l'honorable assembl�e scientifique, Rabbah Samar s'est dirig�e naturellement vers le pupitre. A ce moment, le pr�sident de s�ance lui a coup� la route et lui a enjoint d'aller reprendre sa place dans la partie r�serv�e aux femmes. Rabbah Samar, la mort dans l'�me, a d� se r�soudre � lire sa communication � partir d'un pupitre situ� � l'�cart dans la zone des femmes(2). Pour vous consoler, Mesdames, vous qui avez vot� massivement contre Louisa Hanoune presque par atavisme, sachez qu'il y a des femmes qui ont consacr� leur vie � vous venger. Vous avez certainement entendu, il y a quelques jours, les grincements de dents int�gristes provoqu�s par les d�clarations de la chanteuse et actrice libanaise Sabbah, �Sabbouha� pour ses fans. A 81 ans pass�s, Sabbah a le regard encore p�tillant et l'�il �grillard. Lorsqu'elle voit un homme jeune et beau, �elle a envie de le prendre dans ses bras�, dit-elle. Sa vie sentimentale et matrimoniale a �t� aussi mouvement�e que sa carri�re puisqu'elle a us� sept maris diff�rents, dont Rochdi Abazza, le s�duisant acteur �gyptien des ann�es cinquante. Le mariage avait dur� cinq mois � peine, et Sabbah avait d�cid� de rompre avec ce mari trop volage. Il y a quelques ann�es, l'actrice blonde avait reconnu avoir tromp� tous ses maris � l'exception de Rochdi Abazza. Cette fois-ci, elle avoue que m�me le don juan du Nil avait eu son lot de cornes d'infid�lit�. Sabbah affirme l'avoir tromp� lui aussi et avec un prince saoudien. Du coup, tous les m�les d'Egypte se sont sentis cocufi�s. Au lieu de chercher � conna�tre l'identit� du prince qui a eu les br�ves faveurs de Sabbah, ils ont pr�f�r� la jouer autrement. Ils ont d�l�gu� � Beyrouth l'actrice Fifi Abdou afin qu'elle fasse revenir Sabbah sur ses propos. Au cours d'un grand d�ner avec la presse, Sabbah a non seulement confirm� ses confidences mais elle en a rajout�, � la grande confusion de la m�diatrice improvis�e. Sabbah : un exemple � suivre pour nos vieillards(3), revenus de tout, qui persistent � nier syst�matiquement toutes leurs frasques de jeunesse. De peur de rater le mandat final.
A. H.
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(1) J'ai not� le silence g�n� de tous les t�nors de la solidarit� arabe lorsque le Maroc a rompu ses relations avec l'Iran ou depuis que l'Egypte a d�mantel� une cellule du Hezbollah sur son sol.
(2) C'est ainsi qu'agissent les fondamentalistes, jusque dans les pays europ�ens qui les tol�rent. Ainsi, l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) organise-t-elle ses congr�s sous le signe de la s�paration des sexes.
(3) Je les convie � lire, � l'occasion, l'un des Contes libertins du Maghreb publi�s par notre amie Nora Aceval.

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